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Accueil du site > Tribune Libre > Le DIF n’a pas dit son dernier mot !

Le DIF n’a pas dit son dernier mot !

De nombreuses voix s’élèvent en France pour enterrer le DIF. Il s’agit en premier lieu des grands de la formation qui n’ont pas su, pu ou voulu reconstruire leur modèle économique et ont tenté de brèves et peu concluantes incursions dans la formation tout au long de la vie.

Même si tout n’est pas facile ou rose dans le marché de la formation tout au long de la vie, nous pensons que l’erreur d’appréciation de ces professionnels de la formation est désormais manifeste et qu’ils risquent de regretter de ne pas avoir saisi ou compris ce nouveau marché émergeant, celui de la formation tout au long de la vie et du DIF

Le constat superficiel que n’importe quel observateur est en mesure de faire :

  • Le DIF ne se développe toujours pas cinq ans après son lancement, les entreprises sont soit hostiles (ça coute trop cher et les salariés ne veulent pas se former) soit indifférentes (on a très peu de demandes et on ne peut forcer personne)
  • Le DIF semble maudit pour la plupart des organismes de formation qui passé un moment de grand espoir en 2004 ont pour la plupart tiré un trait sur ce dispositif, l’observant de loin et se confortant mutuellement dans leur avis négatif (on aurait aimé que ça marche mais personne n’en veut)
  • Les pouvoirs publics ont certes remis le DIF en avant en instituant sa portabilité mais n’auront jamais su ou pu communiquer autrement qu’en faisant voter des Lois sur la réforme de la formation.

Le constat que nous faisons et tout autre :

  • Le DIF est désormais connu (superficiellement encore il est vrai) de 80 % des salariés. Ceux-ci connaissent globalement leur Droit à 20 h annuelles de formation mais constatent qu’il est plus facile de prendre ses congés payés que de mettre en œuvre sa formation payée (qui nécessite quant à elle une réflexion préalable et une négociation avec un employeur éclairé et facilitateur
  • De nombreux salariés sont interpelés sur leur avenir professionnel (pas seulement ceux qui sont victimes d’un plan social) plus du tiers d’entre eux souhaitent entreprendre une reconversion professionnelle et pour ceux-là le DIF sera souvent la seule possibilité de réaliser des formations ou des accompagnements (le CIF concerne 1/500 des salariés tous les ans, les bilans de compétences ou accompagnement de VAE ne pourront être généralisés car trop coûteux et complexes)
  • Les plus grandes entreprises françaises commencent à prendre conscience du problème. Elles ont bien compris que le nombre de demandes dans les prochaines années fera masse et que si elles ne cadrent au plus vite (dès 2010) ce dispositif elles pourraient être entraînées dans un véritable chaos organisationnel, social et financier. Une grande société dans les services nous confiait récemment que sans mise en œuvre du DIF le dispositif lui coûterait 5 millions d’euros dès 2010
  • Le DIF est dores et déjà sorti du confidentiel du fait des nombreuses mesures de chômage partiel dans l’industrie. Des centaines de milliers de salariés ont été poussés à utiliser leurs heures de DIF pour faire des formations et continuer à être payés pendant les périodes de faible activité. De ce fait le DIF a peut être déjà concerné 10 % des salariés cette année et dès que ce palier de 10 ou 15 % de salariés sera franchi le mouvement deviendra massif et irrésistible.
  • Les salariés sont désormais alertés sur leur Droit à la formation. Ils ont certes mis des années à prendre conscience qu’ils disposaient d’un Droit à la formation, mais tous les spécialistes de la formation avaient estimé en 2004 qu’il fallait de 3 à 5 ans avant qu’un nouveau dispositif de formation soit connu et utilisé. Rappelons qu’il fallu bien plus de cinq ans à la majorité des entreprises pour mettre en œuvre leur plan de formation après la réforme de 1971
  • Tous les médias vont progressivement s’emparer du dossier formation et les salariés pourraient bien, très nombreux, réclamer dans un très proche avenir ce qu’ils ont négligé de faire depuis des années

Pour toutes ces raisons et parce qu’il est difficile d’imaginer que l’ensemble des salariés du privé soient indifférents au développement de leurs compétences nous sommes persuadés que le DIF a un grand avenir devant lui, le monde de la formation ferait bien de se méfier de l’eau qui dort.

