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Accueil du site > Tribune Libre > Le droit de vote des résidents étrangers

Le droit de vote des résidents étrangers

A travers sondages, promesses électorales de gauche, déclarations de droite ou de gauche, le droit de vote revient périodiquement dans l'actualité : on pourrait même dire qu'il n'en ait jamais sorti depuis plus de trente ans.

De 1999 à 2011, le sondage de la Lettre de la citoyenneté (1) a posé, 11 fois, la même question : « Les étrangers des pays de l'UE résidant en France ont désormais le droit de vote aux élections municipales et européennes. Personnellement, seriez-vous très favorable, assez favorable, assez opposé ou très opposé à l'extension du droit de vote pour les élections municipales et européennes aux résidents étrangers non-membres de l'Union européenne vivant en France ».Dans 8 cas, les réponses ont été majoritairement favorables. Elles sont été défavorables seulement après les attentats du 11 septembre à New York et du 11 mars à Madrid.

Tous les partis de gauche se sont déclarés favorables au droit de vote, de l'extrême gauche jusqu'aux radicaux de gauche. Récemment, Jean-Michel Baylet déclarait encore : « Je suis un fervent partisan du droit de vote des immigrés – d’ailleurs, je vais plus loin que les textes actuels – non seulement aux élections locales mais aussi aux élections nationales. »Et de préciser : « J’étais il y a quelque temps au Chili avec le Premier ministre. Dans ce pays qui était dirigé par Pinochet il y a encore 15 ans, les étrangers votent aux élections présidentielles »(2).

Des personnalités de droite, non des moindres, Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Louis Borloo et autres... se sont, à certaines occasions, prononcées pour. Nombreux sont à droite ceux qui sont contre seulement parce que la gauche est pour ! Ce n'est plus une question de principe mais d'opportunité politicienne.

Pour faire cette réforme, il faut modifier la Constitution. Pour cela, dans le rapport des forces actuel, les voix d'un certain nombre de parlementaires de droite est nécessaire. C'est la droite qui détient la possibilité-clef. Pour ceux qui, à droite, veulent réellement attribuer le droit de vote aux résidents étrangers – y en a-t-il ? – deux solutions :

  • ou ils prennent l'initiative de le faire contre la majorité de leur camp, avec l'appui de la gauche. A ce jour, ils n'ont jamais essayé.

  • ou il soutiennent un projet de la gauche. Lors du dernier vote sur la question au Sénat, 25 des 31 centristes, se sont prononcés contre, aucun pour, et l'UMP a été contre à l'unanimité.

Dans cette situation, le rôle du mouvement associatif ne semble pas de crier à la trahison. Mais de faire le siège des députés de droite les plus ouverts pour les amener à se prononcer publiquement en faveur de cette réforme. Avec peu de chances, il est vrai, de rallier la quarantaine de parlementaires nécessaires.

Que peut faire la majorité ?
Faire voter le texte à l'Assemblée nationale et au Sénat et mettre en évidence qu'il n'existe pas de « majorité constitutionnelle » pour cette réforme sans la soumettre au vote du Congrès. Elle peut aussi profiter d'une réunion du Congrès programmée pour plusieurs réformes et soumettre ce projet pour ne pas être accusée de ne pas être allée aller au bout du combat.

Des tentatives de négociation sont possibles pour rallier des suffrages. Certaines ont été suggérées comme mettre dans le texte constitutionnel la condition de réciprocité. Peut-être a-t-elle été faite sans obtenir les voix nécessaires. Cette condition avancée souvent par la droite ne l'est que pour justifier le refus de réforme, jamais pour attribuer le droit de vote aux ressortissants des pays où les Français peuvent voter..
Ou a-t-elle divisé la majorité car c'est une dénaturation du projet qui vise à attribuer de nouveaux droits aux résidents quelle que soit leur nationalité ? La réciprocité diviserait les résidents étrangers en autant de catégories que d'origines nationales. Elle ajouterait une nouvelle discrimination entre résidents étrangers. Quel sens peut avoir la réciprocité avec des pays qui ne sont pas démocratiques ?

La voie parlementaire semble fermée, probablement pour longtemps. Car c'est une première, sous la 5ème République, d'avoir une majorité de gauche au Sénat. Et sauf réforme du mode d'élection des sénateurs, il faudra attendre longtemps avant de connaître à nouveau cette situation. On peut espérer ne pas revoir de si tôt une nouvelle présidence du type Sarkozy qui a conduit, par son rejet, à cette situation !

A défaut du vote de parlementaires de droite, il ne reste plus que le référendum. Comme l'avait annoncé, imprudemment, le président de la République.


Mais est-il prêt à engager un référendum sur cette seule question, au moment où la popularité du Président et du Premier ministre est au plus bas et sachant que ce référendum peut-être difficile ou même dangereux pendant la campagne du fait de dérapages hélas prévisibles et incertain au niveau du résultat ?

On peut aussi imaginer d’organiser un référendum avec une seule réponse à un ensemble de réformes dont le droit de vote. Mais est-ce constitutionnellement faisable ? Et démocratiquement souhaitable ?

 

Reste un référendum sur différentes réformes que les citoyens pourraient adopter ou refuser, séparément : limitation du cumul des mandats, de leur renouvellement, statut du président de la République, droit de vote des résidents étrangers, mise en place d'un véritable doit au référendum d'initiative populaire... Une telle démarche est utilisée dans certains pays, elle a plusieurs avantages.

 

Soumettre des questions diverses auxquelles les citoyens pourraient répondre de façon différente, acceptant les unes, refusant les autres, serait une démarche éminemment démocratique. Elle ouvrirait une nouvelle forme de participation de la société civile et banaliserait le référendum en cassant le lien référendum-plébiscite souvent utilisé ou critiqué en France.

