Le jeu : un vice ?
En l’espèce, le jeu d'argent est une activité plutôt immorale qui, pratiquée de manière occasionnelle et sans excès de mise, ne prête pas à conséquence...
Certaines religions, obédiences ou mouvements philosophiques l’ont banni.
Dans notre société laïque, l’Etat évite de se mêler de religion, et le respect de l’individualisme ambiant va assez loin au point que chacun vaque comme il l’entend à ses affaires. On pourrait donc imaginer que l’Etat ait, par le passé, refusé de se mêler des jeux d’argent. En l’absence de législation, toute activité de pari à grande échelle serait périlleuse, le jeu serait resté une petite activité de dimensions locales ou privée, cantonnée à des cercles de gens qui se connaissent ; tout abus ou escroquerie aurait été impitoyablement sanctionnés sans arrières pensées par la justice, l’Etat n’étant pas impliqué, de prés ou de loin, dans ces activités.
C’est évidemment ne pas compter sur les profiteurs en tous genres qui cherchent par tous les moyens à tirer parti de tous les vices humains, non pas de manière illégale mais certainement sans aucune préoccupation morale. On imagine le travail de lobbying qu’il a fallu mener pour que l’activité des paris sportifs, par exemple, soit soigneusement organisée à grande échelle et devienne ainsi rentable tant pour ses organisateurs que pour l’Etat qui ne manque pas de prélever sa maxi-dîme fiscale soit autour de 100 Milliard par an (1). Il faut donc à l’Etat et ses partenaires organisateurs privés, bien sûr, un règlement contraignant empêchant les tricheries en tous genres que la cupidité peut inspirer. La loi, on ne peut plus légale mais totalement immorale se mêle donc outrageusement d’organiser les paris en tous genres pour en permettre un fonctionnement régulier et sécurisé, sur le plan national. Evidemment elle dispose un volet répressif pour que ceux qui pourraient influer sur les résultats faisant l’objet d’une mise, n’aient ni le droit, ni l’envie de s’y risquer. C’est une disposition qui pour le coup parait bonne et morale puisqu’elle est censée éloigner du jeu d'argent, les sportifs et leurs familles. Mais le but de la loi n’est pas tant de protéger la moralité des jeunes sportifs, que plus prosaïquement de faire en sorte que les parieurs et les « bookmakers » puissent être à leurs affaires en toute tranquillité. De ce point de vue, toute légale que soit la loi elle n’en est pas moins immorale dans son objet même. Autre élément surprenant, c’est la lourdeur des sanctions encourues par les tricheurs. Pour le coup le législateur n’a pas tremblé devant la possible délinquance, alors qu’il n’a pas été très regardant voire aveugle à l’immoralité latente des paris.
Eh oui, le propre du vice, c’est qu’il est irrépressible et, ma foi, fort répandu…
(1) L’État prélève 39,5% de toutes les mises. Cela représente environ 3,5Md€/an (probablement près de 4Mds€ cette année…) ! C’est le seul à être sûr de gagner à tous les coups. Nous ne nous étendrons pas sur le fait que ces gains passent à la trappe du budget de l’État et que les députés (notre « représentation nationale ») n’ont pas voix au chapitre de l’utilisation de ces fonds. Poursuivons en disant que la Française des Jeux verse, en plus des 39,5% sur les mises, un impôt sur les sociétés de 45M€/an. Ce n’est pas fini, actionnaire à hauteur de 72% de la société, l’État, en bon capitaliste investisseur perçoit des dividendes variant de 56M€ à 72M€, selon les années. Cerise sur le gâteau, lorsqu’il y a un « grand » gagnant, ce dernier aura le privilège de payer l’ISF l’année suivante. Bref, comme vous le voyez, l’État, même « normal » et « vertueux » continuera encore longtemps, en tant qu’actionnaire archi majoritaire de la Française des Jeux, à vous inciter à plus croire au hasard et à la chance pour gagner votre vie plutôt qu’au travail et à l’énergie. Sources : www.contrepoints.org et
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