Le fascisme - Ses origines - Volet N° 5
Pour contrecarrer la politique de la France, Mussolini se porte à la tête d’un mouvement regroupant les nations mécontentes du Traité de Versailles (1918).
Le 7 juin 1933, il propose de créer un embryon d’Union européenne réduite à l'Italie, la France, l'Allemagne, l'Angleterre, intitulé le « Pacte des Quatre », à condition d’établir une révision des frontières artificielles du Traité de Versailles. Cette ébauche d’unité européenne ne sera jamais ratifiée ; l’Allemagne nazie manifestant une attitude d’indépendance à l’encontre de l’esprit de ce pacte, qui proposait de donner une "direction" à l’Europe. Idée à laquelle Hitler ne pouvait que s’opposer contraire à son projet et à sa volonté d’hégémonie sur le continent européen.
Après cet échec, Mussolini flaire une bonne occasion de se dresser contre le chancelier Hitler, et se rêve le chef d’une coalition anti-hitlérienne. Il sait qu’il tient là, son jocker.
Le 14 juin 1934, Hitler se rend à Venise, où il est reçu assez fraîchement par Mussolini. Il est hors de question pour le dirigeant italien de s’en laisser compter par le dirigeant allemand ! Nous sommes encore loin de la « grande idylle » entre Mussolini et Hitler. Car, il n’approuve en rien l’attitude de l’Allemagne envers l’Autriche. Les deux futurs compères sortent de l’entrevue de Venise, le visage déconfit. Aucun terrain d’entente n’a été trouvé. Hitler droit dans ses bottes, son but bien déterminé : l’Anschluss. Après l’assassinat par les Nazis du dirigeant autrichien, Dolfüss, Mussolini mobilise ses troupes sur le Brenner et se porte au secours de l’Autriche.
En Avril 1935, a lieu l’entrevue de Stresa, où Mussolini convie la France et l’Angleterre, par l’entremise de Pierre Laval, Président du Conseil et de Mc Gregor, Ministre. Mussolini et Laval signent un accord franco-italien, dans le but de réaffirmer le « traité de Locarno », assurant l’indépendance de l’Autriche, contre les tentative de violation du traité de Versailles par Hitler. Les Anglais décidant de faire cavalier seuls en traitant directement avec Hitler.
Le 2 octobre 1935, débute une expédition coloniale italienne contre l’Éthiopie. Mais Mussolini se heurte aux sanctions économiques de la S.D.N ( Société des Nations) et l’hostilité manifeste de la France et de l’Angleterre contre la guerre livrée contre l’Éthiopie. En 1936, l’affaire est pliée. Mussolini achève sa guerre coloniale.
Pendant qu’éclate la guerre civile d’Espagne.
Mussolini, sur les conseils de son gendre le Comte Ciano très proche des Nazis, et que Mussolini a nommé ministre des Affaires Étrangères, consent à se rapprocher d’Hitler. Pour deux raisons : la première, son aversion du communisme qu’il partage avec le chancelier du IIIe Reich, la deuxième, en formant le 1er novembre 1936, l’axe Rome-Berlin, pour créer une menace « sur les arrières de la France », sans doute toujours influencé par Ciano, en pleine contradiction avec les "accords de Stresa" en 1934.
Mais il va encore plus loin, il subventionne journalistes et politiques, en créant une organisation de type terroriste : la Cagoule, mouvement à ramifications qui ira jusqu’au cœur de l’État français.
Les opposants de Mussolini se sont regroupés à Paris et forment une coalition « antifasciste ». Parmi eux, le socialiste Carlo Rosselli et son frère Nello rentrés en clandestinité, en créant un groupement d’opposition. Carlo et Nello sont assassinés par des membres de la Cagoule, en lien avec les fascistes italiens.
Pas mécontent de voir la situation lui devenir de plus en plus favorable, il se met à revendiquer auprès de la France, Nice, la Corse, la Tunisie, et Djibouti, (anciennes possessions italiennes).
Hitler et Mussolini.
Il n’y a qu’à demander pour être servi. Mussolini s’incline devant les exigences d’Hitler qui ne tarde pas à se faire pressant. Toujours adepte des volte-faces, alors qu’il s’est porté au secours de l’Autriche en 1934, le Duce change complètement de braquet et décide de la « sacrifier » au profit des Allemands. L’Autriche est annexée en 1938 par l’Allemagne. Après l’assassinat par les Nazis de Dolfüss, le dirigeant autrichien, Hitler le fait remplacer par Shuschnigg, nommé à son tour chancelier d’Autriche. Ce dernier fera à l’Allemagne des concessions exorbitantes. En cas de refus, l’Autriche serait immédiatement attaquée, menace Hitler. Shuschnigg démissionne. Il est aussitôt remplacé par le fanatique Seys Inquart, homme lige d’Hitler qui ouvrira les portes de l’Autriche à la Wehrmacht.
