Le directeur de l’ANPE traité de canaille par le coléreux Hamon

Le chiffre du chômage en octobre sitôt annoncé que comme d’habitude, la polémique prend place dans les médias, et cette fois, avec une saveur spéciale puisque le directeur du pôle emploi vient d’être traité de canaille par Benoît Hamon qui n’est autre que le porte-parole du PS. Les politiques ne sont pas des tendres mais cette tonalité verbale violente tranche avec les habitudes de langage d’un parti qui prétend gouverner. Canaille et pourquoi pas racaille ? Ce dernier vocable fut on le sait utilisé par un Sarkozy naguère à l’Intérieur, un jour de balade en banlieue où il désigna par ce terme une catégorie d’individus censés œuvrer en marge des lois républicaines. Et comme remède, le nettoyage au karcher. Hamon ne pouvait pas user nommément du terme de racaille, placé assez haut sur l’échelle des insultes par les juristes, bref, de quoi enclencher une procédure judiciaire qui eut entamé sérieusement le budget de M. Hamon qui on le sait, n’a pas pu recevoir les subsides de Strasbourg suite à sa non élection au Parlement européen. Canaille, le mot parle mais il a été rendu inoffensif, et même il revêt un côté sympathique depuis la vieille canaille chantée par Gainsbarre. Mais venant de Benoît Hamon, la canaille visée n’a rien de bien sympathique et ce qui paraît anodin traduit deux phénomènes de société.
Venons-en maintenant à un second trait manifesté par l’ire de Hamon. Peter Sloterdijk pense que la colère est revenue depuis pas mal de temps dans nos sociétés modernes dont l’un des caractères est d’avoir inventé les perdants. Faut-il voir dans ce bon mot de Hamon le signe d’un perdant qui ne peut s’empêcher de solder la colère qu’il a accumulée dans sa banque psychique. C’est d’époque. Mais sans doute, un peu inattendu car les épargnants qui accumulent un capital de colère sont en général du côté des classes moyennes, des précaires, des déclassés, des marginaux de l’économie. Finalement, ce brave Hamon finit par nous persuader que les élites nous ressemblent. D’ailleurs, les expressions de colère émanant des politiques sont devenues si courantes que nous n’y faisons pas attention. Le plus gros perdant étant JM Le Pen, barré des responsabilités gouvernementales malgré un score électoral correct (jusqu’en 2007) et connu pour ses coups de gueule assez cinglants. Ainsi serions-nous entré dans l’ère de l’ire l’air de rien ! Quelque technicien de l’INA pourrait nous repasser des images des années 1970. Pas vraiment le souvenir d’une colère généralisée, mis à part les prestations de Georges Marchais.
Pas de quoi gloser des tonnes d’analyse. Laissons aux spécialistes tel Dominique Wolton le soin de faire un rapport synthétique sur des faits médiatiques assez caractéristiques. Le chômeur, à vrai dire, il s’en fout que Benoît Hamon soit en colère. Il galère au pôle emploi et comme il n’a pas de potes à l’Université, il ne peut pas y être recruté comme professeur, ni même comme technicien de surface.
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