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Accueil du site > Tribune Libre > Le directeur de l’ANPE traité de canaille par le coléreux (...)

Le directeur de l’ANPE traité de canaille par le coléreux Hamon

Le chiffre du chômage en octobre sitôt annoncé que comme d’habitude, la polémique prend place dans les médias, et cette fois, avec une saveur spéciale puisque le directeur du pôle emploi vient d’être traité de canaille par Benoît Hamon qui n’est autre que le porte-parole du PS. Les politiques ne sont pas des tendres mais cette tonalité verbale violente tranche avec les habitudes de langage d’un parti qui prétend gouverner. Canaille et pourquoi pas racaille ? Ce dernier vocable fut on le sait utilisé par un Sarkozy naguère à l’Intérieur, un jour de balade en banlieue où il désigna par ce terme une catégorie d’individus censés œuvrer en marge des lois républicaines. Et comme remède, le nettoyage au karcher. Hamon ne pouvait pas user nommément du terme de racaille, placé assez haut sur l’échelle des insultes par les juristes, bref, de quoi enclencher une procédure judiciaire qui eut entamé sérieusement le budget de M. Hamon qui on le sait, n’a pas pu recevoir les subsides de Strasbourg suite à sa non élection au Parlement européen. Canaille, le mot parle mais il a été rendu inoffensif, et même il revêt un côté sympathique depuis la vieille canaille chantée par Gainsbarre. Mais venant de Benoît Hamon, la canaille visée n’a rien de bien sympathique et ce qui paraît anodin traduit deux phénomènes de société.

Le premier fait pointé, c’est disons, de l’ordinaire. Cela fait des années que l’ANPE publie les chiffres du chômage et que les personnes habilitées à les contester se confient dans les dépêches de presse. Tantôt un responsable syndical ou alors le cadre d’un parti d’opposition. Cette fois, le contexte de la crise jouant, la contestation se fait plus incisive, tant sur la forme que le fond. Les experts du pôle emploi sont carrément accusés de truquer les chiffres pour servir de propagande au gouvernement. Ce n’est pas 2.6 millions mais le double, si on inclut toutes les catégories de chômeurs. « Moi je dis que le directeur de Pôle emploi est une canaille de continuer à procéder ainsi, de tordre les statistiques pour expliquer que finalement tout va mieux qu’ailleurs » Ainsi s’exprime Hamon. Comme le suggérait mon précédent billet, l’époque est au jeu et qui dit jeu dit trucage. Cette polémique autour des chiffres est vraiment le signe d’un trait fondamental de notre époque hyper médiatisée. Le gouvernement a intérêt à réduire l’ampleur du chômage, quitte à transgresser l’honnêteté statistique en s’alliant la complicité de technocrates et autres bureaucrates derrières leurs machines à comptabiliser. Pour la grippe, c’est l’inverse. D’autres bureaucrates augmentent les chiffres, pour que les Français aillent se faire vacciner. Et pour le climat, c’est pareil. Les chiffres sont truqués mais annoncés dans la presse pour donner un coup de fouet à l’action de notre président qui selon quelques géopoliticiens impertinent, irait à Copenhague pour boxer contre son homologue Obama sur la question d’un accord climatique. Un combat illégitime puisque les deux ne sont pas dans la même catégorie.

Venons-en maintenant à un second trait manifesté par l’ire de Hamon. Peter Sloterdijk pense que la colère est revenue depuis pas mal de temps dans nos sociétés modernes dont l’un des caractères est d’avoir inventé les perdants. Faut-il voir dans ce bon mot de Hamon le signe d’un perdant qui ne peut s’empêcher de solder la colère qu’il a accumulée dans sa banque psychique. C’est d’époque. Mais sans doute, un peu inattendu car les épargnants qui accumulent un capital de colère sont en général du côté des classes moyennes, des précaires, des déclassés, des marginaux de l’économie. Finalement, ce brave Hamon finit par nous persuader que les élites nous ressemblent. D’ailleurs, les expressions de colère émanant des politiques sont devenues si courantes que nous n’y faisons pas attention. Le plus gros perdant étant JM Le Pen, barré des responsabilités gouvernementales malgré un score électoral correct (jusqu’en 2007) et connu pour ses coups de gueule assez cinglants. Ainsi serions-nous entré dans l’ère de l’ire l’air de rien ! Quelque technicien de l’INA pourrait nous repasser des images des années 1970. Pas vraiment le souvenir d’une colère généralisée, mis à part les prestations de Georges Marchais.

Pas de quoi gloser des tonnes d’analyse. Laissons aux spécialistes tel Dominique Wolton le soin de faire un rapport synthétique sur des faits médiatiques assez caractéristiques. Le chômeur, à vrai dire, il s’en fout que Benoît Hamon soit en colère. Il galère au pôle emploi et comme il n’a pas de potes à l’Université, il ne peut pas y être recruté comme professeur, ni même comme technicien de surface.

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12 réactions à cet article    


  • morice morice 27 novembre 2009 12:33

    Ça prouve bien qu’Hamon n’est pas assez à gauche : Marchais aurait réclamé sa tête au bout d’une pique ! Ah, ça ira...





      • BA 27 novembre 2009 13:29

        En réalité, il y a en France 4 629 000 demandeurs d’emploi.

        Catégorie A (actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi)
        Catégorie B (actes positifs de recherche d’emploi, en activité réduite courte)
        Catégorie C (actes positifs de recherche d’emploi, en activité réduite longue)
        Catégorie D (sans actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi)
        Catégorie E (sans actes positifs de recherche d’emploi, en emploi)

        Total A+B+C+D+E = 4 629 000 demandeurs d’emploi.