Le 11 mars 1938, c’est au tour de la Tchécoslovaquie d’être abandonnée aux mains d’Hitler qui l’annexe. Or, on assiste à un renversement total de situation où la montée en puissance d’Hitler incite Mussolini (qui lui avait jusqu’alors refusé une alliance lors de leur rencontre à Venise en 1934), à jouer les quémandeurs auprès du Fürher pour signer entre l’Italie et l’Allemagne, le « Pacte d’acier », le 22 mai 1939. C’est-à-dire une coopération militaire. Pour consolider son prestique, Mussolini s’intéresse également à l’Albanie, dont il fait détrôner le roi Zog d’Albanie, le 7 avril 1939.
Mussolini, tout à fait conscient de la faiblesse militaire de l’armée italienne, décide pourtant d’intervenir aux côtés d’Hitler. Son offensive qu’il engage pour complaire au Fürher, du 10 au 24 Juin 1940 contre la France « accablée », n’est pas non plus une page bien glorieuse à mettre à son actif. Il faut bien se rendre compte que l’Italie fasciste de Mussolini n’est devenue qu’une auxiliaire à la disposition de l’Allemagne nazie, et, le peuple italien, victime de ces alliances.
Du fait de cette collaboration militaire et idéologique, des centaines de milliers d’Italiens sont envoyés également en Allemagne pour participer à l’effort de guerre nazi. En outre, 240 000 soldats italiens seront envoyés sur le front russe, lorsque Hitler décidera en 1941, d’attaquer la Russie, avec l’opération Barbarossa.
Petit à petit, Mussolini affiche devant son peuple et au monde, une soumission de plus en plus marquée à Hitler. Conscient que l’Italie ne fait pas le poids aux côtés du rouleau compresseur allemand, il songe à proposer au chancelier du IIIe Reich, une paix séparée. Mais craignant une réaction très vive d’Hitler, il y renonce. Son entourage lui reproche ses désastres militaires.
Hitler et Mussolini, l’entente cordiale.
Mussolini et Hitler ne sont pas en reste de manifestations mutuelles d’entente cordiale. Hitler, parvenu au sommet du Reich, assure le commandement suprême des trois armées : terre, mer, air, assisté par l’Oberkommando der Wehrmacht » (O.K.W.), qui coordonne les trois armes. Sous son commandement : les généraux Jodl, Keitel,Von Lossberg, et Warlimont. Les généraux des forces terrestres, (Oberkommando des Heeres, (O.K.H.), les généraux Von Brauchitsh, Halder, le général des forces navales Roeder, (O.K.M.) grand amiral Haeder, et Schniewind, les forces aériennes (Oberkommando der Lutwaffer (O.K.L.), général Jeschonneck, les forces terrestres ou commandement de groupes armées, (Heeresgruppen Kommandos), généraux Von Bock, Von Witzbelen, Von Blaskowitz, Von Reichenau, List, Von Kluge. En tout, 18 commandements : (Général Kommandos).
Devant ce déferlement de forces militaires, l’armée italienne de Mussolini fait pâle figure. Mussolini visite l’Allemagne en 1937. Hitler le reçoit fastueusement, histoire d’en mettre plein la vue au Duce, littéralement subjugué. Les cérémonies militaires se succèdent, toutes à un rythme effréné. L’on assiste à des spectacles grandioses, des mises en scènes spectaculaires, des démonstrations diurnes et nocturnes qui durent des heures, des défilés ininterrompus de la jeune armée nazie, celle qui va bientôt faire dans très peu de temps, trembler l’Europe et le monde.
Le rendez-vous de Munich.
C’est à Munich, en Bavière, qu’Hitler convie en grand vainqueur, les chefs de gouvernement de Grande-Bretagne, Neville Chamberlain, de France, Edouard Daladier, et Benito Mussolini flanqué du Comte Ciano, son gendre. Hitler est allé en personne accueillir Mussolini et Ciano, de bon matin à Kufstein, ancien poste-frontière austro-allemand pour s’entendre au préalable avec le Duce avant la conférence. Chamberlain ne se donne pas la peine de rencontrer Daladier avant « l’affrontement » diplomatique avec Hitler et Mussolini. Chamberlain, persuadé qu’à lui seul , il arrivera à un accord avec Hitler, comme en témoigne L. Shirer, journaliste anglais, couvrant l’évènement : " Les journaliste qui se trouvait comme moi au contact avec les délégations brittaniques et françaises acquirent la certitude que Chamberlain était venu à Munich absolument décidé à ce que personne – ni les Tchèques, en tous cas, ni même les Français – ne l’empêchât de parvenir rapidement à un accord avec Hitler. "
Car la question de la Tchécoslovaquie est au centre des débats. Daladier, surpris par l’attitude de Chamberlain, se trouve pourtant résolu à faire aboutir les négociations qui débutent à 12 h 15 dans le Fürherhaus sur le Koenitzplatz.
