Le désastre
La fin de l’histoire n’est pas écrite en Ukraine. Mais on peut déjà se poser des questions sur le bilan d’une politique qui a conduit à la guerre, une guerre qu’on n’a pas voulu éviter.
Quand on se penche sur le bilan de la politique ukrainienne du groupe américano/anglo/germano/français depuis 2014, on est pris d’un vertige. Pour les Européens, et tout particulièrement pour les Français, c’est un désastre.
Quels furent les deux fondamentaux de cette politique ?
D’abord l’extension territoriale de l’UE et de l’OTAN, coûte que coûte, avec le bras armé des USA en appui s’il se manifeste une opposition. Ce n’est pas négociable : l’UE/OTAN doit s’étendre à tout prix.
Il y eut la guerre de Yougoslavie, aboutissant à l’intégration dans l’UE/OTAN de cette région d’Europe. Il y a la guerre d’Ukraine pour l’intégration de l’Ukraine dans l’UE/OTAN.
Le bloc occidental est prêt à tout pour aboutir à cette intégration, prêt à fomenter un coup d’Etat « démocratique » en Ukraine, prêt à défier une puissance nucléaire, la Russie, en faisant bombarder les populations russophones de l’Est de l’Ukraine, en délégitimant leur langue maternelle.
Sarkozy a osé dire que l’Ukraine dans l’OTAN, ce n’était pas absolument indispensable. Mal lui en a pris, tous les atlantistes extrêmes sont tombés à bras raccourcis sur ce « traitre », surtout les trotsko-socialistes comme Jospin, ces va-t-en-guerre pro-US les plus radicaux. Le bloc médias est aligné sur ces va-t-en-guerre.
Un constat : l’UE/OTAN, c’est la guerre.
Chaque fois qu’un politicien de l’UE claironne « l’UE c’est la paix », il faut entendre « l’UE c’est la guerre ».
Le second fondamental de cette politique du bloc occidental, c’est l’affaiblissement, la marginalisation de la Russie sur la scène internationale. Ce fondamental est principalement anglo-américain, l’Europe s’incline.
Sur cet axe russophobe, le bloc occidental a mis le paquet, jusqu’au racisme le plus crasse. Même les chiens et chats d’origine russe sont ciblés, stigmatisés. C’est à peine croyable.
Chaque fois qu’un politicien de l’UE claironne « l’UE, c’est la défense des droits de l’homme et l’antiracisme », il faut ajouter « sauf pour les Russes ». C’est les années 30.
Pour cette russophobie de combat, on est prêt à tout sacrifier, jusqu’aux valeurs fondatrices de l’UE.
L’UE est au fond une structure banale, dont les priorités sont le développement-extension et la survie, l’extension vitale car gage de survie. Le reste est secondaire, pour la façade. Du coup, on découvre une UE fragile, qui ne repose sur rien de consistant hors des valeurs qui ne sont finalement pas respectées.
Bilan effroyable de cette politique, sauf pour les USA, et encore. Un mur a été dressé à l’Est de l’Europe, désormais coupée en deux. Le prix de l’énergie explose. Les valeurs de l’UE se sont révélées fragiles. Quelques centaines de milliers de jeunes vies européennes sont sacrifiées. L’Europe de la défense, son existence géopolitique s’éloigne. Quand Kissinger tentera d’appeler Bruxelles, une IA le renverra vers Washington.
Pourquoi ce désastre ? C’est l’héritage de la seconde guerre mondiale. Après la défaite de l’Europe nazie, il y eut le succès de l’Europe américaine.
Ce succès n’est pas gratuit pour l’Europe. Il repose sur trois fondamentaux :
- les régimes politiques en Europe doivent rester sous contrôle américain (c’est inscrit dans un traité concernant l’Allemagne défaite, pour les autres pays européens c’est implicite, sous contrôle de l’armée américaine installée en Europe),
- l’Europe (l’UE) doit s’étendre sous bannière OTAN,
- l’Europe doit être détachée de la Russie.
Quand une grande puissance extérieure à l’Europe installe ses fusées à l’Est de l’Europe pour défier une autre grande puissance, les deux pays leaders de l’Europe, France et Allemagne, n’ont pas voix au chapitre. C’est tout juste si leurs peuples sont tenus au courant de cet aspect crucial de leur sécurité. Partant de là tout s’enchaîne, le désastre est inévitable.
Le désastre, c’est que l’Europe n’est pas maître de sa sécurité. Elle n’est pas maître de sa géopolitique. Ces trois fondamentaux, le contrôle politique par une puissance extérieure, l’OTAN obligatoire, le détachement de la Russie l’étranglent. C’est la rançon des deux guerres mondiales qui ont tué une Europe ayant désormais peur de son ombre, une Europe prise en otage par une puissance extérieure, une Europe infantilisée. Le grand sujet actuellement en débat en Europe est l’euthanasie. On n’est pas surpris.
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