Le grand collisionneur du CERN a disparu dans un trou noir

Souvenez-vous, la terre devait disparaître et nous avec, avalés par un trou noir généré par les hautes énergies du collisionneur de hadron. C’est ce que disaient les Cassandre. Les physiciens, gens plus sérieux, rêvaient tout simplement de trouver la fameuse particule de Higgs. Pour certains, il s’agissait ni plus ni moins que la particule de Dieu. Enfin, les mystères de l’univers pouvaient nous être accessibles et les voies impénétrables d’avant le big bang ouvertes. Et puis, plus rien. Quelque chose n’a pas fonctionné et pour l’instant, c’est le LHC qui est passé dans le trou noir de l’information. Surtout ici en France et en Europe, là où les nations maîtres d’ouvrage sont passées à la caisse pour financer le plus cher des équipements de recherche jamais réalisés. Quoique, le surrégénérateur Phénix a coûté la peau des fesses pour les Français. Le gigantisme réussit parfois et s’écroule d’autres fois. Le zeppelin Hindenburg n’a pas résisté, a explosé, quelque décennies avant qu’un Concorde ne se crache, achevant l’exploitation de cet avion pour gens fortunés, en fait, les mêmes qui étaient à bord du Hindenburg. Dans les années 1990, on pouvait lire dans la presse spécialisée les gigantesques gaspillages des fonds publics américains dans des ouvrages techniques mal conçus, avec des défauts et bons pour la casse ou alors de coûteuses réparations. Dieu merci, les ingénieurs de la Nasa avaient en 1960 un savoir faire plus fiable pour envoyer des vaisseaux sur la lune.
Le LHC, plus personne n’en parle ici, et d’ailleurs, la grande star de 2009, c’est la grippe A. Nous sommes dans le contexte d’un instrument gigantesque ayant subi quelques avaries imprévisibles. Il n’est pas politiquement correct d’en parler. Parce que cet argent dépensé ne fait pas bon ménage avec la crise et ses déficits. Les Américains nous ont quand même donnés quelques nouvelles de notre machine à hadron de 27 kilomètres bâtie sous terre quelque part près de la Suisse. Quelle triste affaire. Loin de l’euphorie et du champagne sabré quand en septembre 2008, le premier jet de hadron fit un tour complet de manège. Ce sera au moins tout bénef pour le livre des records. Le tour de manège le plus cher de l’histoire ! Les physiciens étaient heureux. Il y avait plein d’équipes qui avaient construit des détecteurs pour réaliser des expériences. Des années de travail, des centaines de physiciens mobilisés et maintenant, les chercheurs en hautes énergies ont déserté l’Europe pour se rabattre sur le collisionneur le plus puissant et qui fonctionne, aux Etats-Unis.
Le journaliste du NYT semble quelque peu sarcastique. Il introduit son billet en évoquant cette machine de 10 milliards de dollars dont des milliers de connections se sont révélées non fonctionnelles. La plupart des super aimants ont mystérieusement perdu leur capacité à fonctionner aux hautes énergies. Et quelle énergie, imaginez, un faisceau de particules cent mille fois plus léger qu’un simple virus doté de l’énergie d’un Airbus volant à 400 kilomètres heures ! Bon, ouf, comme dit le journaliste, les physiciens ont annoncé il y a peu que le collisionneur devait redémarrer à la fin de l’année. Mais pas de champagne ironise-t-il car le fonctionnement à plein régime n’est pas prévu avant quelques années. Bref, c’est comme si on avait construit un Concorde pour qu’il vole à la vitesse d’un vulgaire Airbus des premiers temps. Mais selon Peter Limon, physicien au Fermi Lab de Batavia, ce ne sont que des baby problem. Espérons qu’il ne nous raconte pas des salades. C’est sûr, les Américains sont de fieffés optimistes. Pas comme Lucio Rossi du CERN, affirmant que 49 des supers aimants ont perdu leur capacité dans le secteur testé et qu’on ne doit pas exclure un vice plus étendu. Ce sont des foutus aimants qui, lorsqu’ils ont un tout petit coup de chaud, au-dessus des 1.8 degrés Kelvin de l’hélium liquide, perdent leur faculté magique de supra conductivité. Et si l’hélium se réchauffe un peu, ce serait à cause de ces petits défauts de connexion. Ce haut responsable du CERN annonce aussi une mauvaise nouvelle. Il faut réinstaller pratiquement tous les aimants, et cela va prendre du temps et beaucoup d’argent. De quoi alimenter de belles controverses sur la compétition scientifique à coup d’équipements gigantesques, le tout présenté au service d’une cause érigée à la dimension de Dieu. Affaire à suivre. Quant au citoyen, il n’a pas son mot à dire. Il n’y comprend rien et ne peut pas juger de l’utilité de cet appareil qui devait nous permettre d’entrer enfin en contact avec Dieu.
Pour la petite histoire, le zeppelin Hindenburg, c’était aussi une affaire d’hélium, mais pas liquide cette fois, quoique, l’hélium gazeux coûte énormément de liquide et surtout, les Américains n’étaient pas disposés à livrer à l’Allemagne ce précieux gaz. Du coup, une simple étincelle et l’hydrogène explose.
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