Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
L’exemple islandais (1) est venu opportunément nous rappeler qu’il est possible, dans une certaine mesure, d’échapper à l’emprise des banquiers qui essaient d’imposer aux peuples leur gestion de la dette publique ou privée sous prétexte qu’ils seraient indispensables au fonctionnement de l’économie, car sans eux il n’est pas possible de créer de la valeur ni même d’assurer une juste répartition des revenus issus du travail, en vertu des principes d’égalité et de fraternité chers à notre République, comme à nos voisins européens qui ont tous adoptés la charte des droits de l’homme comme fondement de leur Constitution et de l’ordre social. C’est au nom des mêmes principes de saine gestion et d’équité entre le producteur et le consommateur que la Commission a conquis l’essentiel des pouvoirs impartis aux Etats membres de l’UE avant d’être graduellement transférés aux instances supérieures de Bruxelles jouissant du privilège d’administrer la dette du budget fédéral composé des budgets nationaux, de concert avec ses comparses banquiers, sans lesquels aucune décision ne se prend, comme le rappel chaque compte-rendu des réunions de l’Eurogroup.
A l’heure où les peuples gémissent sous le poids de la dette publique contractée en leur nom par des technocrates issus des meilleurs universités européennes et américaines avant d’être triés sur le volet au milieu du gratin des administrateurs bancaires de Goldman Sachs et autres instances du financement public international comme le FMI, la BERD, l’OCDE etc, il serait opportun de tirer les leçons des soubresauts qui agitent les société de l’ensemble eurasiatique. Le Moyen Orient doit être considéré comme faisant partie de cette zone économique intégrée, dans la mesure où il a vocation à fusionner avec l’Europe au sein d’un plus vaste ensemble appelé « Eurabia » puis Union méditerranéenne, dans le contexte de l’harmonisation des gouvernances gouvernementales de part et d’autre de la Méditerranée. On ne s’étonnera donc pas des révolutions du « printemps arabe », emboîtent le pas aux révolutions colorées qui avaient agité les pays de la CEI, du Caucase jusqu’à l’Asie centrale, afin de rebattre les cartes des zones d’influence géostratégiques entre les puissances dominantes du monde multipolaire que sont les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
Mais force est de reconnaître que ces insurrections n’ont rien de populaire au sens propre du terme, mais seraient plutôt dirigée de l’extérieur par ceux qui tirent les ficelles de la mondialisation et de l’industrie financière qui l’accompagne pour transformer les actifs économiques en actifs financiers qui servent de base au financement des produits dérivés qui ont fait leur fortune grâce aux prouesses de l’ingénierie financière et de la technologie.
Mais les peuples sont en train de retourner les mouvements révolutionnaires contre leurs auteurs, comme le reconnaissait Zbigniew Brzejinski dans une récente intervention en Europe centrale (2), où il faisait remarquer que les mouvements populistes n’arrêtaient pas de gagner du terrain sur les tenants de mondialisation battue en brèche par les progrès de l’information et la prise de conscience des problèmes politiques globaux rattachés aux problématiques locales vécues par des population de plus en plus désireuses de se séparer de la tyrannie financière dont les objectifs sont à l’opposé des revendications populistes (3).
Dans ce cadre de la révolte globale des peuples contre le système de l’usure (4) commence à émerger des revendications fortes tant aux Etats-Unis qu’en Europe qui sont les deux zones les plus concernées par les conséquences désastreuses de la spirale de la dette, sous le double effet du désendettement bancaire qui transfère la charge de la dette d’entités privées en faillite vers des entités publiques et de cures d’austérité se traduisant par la contraction de l’activité économique privée, faute de crédits bancaires suffisants pour alimenter les demandes de financement des entreprises. Parmi les revendications les plus fortes avancées par les mouvements populistes pour se libérer de la dette, il faut citer :
1. La remise en cause de l’empiètement fédéral sur les prérogatives des Etats membres de la fédération sous la forme d’exigences budgétaires issues de la mutualisation du poids de la dette au prétexte qu’elle a été contractée au nom de tous en vertu du principe de solidarité qui lie les membres de l’union économique et monétaire dans un destin commun forgé par une gouvernance commune adaptée à chaque Etat membre. Or aux Etats-Unis comme en Europe, ces prérogatives fédérales ont été usurpés au mépris de la voix populaire en Europe avec la violation du scrutin issu des référendum portant sur les traités de Lisbonne et Maastricht et aux Etats-Unis au mépris de la Constitution qui ne reconnaît aucun droit d’intervention du budget fédéral dans celui des Etats fédérés dans l’Union américaine.
