Le Figaro fait dans l’omission
Quel bonheur d’être un lecteur du Figaro ! Cela conforte dans l’idée que la politique du nouveau gouvernement est la meilleure possible. Exemple avec un article sur la carte scolaire publié dans le Figaro magazine le 2 juin dernier.

Carte scolaire : ce qui sera fait et dans quels délais (résumé)
Les parents d’élèves sont très impatients de pouvoir choisir librement le collège ou le lycée pour leurs enfants. Hélas, il est trop tard pour que la désectorisation, autrement dit la suppression de la carte scolaire, ait lieu dès la rentrée prochaine. Mais comme supprimer la sectorisation dans les grandes villes mènerait au chaos, il est tout à fait raisonnable de se satisfaire de l’assouplissement décidé par le ministre. Un assouplissement qui va se faire sur le critère du mérite.
Pour ce qui est des établissements dans les ex-ZEP, la « qualité des équipes pédagogiques » y est notoirement « difficile à obtenir », mais qu’ils se rassurent, ils ne verront pas leurs budgets diminuer. Cette mauvaise qualité, qui est liée au système de mutation dans l’Education nationale, sera combattue en testant des pistes et des solutions... dans les zones où la carte scolaire devrait être supprimée dès la rentrée 2007 et 2008 : par exemple à Montluçon et en Guadeloupe, où « les établissements sont tous à peu près du même niveau, et les familles, très attachées à celui qui se trouve dans leur quartier ». Conclusion de l’article : « Trois ans pour y parvenir [à la suppression] relèverait déjà de l’exploit ».
Vous n’avez rien compris ? Je vous invite à lire l’article, vous verrez que je n’ai rien inventé et même que j’ai fait de la « clarification ».
Des omissions en pagaille
L’article passe sous silence plusieurs informations majeures : à Paris la désectorisation est déjà partiellement appliquée puisque le premier choix du lycée est libre. A Périgueux et Clermont-Ferrand, la carte scolaire a été supprimée. En 1993, 47% des collèges parisiens étaient libres de choisir leurs élèves en dehors de leur secteur. Quelles sont les conséquences de ces assouplissements ? Ne comptez pas sur le Figaro pour creuser cet aspect des choses. Le quotidien national préfère insister sur l’impatience des parents de pouvoir choisir librement et fustiger les professeurs, qui sont parmi les premiers à contourner le système (articles du 22 mai).
Une certaine sélection de l’information
Rapporter les propositions que les directeurs d’établissement viennent de faire au ministre de l’Education, ou toute autre proposition constructive qui n’est pas dans la ligne du parti UMP ? Faire réfléchir les lecteurs à comment dépasser le conflit entre la liberté totale de choix et l’objectif de mixité sociale ? Apparemment ce ne sont pas des missions valables pour le directeur de la rédaction du Figaro. Dommage. La presse quotidienne nationale est en crise, mais promouvoir avec docilité les mesures gouvernementales n’est peut-être pas la meilleure méthode pour redorer son blason.
Documents joints à cet article

2 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON