Le grand désenchantement
On doit à la vérité d’écrire que l’opposition à Macron fait de la patinette ( nous ne parlons pas ici de la pseudo opposition de Droite qui se contorsionne dans le grotesque pour fournir de l’aliment à son opposition de principe, ceux-là se contentent de se ridiculiser en haussant le ton devant des mesures que même dans leurs rêves les plus hauts ils auraient été incapables de prendre )

On peut déplorer l'échec relatif des luttes contre la politique régessive du gouvernement surtout si, dans une certaine mesure, on est la victime de la politique macronienne mais un constat s’impose : les diverses manifestations de protestation du mois de mai ont abouti à un four indéniable du moins par rapport aux espérances proclamées même s’il est très exagéré de parler de fiasco.
Cette triste réalité est difficilement acceptable et même carrément incompréhensible pour toute personne qui combat pour l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens et a fortiori pour éviter la spirale négative qui s’abat sur le fruit de décennies de combats collectifs victorieux.
Et pourtant il va bien falloir à Gauche analyser la situation qui voit la passivité du plus grand nombre tordre le cou aux activistes.
La parfum de la défaite n’est peut-être pas encore fort prégnant et d’ailleurs il est de bonne guerre de ne jamais l’admettre mais ses effluves commencent à chatouiller les narines les plus aguerries.
Un observateur sympathisant certes mais moins engagé en l’espèce ne peut qu’en faire l’affligeant constat sans se résigner à la réalité car le changement auquel aspirent ceux qui ont choisi de résister est un long combat fait d’insuccès et espérons-le de succès parfois inattendus voire inespérés.
On se doit de déplorer l’incapacité des leaders d’opinion de la Gauche syndicale ou politique à rassembler les foules, leur leadership ne fait plus recette ou, ce qui est pire, n’est plus considéré comme suffisamment crédible.
On cherchera en vain l’explication dans des querelles d’égos : si le peuple était en colère ou s’il cherchait vraiment à exprimer sa rage, peu lui importeraient ceux qui conduiraient sa révolte car c’est dans le combat qu'émergeraient les vrais leaders.
On peut donc en déduire que le peuple de Gauche n’est plus en mesure de manifester sa colère et qu’il est résigné, assoupi par un fatalisme auquel sa longue histoire ne nous avait pas habitué.
En tout cas par son inaction il démontre la faiblesse des canaux traditionnels pour encore porter des revendications légitimes sans doute mais plus porteuses.
Dès lors se pose la question : sont-il encore des vecteurs appropriés ?
Alors que faire ?
C’est, je pense, le premier devoir des penseurs de la Gauche de théoriser une riposte qui ne fasse pas long feu et qui s'écarte des sentiers battus et rebattus.
En tout cas, dans un premier temps, les organisations syndicales et la Gauche en général ne peuvent éviter pas de s’interroger sur l’adéquation des modèles de contestation qu’elles proposent à la population.
Mélenchon avait fait preuve de créativité à l’occasion des élections présidentielles avec par exemple son meeting holographique ou en ouvrant aà la base les ateliers qui devaient servir à confectionner le programme des Insoumis : son résultat impressionnant chez les plus jeunes est peut-être aussi dû à son recours de ces formes de technologie avancée.
Les syndicats au demeurant n’ont plus qu’une représentativité fantasmée, le taux de syndicalisation étant en France au niveau que l’on sait et qui doit être un des plus bas d’Europe.
En l’occurrence Macron profite donc des portes qu’on lui ouvre toutes grandes pour mener une politique qui est celle que ceux qui ont favorisé son ascension attendait de lui.
Qu’importe s’il a réuni sur son nom à peine un quart des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle et qu’ajouté aux 20 % de Fillon, cela ne fasse toujours pas une majorité, le résultat du système présidentiel est implacable et ne laisse que des miettes aux vaincus.
En septembre dernier Mélenchon avait cru pouvoir amener de véritables marées humaines dans la rue.
Il s’est trompé et l’a reconnu.
Il faut dire qu’il avait fait l’objet d’une campagne de dénigrement bien orchestrée qui continue d’ailleurs, certains petits malins disséquant ses dépenses de campagne pour trouver la fissure dont ils font une faille en sollicitant les chiffres et les faits mais c'est en quelque sorte la rançon de la gloire.
S'il était insignifiant on en chercherait pas à le dévaloriser.
Néanmoins les thèmes du pouvoir d’achat des travailleurs, le maintien du statut des cheminots ou de la sécurité sociale du plus grand nombre ne semblent pas davantage faire recette comme si le peuple de France s’était résigné à affronter comme une nécessité absolue les bouleversements sociétaux qui vont en accabler certains d’entre eux pour le bénéfice même pas assuré d’une minorité.
Peut-être les organisateurs de ces manifestations se trompent-ils d ‘époque ou ont-ils zappé l’évolution d’un peuple démissionnaire.
Le résultat est là, la convergence des luttes est un pétard mouillé, on peut supposer si l’on est un rien nostalgique que c’est l’accumulation des abandons successifs qui a coupé l’élan d’un peuple autrefois combatif et aujourd’hui fataliste comme s’il n’existait aucune possibilité d’échapper au destin que l’on lui trace.
Et quand des groupes d’étudiants organisés mais ultra-minoritaires occupent les facultés dans une sorte de romantisme mécanique rappelant mai 68, ils ont oublié la dialectique de l’action politique et qu’ils sont avant tout des petits-bourgeois privilégiés qui jouent à la politique mais n’en font pas.
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