Établir un nouveau mode de décisions multiples avec participation de la société civile serait bien dans l'esprit de François Hollande qui cherche à faire évoluer la démocratie française vers des formes plus « apaisés ».

 

 

1 - http://www.lettredelacitoyennete.org/sondage114.htm

2 - http://lelab.europe1.fr/t/jean-michel-baylet-rappelle-a-francois-hollande-sa-promesse-et-veut-ouvrir-le-droit-de-vote-des-etrangers-aux-elections-nationales-7759

 


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11 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 8 mars 2013 11:40

    ce droit de vote pourrait inciter les Français d’origine étrangère à voter, et avoir un effet positif sur l’intégration. De toute façon, la réforme inclut une présence minimale de cinq ans dans l’hexagone. Cinq ans c’est déjà le temps qu’il faut avoir passé sur le territoire pour pouvoir demander la nationalité française, et obtenir le droit de vote qui va avec, donc cela n’a rien d’une réforme révolutionnaire. De plus, un immigré ne pourrait participer qu’aux élections locales. Mais en filigrane ce qui inquiète de nombreuses personnes c’est l’éligibilité des étrangers et la peur de les voir siéger dans les conseils municipaux. Donc au final, pour la majorité de nos concitoyens, le vrai problème, ce n’est peut-être pas de donner aux étrangers le droit de voter, mais plutôt le droit d’être élus.......

    voir : LE DROIT DE VOTER OU D’ETRE ELUS ?


    • Robert GIL ROBERT GIL 8 mars 2013 12:07

      merci de votre remarque...je vais corriger


    • Aldous Aldous 9 mars 2013 09:52

      Pourquoi inciter les gens a voter ?


      Pour perpétuer la mascarade ?

      Les gens voteraient en masse si leur vote avait la moindre influence.

      Mais choisir entre les libéraux bleus et les libéraux roses...



    • Robert GIL ROBERT GIL 8 mars 2013 12:06

      merci de votre remarque...


      • Paul ORIOL 8 mars 2013 15:28

        Il y aurait des jeunes qui estiment ne pas devoir voter car ils ne se sont donnés « que la peine de naître » et on le droit de vote alors que leurs parents qui ont trimé ne peuvent le faire.

        D’autres demandent à leurs parents comment ils voteraient et votent à leur place...


      • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 8 mars 2013 12:08

        Le vote étranger remettrait en cause :

        * Le concept juridique de « peuple français » (Conseil constitutionnel, décision 91-290 DC du 9 mai 1991, à l’occasion de son rejet comme contraire à la Constitution de la notion de « peuple corse », 13e considérant), distinct de l’ensemble des personnes présentes sur le territoire.

        * La forme républicaine (1) du Gouvernement selon les articles premier, 1er alinéa (“La France est une République indivisible [...]“) et 89, dernier alinéa (“La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision.”) de la Constitution.

        * Le principe de la République : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », selon le 5e alinéa de l’article 2 de la Constitution.

        * la notion d’électeur selon le quatrième alinéa de l’article 3 de la Constitution.

        * La portée de la citoyenneté européenne selon l’article 9 de la version consolidée du Traité sur l’Union européenne. La condition de réciprocité pour le vote des ressortissants de l’U. E. aux élections municipales est inscrite à l’article 88-3 de la Constitution.

        1. ‎« forme républicaine » parce que République, res publica, c’est l’affaire du peuple, en l’occurrence celle du peuple français, concept juridique à valeur constitutionnelle selon le considérant 12 de la décision de 1991 citée plus haut.
         L’introduction du vote étranger casserait donc la forme républicaine du Gouvernement, forme qui ne peut être révisée, selon l’article 89 de la Constitution ; ainsi ce vote étranger semble juridiquement impossible. Tout parti prônant un tel vote étranger ne peut donc être dit « républicain ».

        • docdory docdory 8 mars 2013 13:49

          @ Senatus populusque

          Remarquable analyse constitutionnelle. Cela ne nous laisse plus guère de partis républicains à gauche ( mais on s’en serait aperçu même sans ce projet heureusement avorté ) !

        • LE CHAT LE CHAT 8 mars 2013 12:42

          Les français sont de plus en plus opposés à donner le droit de vote aux étrangers extra communautaires , d’autres sondage en attestent


          • ZenZoe ZenZoe 8 mars 2013 13:13

            M’enfin !!
            Est-ce que c’est une demande forte des étrangers installés en France ? Non.
            Est-ce que c’est une demande forte des Français eux-mêmes ? Non.
            Je me demanderai toujours pourquoi ce projet refait régulièrement surface alors qu’à l’évidence, tout le monde ou presque s’en fout.


            • Paul ORIOL 8 mars 2013 15:39

              J’ai laissé passer 3 fautes et quand je m’en suis aperçu le texte était parti et je ne sais pas corriger. Avec mes excuses.

              - on pourrait même dire qu’il n’en ait jamais sorti depuis plus de trente ans. Il n’en est jamais sorti
              - Elles sont été défavorables : elles ont été défavorables
              - vers des formes plus apaisés :  vers des formes plus « apaisées ».

              J’en profite pour attirer l’attention sur l’article ne se voulait pas un argumentaire pour le droit de vote mais la tentative pour avancer des solutions démocratiques permettant de faire discuter au niveau national des questions sans en faire immédiatement une « guerre civile ».


              • Aldous Aldous 9 mars 2013 09:50

                Le droit de vote aux etrangers est un combat d’artiere garde.


                De toutes facons en UE le vote est inutile comme l’a demontré le contournement des referendums.

                Alors qui vote... On s’en fout !

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