Le Français sous haute surveillance
Il sera même sous très haute surveillance. Le peuple français doit bien se tenir. Pas chez lui. A la condition toutefois de bien fermer ses fenêtres et rideaux donnant sur la rue afin que des regards indiscrets ne puissent le reluquer. Mais, plutôt ailleurs, c'est-à-dire partout.
Dans la rue ou le long d’un trottoir, sur les quais de la gare ou du métro, à pied, à cheval ou en voiture et même au bistrot ou au cinoche. Dans un parc ou jardin. Au marché, chez l’épicier, à la plage, dans une file à la banque ou à pôle emploi et même à l’hosto. Il sera, très bientôt, épié et écouté légalement sous toutes les coutures, en long et en large. La moindre moue, le moindre geste ou regard, les amis qu’il rencontrera ou saluera et les autres qui ne feront que le croiser, et hop tout cela dans des fichiers électroniques, dans des disques durs. Gare à lui s’il traverse en dehors des clous ou crache au sol en catimini. Et surtout s’il chuchote dans l’oreille d’un quelconque quidam, bronzé de préférence.
Tout dans la boîte, vous dis-je ! Car cela pourrait servir, histoire de lui chercher des poux, si par hasard le pauvre français ne se conduisait pas comme le souhaiterait le pouvoir ou même, plus grave, comme le voudrait l’un des sbires du gouvernement ou de son entourage, pour des raisons strictement personnelles.
Je vous fiche mon billet que bientôt, il en sera ainsi au turbin, soir et matin. Et qui sait, jusque dans les cabinets…d’aisance.
La Gestapo ou la Stasi de triste mémoire, le KGB, sans oublier la CIA sont là direz-vous, en tremblant comme des feuilles déjà mortes de frousse ? Oh que non, plus que la Stasi. Un simple et terrible héritage qu’aurait laissé au pays, selon « Le Point », l’ex-ministre de l’Intérieur du pays, le pacha de toutes les polices.
Vous le connaissez bien. Il s’agit de ce petit homme (encore un) au crâne dégarni, aux lunettes d’écaille, à la mèche, toujours trop longue, qui s’envole à la moindre brise Celui qui a tenu des propos qui m’ont fait frémir de honte au cours de la campagne électorale. Rappelez-vous. A quelques jours de l’échéance du 6 mai, en guise de promesse, ou de monnaie d’échange proposée aux électeurs du FN qu’il voulait récolter pour son maitre, il était allé jusqu’à déclarer, avec un aplomb ahurissant, « … que si Nicolas Sarkozy était reconduit dans ses fonctions, 40.000 étrangers seraient aussitôt renvoyés chez eux… ». En quelque sorte de la chair à canon version Claude Guéant. De l’humain contre un vote. Au 21° siècle et en France ! Pas mal non ? Heureusement pour mon pote Ali, Sarkozy est parti.
Sentant le vent tourner, notre cher et fidèle exécutant des travaux sordides de l’ancien pouvoir, se serait donc dépêché, toujours selon « Le Point », de faire « publier en urgence deux décrets majeurs sur le fichage des individus en France. », c'est-à-dire la fameuse loi sur la sécurité Loppsi 2 voulue par l’ancien Président de la République et son meilleur allié Brice Hortefeux. Afin que la loi en question ne reste pas lettre morte comme le sont bien d’autres, votées par le parlement depuis belle lurette (mais qui donc nous dévoilera le nombre et le libellé de ces lois qui n’ont pas servi ?).
Le premier de ces décrets d'application a été publié au Journal Officiel le jour même où François Hollande était élu Président. Il s’agirait selon le magazine de « fusionner les fichiers de police (Stic) et de gendarmerie (Judex), et de conserver des données jusqu'à quarante ans, permettant… aux policiers et aux gendarmes des recoupements beaucoup plus précis, y compris avec des informations biométriques. »
Le second décret de Mister Guéant a vu le jour au JO deux jours plus tard, le 8 mai. « Il concernerait l’application de l’une des mesures phares de la Loppsi 2, c'est-à-dire le fichier d'analyse sérielle". Compte tenu de l’essentiel du texte de loi qui adapte les moyens d'enquête aux nouvelles technologies afin d'améliorer les procédures d'investigation techniques et scientifiques, et simplifie les procédures d'alimentation du fichier national automatisé des empreintes génétiques « … le fichier d'analyse sérielle peut donc exploiter des photos permettant l'identification des individus, via l'empreinte de leur visage (distance entre les yeux, courbes, positionnement du nez, etc.). Couplé au réseau national de caméras de vidéosurveillance (ou de vidéo-protection, leur appellation officielle), l'État dispose d'une arme redoutable contre les criminels, mais aussi contre l'ensemble de la population » poursuit « Le Point ».
Si j’ai bien compris il s’agit de grouper toutes les données dont disposent l'État et ses services sur un, ou plusieurs individus, malfaiteurs ou simples citoyens honnêtes. Des données qui incluent également les renseignements qui peuvent être réclamés à des entreprises, et l'ensemble de l'activité sur Facebook, Twitter, les communications par email, les sites web consultés depuis un abonnement à Internet, etc…
Malheur des malheurs, il va me falloir reprendre mon alias pour continuer sur Agora ! Henri François ! Celui que j’avais choisi en Tunisie du temps de Ben Ali, par crainte d’être fiché sous mon vrai nom. A l’époque où le média citoyen, censuré par le pouvoir, n’avait pu être obtenu que par des routes détournées.
La Gestapo, la Stasi, le KGB, la CIA, etc... ? Non la dictature !
En guise d’espoir, je vous livre volontiers deux réflexions de lecteurs du magazine sur le sujet :
Article. 35 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Citation en français d’une phrase de Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de sa liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux »
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