Le FN est en train de faire couler l’UMP
Faute de comprendre ce qui se passe, les cadors UMP choisissent le minable "ni-ni", tel le naufragé posant des rustines au Titanic
La tiède motion adoptée par l'UMP hier pour le vote du Doubs résoud-il la problématique à venir d'un FN surpuissant ?
Toutes les études montrent que le vote FN n’est plus du tout un vote de protestation, mais un vote très structuré, au contraire, et c'est ce que les Etat-Majors (PS inclus) déboussolés ne savent pas gérer.
Qu’est-ce qui conduit un grand nombre d’électeurs à songer au vote Front national ? Des mécanismes assez proches de ce qui est survenu en Grèce.
Alain Mergier et Jérôme Fourquet, chercheurs au sein de l’Institut Jean Jaurès, ont dégagé un concept : l’insécurisation.
« L’idée se répand en effet selon laquelle le pouvoir réel et effectif serait non plus aux mains des politiques mais des marchés financiers, pendant que l’image d’un pouvoir sans partage détenu par l’oligarchie financière et confisqué à la sphère politique s’impose dans les milieux populaires. Le monde politique se trouve ainsi décrédibilisé non plus seulement au titre de son incompétence et de ses abus, mais au titre, désormais, de son impuissance. A cela s’ajoute l’idée d’une « Europe de la contrainte », qui démunit la politique nationale française face à la concurrence internationale. En sus des diktats des marchés financiers et des contraintes imposées par l’Europe s’ajoute encore la question de la dette. Dans les milieux populaires, l’endettement national est aussi compris par analogie avec l’endettement, ou plutôt le surendettement du foyer, dont la menace plane comme le spectre d’une catastrophe dont on ne peut pas se relever. Dans ces conditions, Marine Le Pen en dénonçant le carcan de la construction européenne et en défendant ardemment un retour au franc rencontre un public conquis. »
Dans les milieux populaires mais aussi les classes moyennes menacées, l’insécurisation(terme préférable à l’insécurité qui renvoie à la seule criminalité) se développe. L’insécurisation englobe plusieurs concept : le sentiment d’être dépossédé de sa culture face aux populations immigrées dans des zones d’habitation à forte concentration populaire, mais aussi les inquiétudes économiques quant à la perte de pouvoir d’achat, d’emploi, de salaire. Un grand discrédit frappe le personnel politique, auquel s’ajoute l’image de sa connivence avec les milieux financiers (dont Nicolas Sarkozy, Macron, Moscovivi, Hollande, etc. incarnent une sorte d’archétype).
Marine Le Pen bénéficie elle d’une dynamique anti-système dans laquelle s’inscrit l’idée que le clivage droite / gauche n’est plus pertinent. Le vrai clivage pour les milieux populaires se situe aujourd’hui entre une offre politique volontariste, capable de reconquérir le pouvoir contre l’hégémonie des marchés, et une offre politique par trop fataliste de type Hollande, qui s’y plie. Dans cette logique, l’attente principale, c’est l’affirmation d’une capacité d’action, aussi chimérique soit-elle. Les mêmes chercheurs poursuivent :
« La demande de protection n’est pas le signe d’une montée en puissance des valeurs égoïstes et régressives du repli sur soi. (…) Cette demande se répartit logiquement sur les trois registres de l’insécurisation : - protection des personnes physiques - protection économique des salariés - protection nationale face à la mondialisation. (…) La demande émanant des milieux populaires n’est pas le protectionnisme : la demande fondamentale est la protection. La protection est une notion qui renvoie à un état social que la démocratie doit garantir. »
Pour ravir des voix au FN désormais, brandir la gousse d'ail et la croix de Malte sera un peu court. Il faudra réfléchir au rôle de l'Etat dans un monde financiarisé qu'on accepte aveuglément, ou pas.
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