2. Le rétablissement de l’autorité de l’Etat face aux organisations criminelles (4) qui font leurs choux gras de la vacance de l’ordre public dans les zones de non droit où règnent les réseaux de l’économie occulte qui se servent de l’intégration européenne comme d’un tremplin pour le développement de trafics commerciaux illicites alimentés par l’argent de la drogue et les flux migratoires mal contrôlés au sein de l’espace Schengen.
3. La remise en cause du monopole bancaire de financement (5) qui donne aux banques des prérogatives indues en matière de contrôle des flux monétaire et de surveillance des comptes des déposants/épargnants. L’excuse généralement invoquée pour justifier ces abus de confiance est la préservation de la sécurité des transactions et la prévention du blanchiment. On oublie que les principaux blanchisseurs sont les banquiers eux-mêmes parce qu’ils créent en permanence de la fausse valeur sous la forme de plus-values issues d’opérations spéculatives à partir des moyens de financement en vraie monnaie issue du travail qui leur ont été confiés par leurs déposants qui se trouvent pris en otage par cette création monétaire frauduleuse, dès lors que celle-ci se transforme en plans de sauvetage accordés par l’Etat, sous prétexte de sauver les épargnants de la faillite. Un comble !
4. La création de banques publiques échappant à la tutelle fédérale (6) comme à celle des Etats nationaux, dans lesquelles les déposants seraient libres d’investir leur argent pour financer des projets de développement locaux, sans avoir à divulguer d’informations sur leurs placements
5. L’abrogation du monopole de la sécurité sociale en matière d’assurance santé qui interdit la mise en place de régime de soins non validés par les instances chargées de la surveillance des thérapies et autres systèmes de soins de façon à préserver les chasses gardées des groupes pharmaceutiques qui imposent les remèdes mis sur le marché en fonction de leurs propres intérêts financiers et de l’idéologie étatique, sans tenir compte des déficits abyssaux causé par un système de santé inefficace.
6. Le retour de pans entiers de l’industrie et de l’agriculture sur le territoire national qui ont été sacrifiés aux intérêts de la mondialisation, alors que des milliers d’emploi pourraient être créés instantanément si la population retrouvait le pouvoir de se vêtir et de se nourrir à partir de productions locales et non en passant par les circuits obligés de la grande distribution qui écoulent les produits fabriqués à l’étranger.
7. L’annulation de la dette quand elle provient d’activité spéculatives illégitimes de la part de banquiers peu scrupuleux profitant à plein de la politique d’argent quasi gratuit pratiquée par la banque centrale, alors que la clientèle privée n’a pas accès à un tel régime de faveur, mais doit se serrer la ceinture pour cause de restriction des capacités de financement, au motif que l’argent prêté coûte plus cher aux banquiers, dès lors qu’il émet des prêts grevés par des charges supplémentaires en capital réglementaire. Le banquier a beau jeu d’arguer que la prime de risque crédit à facturer au client est justifiée par des risques encourus avec de l’argent qui ne lui appartient pas, puisque financé sur la base des dépôts bancaires ou de la dette émise en direction du marché ou de la banque centrale. Le cas islandais est assez remarquable de ce point de vue, dans la mesure où l’Islande est un des rares pays où les banquiers ont dû répondre pénalement de leurs dettes, alors que dans la plupart des cas les complicités auprès de l’administration publique ou des organes de surveillance leur ont permis de traverser sans encombre la crise dont ils laissent aux administrés le soin de payer les pots cassés, charge à eux de se montrer plus sages à l’avenir en grevant leurs actifs de nouvelles charges reportées sur les bénéficiaires des prêts bancaires.
