Le Jeu de la Mort ou la Désobeissance Etudiée Scientifiquement
Il y a des expériences scientifiques troublantes de part leur
conception mais aussi leurs résultats. Celles de Milgram, du
nom psychologue américain Stanley Milgram en font partie.
Ainsi de 1960 et 1963, le scientifique « cherchait à évaluer le
degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime
et à analyser le processus de soumission à l’autorité ; notamment quand
elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au
sujet ». (Source Wikipédia)
Le principe était simple :
- un élève ou cobaye chargé d’apprendre et de répondre correctement sous peine de décharge électrique
- l’enseignant qui donne la leçon et corrige l’élève en appuyant sur le bouton de décharge
- l’expérimentateur qui représente typiquement l’autorité par sa posture, sa diction et les avertissements verbaux qu’il donne à l’élève.
Cette expérience a été renouvelée récemment en avril dernier : des candidats ont été invités à participer à un nouveau jeu de questions/réponses, intitulé « Zone Xtrême », afin de participer officiellement à un pilote de jeu TV.
En fait, l’expérience était organisée pour les besoins du documentaire « Jusqu’où va la télé ? » afin de déterminer les pouvoirs de la télévision.
L’originalité résidait dans l’ambiance d’un plateau télé mais l’organisation restait conforme aux principes énoncés par Milgram avec :
- le cobaye : le candidat devant répondre aux questions issues du public
- le questionneur : chargé de poser les questions et d’appuyer sur le bouton après demande de…
- la présentatrice, Tania Young qui organise et contrôle le jeu
Ici, contrairement aux apparences, le véritable cobaye demeure le public, dont on testait la désobéissance ou non à un ordre immoral, à savoir punir un individu par la torture électrique.
Constat fascinant autant que surprenant : dans l’expérience de Milgram, 63% des sujets ont infligé des sévices électriques aux cobayes.
50 ans plus tard, dans le cadre de cette étude sur les pouvoirs et dérives de la TV (notamment la télé réalité) avec en toile de fond, l’enjeu potentiel des gains, le charme de Tania Young, l’ambiance du plateau, les décisions en groupe, ce sont 82% des personnes du public qui ont accepté de faire souffrir le candidat avec des décharges vendues pour du 480V.
Petit détail concernant le « potentiel » enjeu, dans la mesure où le jeu était un pilote, s’il venait à ne jamais être diffusé, comme le veut la règle en matière de télévision, le public savait pertinemment que les gains ne seraient pas versés aux vainqueurs !
Ainsi donc, 8 personnes sur 10 ont accepté sans récompense en retour d’infliger des souffrances à un être humain, ce qui implique que, seulement 2 personnes sur 10 se sont opposées à l’ordre immoral de la présentatrice.
Zone Xtrême – Jusqu’ou va la télé ? docu réalité de France 2
envoyé par thony911. – Découvrez des webcam de personnalités du monde entier.
Oublions la télévision vecteur de communication de l’Ordre, comme le sont aussi la famille, l’école, l’entreprise, l’armée, pensons à l’Etat. Ah l’Etat, qui pourrait et qui voudrait s’y opposer ?
Et de penser évidemment aux Justes pendant la 2ème guerre mondiale, et à travers eux tous les résistants aux régimes fascistes. (cf l’affiche du film « La Rafle ») A la lumière de ces chiffres issus d’expériences scientifiques, nul étonnement que de constater le faible taux de « rebelles » au système.
Quel que soit le régime politique, la majorité acquiesce, suit l’Ordre établi, tel un mouton de Panurge. Dans les cas pré-cités, cette majorité avait pourtant tort, et son silence, son mutisme la rendait même coupable de complicité d’actes de barbarie.
Problème de taille. Si la majorité semble bien avoir tort dans ces instants cruciaux, pourquoi faire confiance à la majorité pour choisir un leader, un chef, ou un président de la République ?
Le concept même de la démocratie se voit alors prendre un sérieux plomb dans l’aile. Une expérience somme toute assez simple, prouve qu’un des fondements du principe le plus respecté et respectable inventé par l’Homme pour vivre en société est tout simplement caduque.
Plus exactement, cette majorité faisant confiance aveuglement à une personne représentant l’autorité suprême, serait potentiellement amenée à accepter n’importe quoi d’elle.
Alors que sans cette autorité, la majorité des citoyens aurait trouvé légitimement abjects les actes perpétrés ou commandés, et aurait manifesté de manières virulentes leur désapprobation.
In fine, la majorité a raison, dans le sens où la démocratie la lui donne, mais cette majorité a aussi tort par son côté faillible à écouter sans discernement. Une puissance à double tranchant.
Est-ce utile de remonter jusqu’en 1940 pour réfléchir à ces concepts et ce problème de fond ? Les enjeux électoraux de 2007 et les événements politiques qui se sont écoulés depuis suffisent à comprendre, que le principe démocratique joue en faveur du premier escroc venu.
Quelqu’un qui serait capable de faire proche des gens pour leur donner confiance.
Quelqu’un qui serait capable de les faire rêver à un monde meilleur en distillant un florilège de promesses plus belles les unes que les autres.
Quelqu’un qui une fois élu, pourrait alors faire tout et n’importe quoi : comme maintenir et encourager les pratiques qu’il s’était promis d’interrompre, piétiner les principes sacrés de la séparation des pouvoirs, oublier les valeurs républicaines insufflées dans la devise de son propre pays : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Alors dans la mesure où rien ni personne n’a remplacé la Démocratie par un meilleur système, les forces en présence assez lucides pour voir et comprendre correctement la situation actuelle se doivent de rester mobilisées pour retourner un à un les arguments et préjugés de l’Autorité Suprême.
Aux outils plus anciens, comme la presse, s’est ajouté internet. Pas étonnant que cette Autorité, de France ou d’ailleurs, fasse tout pour brider, filtrer et contrôler sous de faux prétextes, le plus puissant moyen de communication et de désobéissance à l’Ordre, potentiellement immoral.
Blogueur(se)s amateurs(rices), journalistes professionnel(le)s, opposant(e)s de tous horizons professionnels ou politiques, représentent ces 20% de désobéissants, encore capable de dire « NON ».
Plus d’infos sur LesEcrans, psychologie-sociale.com
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