Le FN ou le molosse de la rente
En ces temps où Hollande et ses compères socialistes se révèlent pour ce qu'ils sont, collabos supplétifs et éternels du patronnat, le danger de l'extrême-droite est - comme à chaque phase de l'histoire où il s'agit d'écraser le peuple - à son maximum.
Cette semaine, si le non-événement du rapport Gallois, rédigé par un collabo du Medef prétendu patron de gauche, a fait s'agiter la petite sphère des journalistes de "grands" médias payés pour n'en foutre pas une bulle intellectuellement et s'exciter sur les sujets imposés par la haute-bourgeoisie détentrice de ces mêmes médias, un petit événement avait lieu sur Agoravox. Alors qu'un sondage mettait durant les élections Mélenchon à 40% sur le site (qui valait ce qu'il valait certes), une vidéo de Annie Lacroix-Riz obtint cette semaine le score intriguant (le 8 novembre) de 72% de votes négatifs. Si on avait eu l'impression pendant les élections qu'Agoravox était un repaire des partisans du Front de Gauche, le rejet d'une vidéo portant sur le financement par le patronnat des mouvements d'extrême-droite durant l'entre-deux guerres avait pour le moins de quoi surprendre.
C'était là en vérité, d'un point de vue sociologique, un fait intéressant. Indéniablement Agoravox permit pendant la campagne aux futurs électeurs du Front de Gauche d'exposer des idées qu'on avait quelques raisons d'estimer sous-représentées dans les médias traditionnels (accaparés au deux-tiers, sinon plus, à la cause du benêt blanc et du blanc benêt - à la cause et non aux causes, car il ne fait désormais plus de doute à personne qu'en évinçant Sarkozy, le peuple français s'est payé la copie idéologique conforme du modèle précédent, complaisamment vendue par des médias formés à repérer aussitôt que possible le nouveau Young Leader à vendre). Si bien qu'il y a quelque chose d'étonnant de voir la vidéo de Lacroix-Riz aussi mal notée. Mais, pour être un espace médiatique n'ayant de valeur que par le caractère hétérodoxe de l'information qu'on y trouve de temps à autre, Agoravox était voué à accueillir pour partie quelques extrémistes de droite toujours persuadés que leurs idées réactionnaires, qui pourtant se cachent en permanence derrière les propos de nos élites en place, n'ont pas la place qu'elles méritent dans les médias traditionnels.
Le vote sur la vidéo de Lacroix-Riz appelle deux remarques. D'une part, la victoire de la "gauche" aux dernières élections (les guillements s'imposaient déjà au soir du 6 mai, ce que beaucoup d'électeurs de Hollande ne manquaient certes pas de savoir) après dix ans de matraquage néo-libéral de droite (et DSK comme ministre de Jospin auparavant qui avait fait une belle part de la sale besogne), a peut-être incité certains à une forme de relâchement, assez compréhensible tant la dernière potée des réactionnaires fut particulièrement indigeste. Induisant chez ceux-là une attention moindre et laissant du coup la place libre sur Agoravox aux extrémistes de droite, habitués eux à se croire toujours en minorité (leurs idées sont pourtant toujours plus proches de s'imposer, comme à chaque moment de crise) et considérant Agoravox, à bon droit pourrait-on dire, comme une place forte à ne pas abandonner.
Seconde remarque, il est intéressant de souligner que pour un militant d'extrême-droite à peu près sincère, il est toujours essentiel de bien fermer les yeux sur le fait que le mouvement dont il est l'héritier et qu'il s'efforce de défendre n'est que le chien de garde du patronnat et de la haute-bourgeoisie, classe oisive qui, lorsqu'elle se goberge manifestement trop sur le dos des travailleurs, a l'habitude de lâcher ledit molosse sur la frange prolétaire insuffisamment docile.
Ce qu'ont finalement d'assez sordide les mouvements d'extrême-droite c'est cette capacité de leurs dirigeants, serviles défenseurs des rentiers et de la haute-bourgeoisie qui n'a jamais lésiné à les financer, à attirer toute une ribambelle de gogos persuadés de lutter contre les intérêts de ceux-là même qui tiennent sous perfusion lesdits mouvements. En temps de crise, lorsque le peuple a toutes les raisons de ne plus avoir confiance envers une démocratie qui n'en a de fait que le nom (gouvernement représentatif et même ploutocratie conviendraient mieux) donc de se révolter, l'extrême-droite est toujours l'ultime carte à jouer de la classe oisive, violente et suffisamment paranoïaque pour laisser croire au peuple que leurs idées totalement réactionnaires sont détestées par la haute-bourgeoisie, alors qu'elles en sont quelque part l'expression la plus aboutie.
On comprend dès lors mieux pourquoi le travail d'Annie Lacroix-Riz contrarie profondément le mythe sur lequel se fondent ces mouvements, payés de fait et de tout temps par les rentiers pour faire le sale boulot contre les travailleurs et les pauvres lorsque la police ne suffit plus.
Bonus : une vidéo essentielle pour éclairer la route des luttes à venir.
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