Le Dieu des druides et des Gaulois
L’erreur de localisation du site de Bibracte au mont Beuvray s’inscrira sans aucun doute dans la mémoire de notre histoire comme le plus grand scandale archéologique de tous les temps. C’est cet égarement qui a conduit nos historiens de métier dans les interprétations les plus absurdes concernant la Gaule et, en particulier, ses croyances druidiques. C’est ainsi qu’ils ont été incapables de voir et de comprendre l’évolution d’une pensée religieuse qui a influencé tout le monde antique jusqu’à enfanter ce monstre qu’est aujourd’hui l’islamisme radical (c’est le fondement de ma thèse et, en même temps, mon combat). Fort du soutien d’Agoravox, séduit que je suis par la qualité de son mode de publication, n’ayant de soucis que celui de faire avancer la connaissance, je propose de relancer le débat que la communauté scientifique a scandaleusement refusé d’ouvrir après la publication de mes ouvrages.




On devine que la physiologie de Divitiac consistait à disséquer les corps, in mortu et in vivo, pour comprendre le fonctionnement de leur organisme. Ses travaux l’ont certainement amené à observer dans les cadavres des animaux sacrifiés pour les besoins de la cause, la mystérieuse apparition, puis, le développement progressif du fœtus à l’intérieur de son enveloppe. Il ne pouvait pas ne pas prendre conscience du mystère de l’infiniment petit.
Qu’on examine maintenant de très près la mandorle de la fresque et on constatera qu’il ne s’agit pas d’un ovale parfait. Arrondie à la base, elle se termine en pointe à son sommet. Il n’y a aucun doute possible ; nous avons sous les yeux la représentation symbolique de l’œuf.
« Je suis le dieu qui vient de l’infiniment petit. Je suis Celui qui fait naître, qui fait pousser et grandir. Je suis Celui qui mène à son terme le fœtus. » Voilà ce que le dieu de Gourdon proclame depuis plus de 2 000 ans dans sa mandorle en forme d’œuf.

Le mystère du ciel est l’autre grand mystère après celui de la vie. César nous dit dans ses Commentaires que les druides dissertaient abondamment sur les astres et sur leur mouvement, sur la nature des choses, sur les pouvoirs et l’immortalité des dieux. Il n’est pas nécessaire de puiser à d’autres sources pour deviner que les Gaulois s’intéressaient de très près aux mystères du monde et aux énigmes du ciel.
Changeons d’optique ! Voilà la demeure du Dieu, dans son oppidum symbolique du ciel dont les oppidum éduens sont les images. Les losanges qui se répartissent tout le long de la mandorle sont des étoiles. Autour du dieu gravitent les quatre animaux ailés de la vision biblique d’Ezéchiel. Vêtu de la toge blanche sénatoriale que recouvre la tunique pourpre phénicienne à la frange ornée, le Dieu de la Gaule et des druides trône sur une Jérusalem céleste.
Que signifie cette mise en scène symbolique ? En voici la traduction probable : « Je suis la divinité qui règne dans le ciel, dans l’œuf cosmique des origines. Je suis Celui qui vient de l’infiniment grand, Celui qui répand toutes choses du haut du firmament : la pluie, le soleil, le tonnerre. Je suis Celui qui commande le mouvement des astres ; je suis le maitre du jour et de la nuit, le grand ordonnateur de l’univers. »
Dans la main droite aux deux doigts dressés, il n’y a pas qu’un simple geste de bénédiction, mais une affirmation : « Je suis la même divinité qui se manifeste par deux voies différentes ; je suis Celui qui vient de l’infiniment grand et Celui qui vient de l’infiniment petit. Je suis Celui qui fait naitre et Celui qui règne dans le ciel. »
Pourquoi les Gaulois ne se seraient-ils pas posés, comme les hommes de toutes les époques, l’éternelle question des deux infinis de Pascal ? Ce symbolisme ne présente-t-il pas une étonnante analogie avec les deux mains de Dieu du père Teilhard de Chardin : la main d’en haut, et la main d’en bas ?
César, en nommant Dis pater, nous a mis sur la piste mais il n’a pas compris que dans l’esprit des Gaulois, ce dieu du ciel et ce dieu de la terre n’étaient en réalité qu’un seul et même Dieu. On mesure l’importance qu’il y a à corriger cette erreur. Car, à l’opposé d’une pensée primitive née dans la superstition, nous avons là une idée de Dieu née d’une pure réflexion philosophique, évidemment en rapport avec les connaissances de l’époque.
Saint Augustin confirme mon interprétation : « Jupiter ne serait-il pas le Dieu unique dont tous les autres dieux ne seraient que des parties ou des forces ? Ne serait-il pas Neptune dans la mer, Pluton dans la terre, Apollon dans le ciel, Mercure pour le commerce et Diespater pour acheminer au jour le fœtus ? »
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