Didier Cozin

Auteur des ouvrages « Histoire de DIF » et « Reflex DIF »


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6 réactions à cet article    


  • Yohan Yohan 2 décembre 2009 12:06

    Mais puisqu’on vous dit que c’est mort...pas la peine de vous accrocher au DIF comme un morpion


    • Gazi BORAT 2 décembre 2009 12:12

      Exact !

      Inintéressant sauf pour des organismes de formation de petite taille qui peuvent mettre en place à peu de frais des modules courts très rentables pour eux...

      Le salarié a peu a gagner de ce « droit » : trop court pour obtenir une qualification sérieuse ou un diplôme..

      Le règne du « développement personnel », des « savoir être » et du « New Age »....

      gAZi bORAt


    • iris 2 décembre 2009 12:36

      faire de la formation après son temps de travail ?? choisi par le salarié et payé par le patron  ?? 0 demande-les gens ont aussi une vie personnelle après leur travai l et pas envie de repotasser sur leur activité professionnelle 
      ex / un agent de mécanique ou de nettoyage qui veut apprendre la musique ou dj -ce sera surement refusé par son patron


      • Yohan Yohan 2 décembre 2009 13:06

        On fait croire aux gens qu’ils ont besoin de formation, alors que trop souvent, ceux qui la réclament ne cherchent qu’à obtenir un diplôme pour des compétences qu’ils possèdent déjà. Un gros gâchi qui profite avant tout à ceux qui délivrent des diplômes, éducation nationale en tête. On surfe sur les peurs, et on vend de la poudre de perlinpimpin à des zozos.
        En réalité, ce sont ceux qui en ont le plus besoin qui n’en profitent pas, les petits CSP en tête, leurs employeurs et les financeurs se gardant bien de leur en proposer, alors qu’ils en auraient bien besoin pour évoluer et se prémunir du chômage.
        Essayez de demander une formation lorsque vous êtes au chômage, la plupart du temps, on vous renvoie sur des formations visant les méters dits en tension, rarement sur ce que vous demandez.
        Je travaille depuis bientôt quarante ans et je n’ai suivi qu’une seule formation dans toute ma vie professionnelle. Je me suis formé en autodidacte sur le terrain comme un grand.

        Je ne vois pas pourquoi je devrais en demander une maintenant uniquement pour obtenir une reconnaissance de mes compétences par un diplôme qui finira accroché au mur des vanités et pour écouter un formateur qui en sait moins que moi sur mon métier.


        • M.Junior Junior M 3 décembre 2009 10:47

          Le DIF est très utiilsé par les grands-groupes pour des formations sur le développement personnel comme la gestion du temps et des priorités, gérer le stress mais aussi pour des formations linguistiques ou bureautiques.

          Dans les PME/TPE, l’accès au Droit Individuel à la Formation (DIF) est plus inégalitaire :

          • Pour des questions de budget
          • Pour des questions de programme de formation qui ne sont pas adaptés aux demandes.
          Beaucoup d’organismes de formation ont voulu se faire du beurre supplémentaire avec le DIF mais en omettant de mettre dans la boucle de conception les futurs bénéficiaires. Ensuite, ils s’étonnent que la mayonnaise ne monte pas.

          13 milliards pour le DIF
          Le DIF : Une réponse à la crise


          • HASSELMANN 3 décembre 2009 10:54

            Article en pleine actualité au moment ou l’inspection générale de finances (IGF) et celle des affaires sociales (IGAS) sortent un rapport accablant sur la gestion des organismes collecteurs des fonds de formation professionnelle, et du fonds spécifique dédié au CIF (congés individuel de formation).
            Pour avoir il y a longtemps été un peu concerné par le controle et le management de ces organismes, j’avoue qu’il est peut être temps ici comme dans toutes les gestions de type paritaires ’transparentes« et »democratiques« (sic) de mettre un peu le »pied dans la porte« .
            Cela posé, il faut effectivement revisiter le DIF, pour élaguer et ne pas dire tout et le contraire de tout.
            Au même titre que la VAE (validation des acquits de l’experience) , un DIF bien compris et utilisé, est un investissement fort pour l’entreprise.
            Dans ces temps de stress et de sinistrose, de défiance vis a vis de l’employeur, il s’agit d’ingredients qui participent à »L’ecologie des collaborateurs"(ébauchée en .....1974.) et à la seule forme de management a garder : le management éthique.

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