        Ce chiffre total de 4 629 000 demandeurs d’emploi est caché dans le tableau page 15 :

        http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-4.pdf


        • ddacoudre ddacoudre 27 novembre 2009 19:03

          bonjour BA

          merci pour le lien.

          cordialement.


        • wesson wesson 27 novembre 2009 15:22

          Bonjour l’auteur,
          bwahahah, MDR !
          Le pôle emploi a été constitué organiquement en sous-effectif afin de ne *pas* faire remonter les vrai chiffres du chômage. Même la seule catégorie A dont on cause dans les journaux est notoirement sous-évaluée du fait de l’incapacité de pôle emploi à remonter des données fiables car incapable de traiter le flux des nouveaux arrivants.
           
          Alors une fois de temps en temps, on a des données plus fiables qui viennent corriger les données officielles. Lorsqu’elles paraissent, ça ne fait en général pas 3 lignes dans la presse.

          4 629 000 demandeurs d’emplois, on est encore en dessous du vrai chiffre !


          • elec 42 elec 42 27 novembre 2009 18:42

            benoit hamon ne s’est pas quoi raconter pour se faire remarquer,tout le monde le sait,les dés sont pipés depuis longtemps,les chiffres encore plus .


            • ddacoudre ddacoudre 27 novembre 2009 19:11

              bonjour dugué

              tant qu’il ne fait pas comme notre président une phraséologie et une gestuelle populaire pour faire croire qu’il appartient au petit peuple.

              cordialement


              • furio furio 27 novembre 2009 19:50

                le coléreux ? ou les coléreux ? car à priori ils sont 4 à 5 millions d’être une peu vénères
                Et ils vont être rejoint par une ribambelle sous peu ! Et là il sera peut être trop tard pour se demander si un tel etc......Car encore une fois le français étant devenu un veau silencieux, les baveux pourront titrer « on aura laissé faire » !


                • Musardin Musardin 27 novembre 2009 22:38

                  Paroles et musique de J. Darcier et J.B. Clément (1871).


                  Dans la vieille cité française
                  Existe une race de fer
                  Dont l’âme comme une fournaise
                  A de son feu bronzé la chair.
                  Tous ses fils naissent sur la paille,
                  Pour palais ils n’ont qu’un taudis.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  Ce n’est pas le pilier du bagne,
                  C’est l’honnête homme dont la main
                  Par la plume ou le marteau
                  Gagne en suant son morceau de pain.
                  C’est le père enfin qui travaille
                  Des jours et quelques fois des nuits.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  C’est l’artiste, c’est le bohème
                  Qui sans souffler rime rêveur,
                  Un sonnet à celle qu’il aime
                  Trompant l’estomac par le cœur.
                  C’est à crédit qu’il fait ripaille
                  Qu’il loge et qu’il a des habits.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  C’est l’homme à la face terreuse,
                  Au corps maigre, à l’œil de hibou,
                  Au bras de fer, à main nerveuse,
                  Qui sort d’on ne sait où,
                  Toujours avec esprit vous raille
                  Se riant de votre mépris.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  C’est l’enfant que la destinée
                  Force à rejeter ses haillons
                  Quand sonne sa vingtième année,
                  Pour entrer dans vos bataillons.
                  Chair à canon de la bataille,
                  Toujours il succombe sans cris.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  Ils fredonnaient la Marseillaise,
                  Nos pères les vieux vagabonds
                  Attaquant en 93 les bastilles
                  Dont les canons
                  Défendaient la muraille
                  Que d’étrangleurs ont dit depuis
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  Les uns travaillent par la plume,
                  Le front dégarni de cheveux
                  Les autres martèlent l’enclume
                  Et se saoûlent pour être heureux,
                  Car la misère en sa tenaille
                  Fait saigner leurs flancs amaigris.
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.

                  Enfin c’est une armée immense
                  Vêtue en haillons, en sabots
                  Mais qu’aujourd’hui la francs
                  Appelle sous ses drapeaux
                  On les verra dans la mitraille,
                  Ils feront dire aux ennemis :
                  C’est la canaille, et bien j’en suis.


                  • Yohan Yohan 28 novembre 2009 00:10

                    Pas évident de produire les justes chiffres du chômage, Pole emploi triche en occultant certaines catégories et il y a un bon paquet de chômeurs lascifs* (*ceux qui attendent le dernier jour des assedic pour chercher), un chiffre plus important que ce que la bien pensance déclare. Apparemment, il y en a qui ne sont pas très à la peine. Venez faire un tour du côte de la Mairie du XXème. A 15h00, en pleine semaine, les terrasses de café sont noires de monde.


                    • luojie 28 novembre 2009 06:31

                      même sans aller jusqu’à dire que les chiffres sont faux, il faut remarquer (http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-4.pdf) qu’ils sont en Données CVS-CJO). « corrigés des variations saisonnières » autrement dit, c’est plus bas quand ça monte. ce qui est le cas en ce moment...


                      • BA 29 novembre 2009 00:40

                        Catégorie A (actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi)

                        Catégorie B (actes positifs de recherche d’emploi, en activité réduite courte)

                        Catégorie C (actes positifs de recherche d’emploi, en activité réduite longue)

                        Catégorie D (sans actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi)

                        Catégorie E (sans actes positifs de recherche d’emploi, en emploi. Exemple  : bénéficiaires de contrats aidés)

                        Total A+B+C+D+E = 4 629 000 demandeurs d’emploi.

                        Ce chiffre total de 4 629 000 demandeurs d’emploi est caché dans le tableau page 15 :

                        http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-4.pdf

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