Le désenchantement plus que le changement
C'est ce qu'on appelle un slogan sparadrap. Sept mois après l'élection de François Hollande, l'impatience commence à laisser la place au désenchantement. Le changement quotidien se fait attendre pour des classes populaires désabusées. Conscients de ce malaise, des députés et élus socialistes (une quinzaine) ont écrit à François Hollande pour lui demander de changer de cap afin de répondre à "l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles".
Le matraquage médiatique sur les questions sociétales ne trompe personne. La poupée russe des revendications homosexuelles mariage pour tous, adoption, PMA et demain GPA remplit un rôle de cache sexe pour un pouvoir en panne d'idées pour changer la société.
Lorsqu'on veut railler les sociaux-démocrates on raconte que si on revenait au temps de l'esclavage, ils négocieraient le poids des chaînes. C'est aujourd'hui ce qui est reproché à la majorité socialiste qui enregistre trois reculs majeurs sur des dossiers hautement symboliques.
L'Europe tout d'abord ou l'absence de renégociation du Traité sur la discipline budgétaire n'a été suivie d'aucun travail de réorientation de fond, mais d'une politique de la chaise vide, d'une absence de résistance à l'Europe conservatrice et ultra-libérale.
La politique industrielle et la lutte contre le chômage en second. Le cafouillage sur la gestion du dossier Mittal a donné le sentiment d'un abandon en rase campagne d'une classe ouvrière qui sait désormais qu'elle ne trouvera pas dans l'Etat le bouclier protecteur qu'elle attendait.
La mise au pas de la finance enfin. Le projet gouvernemental de réforme des banques porté par Pierre Moscovici non seulement ne fait l'objet d'aucun débat sérieux mais surtout n'est pas à la hauteur des attentes et des enjeux. On ne manquera pas à cet égard de lire la tribune publiée par le Club des Vigilants dans les colonnes du site Le Cercle-Les Echos. Cette fois on ne négocie même plus le poids des chaînes mais la couleur de celles-ci.
Plutôt que de parler des riches qui partent, parlons des pauvres qui restent. La lettre publiée lundi 17 décembre par Le Parisien-Aujourd'hui en France constitue une piqûre de rappel pour le pouvoir socialiste. "Il est urgent de remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale", écrivent les élus socialistes contraints de rendre public leur courrier pour tenter de lui donner un peu de poids.
Ce faisant, ils soulignent le problème de temporalité auquel est exposé François Hollande. Le président de la République place son action dans une perspective à 5 ans quand la France "d'en bas", se situe dans l'immédiateté de ses problèmes quotidiens. Le discours des gouvernants demandant du temps au regard de l'héritage est désormais totalement inopérant.
S'il ne veut être affublé du surnom de Merlin le désenchanteur, François Hollande doit s'attacher à rétablir le lien avec son électorat et au-delà avec tous les Français. Cela passe par l'établissement d'un contrat de confiance en trois volets.
Le rétablissement tout d'abord de la confiance des classes populaires et moyennes dans leur capacité d'évolution et d'intégration dans une société en plein bouleversement. La démonstration concrète ensuite de la fiabilité de l'Etat à défendre les faibles contre les puissants. La confiance enfin dans la route choisie par le capitaine.
A défaut, le PS de 2012 s'expose à revivre la faillite du Cartel des gauches (1924-1926) qui par défaut de lucidité, de courage et de franchise n'a offert que désillusions et impuissance après avoir stigmatisé le mur de l'argent.
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