De notre envoyé spécial au G20 de Bissago.
Agoravox vient de recevoir ce communiqué de notre envoyé spécial , Aldous Firmin, qui s'est rendu à Bissago où se sont réunis les chefs d'état et les hommes les plus inluents de la planète afin de mettre un terme à la crise financière qui paralyse l'économie mondiale, plonge de nombreux pays européens dans le chaos et qui a paralyse les administrations fédérales américaines depuis deux semaines. Nous publions ici les extraits les plus significatifs de ce long papier dont le lecteur interessé trouvera les références complètes en fin d'article.

Le monde civilisé au bord du chaos.
C'est parce que l'endroit est retiré et sans importance, loin
des tragédies sans nombre de cette année de désastres, loin des cités en
flammes et des foules affamées, c'est parce que l'endroit était vivifiant,
reposant et secret, qu'il avait été choisi pour accueillir la conférence
réunissant l'ensemble des dirigeants de la planête, en vue de mettre fin,
avant qu'il ne soit trop tard, à la débacle du monde civilisé.
Ce fut dans une ambiance légèrement incrédule que démarra la
réunion qui devait instaurer le Nouvel Ordre Mondial.
Du choix des peuples a disposer d'eux mêmes.
- Mais il vous faut le consentement de tous ! répliqua Firmin.
N'y aura-t-il, par exemple, aucune espèce d'élection ?
- En quoi cela pourrait-il être utile ? demanda le roi avec un air de
curiosité malicieuse ?
- Pour obtenir l'assentiment des gouvernés.
- Firmin, ce que nous allons simplement faire, c'est de laisser de côté nos
différences et de constituer un gouvernement. Sans élection du tout. Sans le
consentement de personne. Les gouvernés montreront leur assentiment par leur
silence. Si jamais une véritable opposition se fait jour, nous lui
demanderons de nous rejoindre pour nous venir en aide. (...) Nous n'allons
pas essayer de pousser les gens à voter pour nous. Je suis persuadé qu'une
grande partie de la population n'apprécierait pas d'être dérangée par ce
genre de choses. Nous allons faire en sorte que tous ceux qui se montreront
intéressés se joignent à nous. Cela ressemble beaucoup à des manières
démocratiques, non ?
La république universelle
La Chine, les États-Unis, les deux tiers de l'Europe, tous se
soumettront et obéiront. Ils seront bien forcés de le faire. Que
feraient-ils d'autre ? Leurs dirigeants officiels sont ici même avec nous.
Ils ne parviendront pas à mettre sur pied un plan d'aucune sorte, pour ne
pas nous obéir... À la suite de quoi, nous déclarerons que toute propriété
est remise aux mains de la Republique...
- Mais Sir ! s'écria Firmin, comprenant soudain les paroles du roi. Tout
cela a-t-il été planifié ?
- Mon cher Firmin, pensez-vous que nous sommes venus ici, chacun d'entre
nous, pour discuter à tort et à travers ? Les discussions, voilà plus d'un
demi-siècle qu'on les mène. Discussions et rapports en tout genre. Nous
sommes ici pour mettre sur pied une nouvelle ére, le projet le plus simple
et le plus évidemment nécessaire.
Le G20 de la dernière chance
La confèrence qui eut lieu dans la plaine montagneuse de Brissago était
l'un des rassemblements de personnages influents le plus hétéroclite qui ait
jamais existé. Primautés et puissances, dépouillées et ruinées depuis la
perte de leur orgueil et de leur aura, se réunirent dans une atmosphère
d'une merveilleuse et toute récente humilité. Il y avait là des rois et des
empereurs dont les capitales n'étaient plus que des lacs dévastés par les
flammes, des hommes d'état dont les pays avaient basculté dans le chaos, des
politiciens affolés et des magnats de la finance. Il y avait là des leaders
d'opinion et des investisseurs avisés, entraînés de force aux commandes des
affaires.
L'espoir renait
La fondation du nouvel ordre mondial, mis sur pied avec tant
d'humanité, connut des progrès rapides, si l'on compare avec ce qui s'était
passé au cours d'époques précédentes.
Il s'agissait d'un plan magnifique. Il ne visait rien de moins
que la domination du monde. Le gouvernement d'idéalistes et de professeurs
réunis à Brissago allait voler en éclat, à la suite de quoi, des avions
s'envoleraient pour les quatre coins d'un globe qui venait lui-même de
déposer les armes, pour proclamer Ferdinand Charles nouveau César, Seigneur
et maître de la Terre.
Extraits de "La destruction Libératrice" d'Herbert George Wells publié sous le titre original : The world set free, en 1914.
ISBN : 2-93009112-6
A gauche sur la photo, Herbert Georges Wells en 1935 en compagnie d'acteurs, lors du tournage du film de Science Fiction (et néanmoins soporifique) "Things to come", tiré de son roman "The Shape Of Things To Come." Le roman prédit une guerre mondiale en 1940, puis la conquête de la lune, d'une nouvelle période de chaos suivi de révoltes le tout baignant dans une ambiance de reduction drastique de la population mondiale par toutes sortes de causes et moyens : guerres, épidémies, contrôle des naissances...
Vous aurez deviné que cet article malicieux a pour but de montrer que le cinéma de Wells a largement débordé le cadre des salles obscures.