Le monde bancaire se barricade derrière un surcroît de réglementation à chaque crise causée par les extravagances de financiers toujours à l’affut d’opportunités de profit créées par des différences de prix sur les marchés mondiaux, dont les régulateurs comme les Etats leur ont laissé bien imprudemment la gestion. La monnaie fait partie en effet des domaines régaliens de l’Etat et ne saurait être sujette à manipulation, sous prétexte d’optimisation ou de rationalisation des marchés que les banquiers comme les multinationales souhaiteraient plus intégrés, c’est-à-dire plus liquides et plus efficients dans la satisfaction du consommateur. Entendez par là que les marchés doivent être plus réactifs aux fixations de prix par les financiers, c’est-dire les « market makers » qui gouvernent l’offre et la demande des principales denrées échangées à travers le monde, au premier rang desquels les matières premières agricoles et énergétiques. C’est ainsi que l’on constate une mainmise des banquiers anglais sur la propriété immobilière, au moment où la spéculation sur les titres dette immobilière ne fonctionne plus, afin de se rémunérer directement sur les loyers collectés qui sont ainsi poussés à la hausse, alors même que l’emploi bancaire atteint un plus bas historique de vingt ans au Royaume-Uni.
Cette usurpation du bien public ne peut perdurer qu’au moyen d’une répression toujours plus grande des peuples soumis à la technocratie mondialiste dont les intérêts ne cessent de diverger par rapport aux préoccupations immédiates des peuples comme la nécessité de trouver un travail rémunérateur, un logement ou de pouvoir se nourrir correctement. Ces revendications légitimes ont jusqu’à présent servi de prétexte à l’interventionnisme étatique qui s’en sert comme justification d’un contrôle toujours plus étroit des marchés mondiaux alors que l’intérêt des peuples va au contraire dans le sens d’un recul de l’interventionnisme étatique, de la suppression du contrôle des prix par les banques et du retour des productions essentielles à la satisfaction des besoins de base sur le territoire national, au lieu de servir de collatéral pour le financement de produits bancaires spéculatifs au bénéfice toujours plus exclusif des banques d’affaires.
Pour mettre un frein à ce désir légitime des peuples de se débarrasser du système de l’usure, qui les condamne à rembourser indéfiniment une dette reconduite à chaque échéance pour entretenir le financement de l’Etat par la dette et non par les rentrées fiscales issues de la productivité des ressources laborieuses du pays au nom duquel a été contracté la dette, les gouvernements comme les instances dirigeantes supranationales ont choisi la voie de la répression des populations récalcitrantes et de l’aventure militaire extérieure. La guerre est en effet le moyen par excellence pour les Etats surendettés occidentaux de préserver leurs sphères d’influence et de mettre la main sur les ressources indispensables au maintien de la position dominante occupée par leurs fleurons boursiers dont les actifs servent de collatéral pour la rémunération des produits financiers émis par la communauté bancaire sur des valeurs actions. Il est à craindre que ce qui reste des libertés individuelles ne survivent pas bien longtemps à la surveillance systématisée des moyens de communication alternatifs comme Internet et à la mise en œuvre des nouveaux moyens de contrôle des masses turbulentes comme les drones ou les programmes d’intelligence artificielle (7) qui permettront dans un futur proche à des armées de robots de faire régner l’ordre en fonction des directives ciblées émises par les instances chargées de la gouvernance mondiale, à laquelle nos moindres faits et gestes devront correspondre, sous peine d’entraîner une réponse proportionnée à la gravité du désaccord exprimée par rapport aux bonnes pratiques comportementales et sociales.
1. Le refus du peuple islandais de rembourser la dette bancaire et comment il s’est traduit par la démission du gouvernement et l’emprisonnement des coupables : http://www.youtube.com/watch?v=9rGNF-C6Xek&feature=player_embedded
2. (2) La mise en garde adressée aux élites par Zbigniew Brzejinski : http://www.youtube.com/watch?v=bHknL5z8f6k
3. La dénonciation du système de l’usure sous la République de Weimar par Feder Gottfried : http://archive.org/details/Feder-Gottfried-Kampf-gegen-die-Hochfinanz
4. Les mafias à l’assaut de la France : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/10/21/01016-20121021ARTFIG00139-les-mafias-a-l-assaut-de-la-france.php
5. Le mouvement du public banking aux Etats-Unis : http://publicbanking.wordpress.com/
6. L’illégalité du remboursement de la dette fédérale, dès lors que l’Etat fédéral n’a pas le droit d’empiéter sur la gestion budgétaire des Etats-membres de l’Union : http://www.naturalnews.com/038113_budget_deficit_states_rights_surplus.html
7. La tyrannie annoncée des programmes d’intelligence artificielle sur une humanité asservie : http://books.google.fr/books/about/The_Age_of_Spiritual_Machines.html?id=ldAGcyh0bkUC&redir_esc=y
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