Le fisc terrorise toujours autant, si ce n’est plus
Le Gouvernement multiplie les signaux positifs à l'égard des entreprises en mettant en place des outils de financement appropriés. Mais le plan de lutte contre la fraude fiscale sape la confiance des entrepreneurs qui ont peur de se voir retirer d’une main ce qu’ils ont reçu de l’autre.
Le contrôle fiscal, c’est la peur de tout chef d’entreprise. La programmation des contrôles fiscaux ne connaît pas de règles précises. C’est cette incertitude qui angoisse en premier lieu. Il peut tomber à n’importe quel moment, survenir sans crier gare. S’il y a bien une sélection des dossiers s’appuyant sur les statistiques des secteurs d’activités ayant été les moins contrôlés, les périodes au cours desquelles les vérifications de comptabilité peuvent avoir lieu ne sont précisées par aucun texte légal.
Une inquiétude alimentée par un zèle gouvernemental prononcé dans le domaine. Et il est aujourd'hui davantage question de chasse à la fraude fiscale alors que nos anciens gouvernants avaient tendance à poursuivre les fraudeurs sociaux. Le Gouvernement a en effet publié des résultats du contrôle fiscal en hausse pour l’année 2012 lors de la tenue d’un comité national de lutte contre la fraude.
Cette hausse du contrôle fiscal s’explique bien sûr par la multiplication des scandales liés à des revenus non déclarés dans des paradis fiscaux. La France en a fait une priorité et une cause nationale. Le plan national de coordination de la lutte contre la fraude aux finances publiques pour 2013 prévoit en outre de développer des actions au niveau national afin « de ne laisser aucune fraude sans réponse adaptée ». Voilà qui fait trembler dans les chaumières.
On comprend dans ce contexte pourquoi les entreprises se défient du Gouvernement et freinent des quatre fers quand il s’agit de souscrire à des aides de l’Etat dont on dit qu’elles attirent les contrôleurs fiscaux, à l’instar du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Un crédit d'impôt par ailleurs jugé bienvenu mais insuffisant par certains dirigeants.
« Il n’y a pas de risque accru de contrôle fiscal, contrairement à ce que j’entends ici ou là ! J’ai donné des instructions très nettes à cet effet : le bénéfice d’un crédit d’impôt ne saurait constituer un axe de contrôle" a déclaré Pierre Moscovici à propos du CICE afin d’encourager son fonctionnement à plein régime.
Le ministre des Finances a beau dire, la crainte des entreprises, toute aussi irrationnelle qu’elle soit, reste profondément ancrée. Des outils externes ont également été mis à la disposition des entreprises, à l’instar du calculateur en ligne de l’ASMEP-ETI, le syndicat chargé de représenter les intérêts des entreprises de taille intermédiaire, pour les aider à évaluer l'impact du CICE sur leur situation fiscale.
Le Gouvernement n’avait pas prévu cela. Sa bonne volonté en matière de lutte contre la fraude fiscale se retourne contre sa politique d’aide au financement des entreprises. Il ne lui reste plus qu’à vaincre la réticence des chefs d’entreprises refroidis à l'idée de voir débarquer le fisc.
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