Mussolini ouvre le bal.
Ce n’est que lorsque le Duce prend la parole que peuvent débuter les négociations. Il dit apporter des propositions très concrètes, précises, retranscrites par écrit. Mais en réalité, il bluffe. Car ce qu’il fait passer pour son « projet » personnel de compromis, ses propositions précises, ne sont en réalité qu’une ènième entourloupe de la part des Allemands qui contrôlent toute l’opération depuis le QG du Fürher.
Il ne s’agit en fait que d’un vulgaire verbatim rédigé à la hâte, à Berlin , la veille, au ministère des Affaires Etrangères allemand, par le maréchal Goering, et deux dignitaires nazis, Neurath et Weizaeker. En dernier ressort, le texte est approuvé par Hitler. Ce verbatim est, toujours à la hâte, traduit et transmis à l’Ambassadeur Attolico qui le téléphone à son tour à Mussolini, toujours stationné à Kufstein, au moment ou ce dernier s’apprête à prendre le train pour Munich.
Les propositions de Mussolini sont le fruit exclusif du cogito allemand. Tout émane de Berlin. Or, l’intervention orale de Mussolini s’appuyant sur un texte qui n’est pas de lui, va servir de point de départ à la conférence ainsi que d’ordre du jour, avec des conditions très sévères imposées par l’Allemagne, véritable arc-boutant des fameux « accords de Munich ».
Évidemment le bluff de Mussolini, sous la houlette d’Hitler, réussit au-delà de toutes les espérances. Les participants accueillent les propositions « italiennes » avec enthousiasme. Le reste de ces accords n’étant que quelques petits détails secondaires.
Les accords de Munich, cette sinistre farce, scellent désormais le destin de la Tchécoslovaquie. Il sera tragique. Chamberlain propose de faire venir à la conférence les représentants tchèques. Hitler s’y oppose farouchement, Daladier s’incline immédiatement devant le dictateur, mais Chamberlain plus persuasif, finit par obtenir qu’un représentant tchèque se tînt à la disposition des participants. Les docteurs Mastny, ministre tchèque, le docteur Masaryk, ministre des affaires étrangères tchèque, sont introduits par les Allemands dans une pièce contiguë à la salle de conférence où on leur a, sans ménagement, signifié qu’ils n’assisteraient pas à la conférence et que rien ne filtrera. Un comble, alors qu’il s’agit de décider du destin de leur pays ! Ils se morfondront pendant…. 14 heures !
A 19 heures exactement, un représentant anglais vint leur annoncer que les accords de Munich sont signés, mais précise qu’il lui est impossible de leur communiquer les détails, et qu’ils doivent s’attendre à des conditions bien plus dures que celles envisagées par les Anglais et les Français. Masaryk proteste et demande à être entendu immédiatement, ce à quoi l’Anglais, par une belle pirouette diplomatique lui répond que la situation de la France et de l’Angleterre est très inconfortable, que les négociations se sont avérées extrêmement difficiles, face à un Hitler intransigeant. L’Anglais conduit les deux hommes « atterrés », auprès de Sir Horace Wilson, le conseiller de Chamberlain. C’est par lui qu’ils apprendront que :
1/ Les Tchèques devront évacuer au plus vite toutes les zones sudètes, zones peuplées en majorité d'Allemands, selon les exigences d’Hitler. Devant les protestations véhémentes des deux représentants tchèques, l’Anglais coupe court à tout dialogue. Ce sera ça ou rien.
« Si vous n’acceptez pas, vous serez obligés de régler vos affaires seuls avec les Allemands.", menace-t-il. Il rajoute que les Français partagent absolument les vues anglaises, même en prenant des gants pour le leur annoncer moins brutalement. Non content d’humilier les Tchèques, il enchaîne avec effronterie, mentant sciemment, que la question de la Tchécoslovaquie n’intéressait pas les Français.
Le 30 Septembre, à 1 heures du matin, la bande des quatre : Hitler, Chamberlain, Daladier, Mussolini, apposent leur signature au bas du célèbre document, appelé désormais : « Accords de Munich ».
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1Carlo Rosselli :
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