Le don des petits riens
Dans ma petite entreprise, nous bénéficions de tickets-restaurant.
7 euros 50 par jour travaillé ça permet d’acheter sa salade allégée avec une compote de pomme et une boisson chez les « déjeuner-rapide » du coin qui se sont adaptés au marché de la clientèle de bureau.
Si vous êtes malin, pour un euro de plus, vous choisissez un sandwich avec dessert et boisson, et profitez ainsi de la carte de fidélité : au bout de 10 sandwiches, le 11ème vous est offert.
De temps en temps avec deux tickets vous allez dans une brasserie, à la pizzeria ou à la crêperie avec les collègues pour fêter une démission ou un anniversaire. Ceux qui habitent loin regardent discrètement leur montre car il leur faudra récupérer le temps passé au-delà des 3/4 d’heures décomptés automatiquement par l’employeur et le train du soir qui les ramène auprès de leurs enfants ne les attendra pas.
Les mères de famille bonnes gestionnaires apportent leur repas préparé la veille chez elle dans un tupperware et mangent vite fait au bureau afin d’utiliser les tickets-restaurants pour acheter les courses hebdomadaires au supermarché pendant la 1/2 heure qui leur reste sur le temps du déjeuner.
A l’heure de la reprise pour les bureaucrates, les « sans- »(domicile, travail, nourriture …) peuvent alors faire les poubelles à la sortie du supermarché ou devant les « déjeuner-rapide » entre deux patrouilles de la police municipale et avant que le camion-benne ne passe.
A 18 heures, le quartier s’est vidé de tous ses employés de bureau pendant que les sans- du quartier regagnent discrètement les parkings.
Le retour au domicile est identique à l’aller : les sans- rencontrés dans le métro le matin … devant les boulangeries et supermarchés de votre quartier sont toujours là … sur les trottoirs … malades, affamés.
Sourires gênés et main dans la poche pour deux euros ou un ticket-restaurant. On se souhaite mutuellement « bon courage » après le « bonjour ça va » du matin.
On se dit que 7 euros 50, ça doit en faire du pain pour une famille de sans- alors qu’on n’a rien trouvé de mieux que d’avaler une salade allégée de luxe spéciale pour bureaucrates dans un quartier où vous avez laissé votre cerveau en arrivant au travail.
Cet avantage en nature c’est un papier pas comme un vrai billet dans votre portefeuille et puis l’employeur en paye une partie alors on s’offre sa mesquine revanche en le donnant les jours sans salade de luxe parce qu’en réalité, on n’a pas besoin d’autant d’argent pour soi pour un seul repas normal.
C’était sans compter sur Moneo et le gouvernement qui vont paraît-il révolutionner le titre-restaurant :
Le gouvernement a dévoilé mercredi des mesures de simplification et de modernisation de l’État qui doivent permettre de réduire de 3 milliards d’euros en 2014 le déficit de l’État. (…) SIMPLIFICATION (…) - Les tickets-restaurants eux aussi dématérialisés d’ici la fin de l’année et remplacés par une carte rechargeable …
http://www.blackfincp.com/fr/actualites/la-carte-moneo-resto-r%C3%A9volutionne-le-titre-restaurant
Allez encore un effort, en attendant de dématérialiser la nourriture, un nouveau marché s’ouvre à BlackFin & consorts. Avec une devise pareille « Dématérialiser l’argent c’est une évolution normale », ils ne leur reste plus qu’à fournir des terminaux à carte à puce aux sans- pour qu’ils puissent de temps en temps s’acheter une baguette … ça devrait résoudre les problèmes de simplification et de modernisation de l’Etat par le gouvernement !!!
… http://www.blackfincp.com/fr/pr%C3%A9sentation-g%C3%A9n%C3%A9rale
Paulette
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