Le Landais : un forçat de travail !
Désormais, nul ne l’ignore plus : Marc Le landais, l’ancien pédégé du groupe Vivarte, a été viré de son poste, moyennant une modique indemnité de départ d’environ 2 millions d’euros. Sans doute le salaire de la casse sociale concomitante : 1600 emplois sacrifiés ! À moins que M. Le Landais n’ait reçu ce modeste viatique en dédommagement de son investissement personnel au travail : « 18 heures par jour », a-t-il révélé vendredi matin sur l’antenne d’Europe 1...

« Je travaille 18 heures par jour, moi, Monsieur ! » On ne compte plus les fois où cette affirmation nous a été assénée par des responsables politiques, par des grands patrons, mais aussi par des artisans et des commerçants, tous désireux de démontrer à quel point ils s’investissent dans leur job au service de la collectivité, de l’entreprise ou de leur clientèle. Parmi les cas les plus emblématiques et les plus médiatisés, souvenons-nous d’Hervé Gaymard, l’éphémère ministre des Finances, ou de Jean-Louis Borloo, l’autoproclamé sauveur planétaire de l’environnement. Eux aussi ont affirmé en leur temps travailler « 18 heures par jour ».
Mais ils ne sont pas les seuls, loin de là, à avoir repris à leur compte cette fable destinée à impressionner le bon peuple des gogos. Marc Le Landais, grassement – et scandaleusement ! – indemnisé malgré un échec cinglant à la tête de Vivarte, n’est qu’un clown supplémentaire à venir ajouter son nom à la longue liste de ceux qui nous ont pris pour de sombres crétins.
Les journées de M. Le Landais compteraient-elles plus d’heures que celles des citoyens lambda, limitées comme chacun sait à 24 ? Renseignement pris auprès des éminents responsables de l’Observatoire de Paris, la chose est rigoureusement impossible. Il faut donc se rendre à l’évidence : Marc Le Landais, du temps où il dirigeait – avec d’aussi catastrophiques inspirations stratégiques – le groupe Vivarte, réussissait à caser 18 heures de travail dans une journée désespérément limitée à 24 heures. Dès lors, une question se pose : comment faisait-il pour mener à bien les différents aspects de sa vie privée lorsqu’il ne travaillait pas avec une admirable opiniâtreté à la perte des marques La Halle et André, et à l’inévitable plan social qui en résulterait ? Car, tout le monde en conviendra, la vie d’un homme, tout pédégé qu’il soit, comporte un certain nombre de rituels quotidiens obligés.
Tel le vulgum pecus âgé comme lui d’une cinquantaine d’années, Marc Le landais émerge le matin de son lit, va aux toilettes, prend une douche (sauf à être peu porté sur l’hygiène), se peigne, se rase, se lave les dents (sauf à être peu porté sur l’hygiène), s’habille, prend son petit-déjeuner, se restaure le midi après s’être lavé les mains (sauf à être peu porté sur l’hygiène) ; de retour chez lui, il prend connaissance de son courrier du jour, s’intéresse (ou fait au moins semblant) à la journée de son épouse et à celle de ses enfants, se lave les mains avant de dîner (sauf à être peu porté sur l’hygiène), prend en famille son repas du soir, se détend en lisant un livre, en regardant un film ou en écoutant un CD des Charlots*, fait un dernier détour par les toilettes, se lave les mains (sauf à être peu porté sur l’hygiène), se déshabille pour se mettre en pyjama, se lave les dents (sauf à être peu porté sur l’hygiène), le cas échéant, besogne son épouse puis va laver... ce qui doit l’être (sauf à être très peu porté sur l’hygiène), avant de s’endormir enfin du sommeil du juste patron qui n’a strictement rien à cirer du sort de ses employés !
Sur tous les plans, M. Le Landais prend les Français, et pire encore, les futurs ex-salariés de La Halle et André, pour des décérébrés. Des « variables d’ajustement » à qui l’on peut faire gober n’importe quoi en termes de justifications d’une indemnité choquante pour n’importe quel travailleur connaissant le sens des mots « justice » et « mérite ». Dans ce contexte pitoyable, et tout aussi anecdotiques qu’elles soient, les prétendues « 18 heures par jour » de Marc Le Landais ne sont rien d’autre qu’une affirmation pathétique supplémentaire.
Il est décidément des patrons dont le comportement inspire le dégoût !
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