Le « Lemeurland », Daniel Schneidermann et AgoraVox
Le « Lemeurland » (j’ai bien aimé l’appellation de Daniel Schneidermann, même si elle englobe des gens que j’aime bien lire) déçoit après la grand-messe de l’UMP à Marseille. Depuis de nombreux mois, le débat sur les « vertus » des blogs vs la presse traditionnelle fait débat. On nous donnait des exemples de sujets traités différemment, du caractère libre des blogs, de la liberté d’expression, de la multiplicité des sujets traités... Bref, on nous ressort tous les arguments de 1981 sur les radios libres. Quand on voit la merde que c’est devenu, avec les publicités omniprésentes, la musique répétitive, les animateurs racoleurs, les émissions concours débiles, bref, à de trop rares exceptions, une grosse daube... on se fait un peu de soucis....
Pour les blogs, nous sommes sur la même voie. Les publicités foisonnent sur les blogs, on parle désormais de blogueurs influents et il faut être dans leurs petits papiers, comme en radio ou à la télé, le but désormais est de faire monter l’audimat, quitte à raconter la même chose que son voisin, à courir le scoop... et désormais à couvrir les évènements médiatiques, à savoir, dans le cas présent, la couverture du SarkoShow à Marseille.
Daniel Scheidermann, dans son Big Bang Blog, ouvre les hostilités contre ce qu’il appelle « le Lemeurland », ou, si vous préférez, un groupe d’une douzaine de blogueurs « influents » (je n’aime décidément pas ce terme d’autoproclamation) qui ont été invités, frais payés, à cet événement (la plupart avouant d’ailleurs qu’ils ne seraient pas venus sinon).
J’ai été
également déçu par la plupart des comptes rendus. Le principal reproche ?
Pratiquement aucune différence entre les infos des blogueurs invités et les infos de ceux
qui ne l’étaient pas. Quelques blagues de potache qui m’ont amusé et...
rien ! Je n’ai pas retrouvé le ton sarcastique, la façon de « casser »
de certains, pas de coup de gueule. A croire qu’ils se sont automodérés,
subjugués par l’organisation du show, par la « ferveur » des
militants, sans se pincer afin de sortir du cocon dans lequel ils ont été mis.
Faites-vous une
petite idée, avec la lecture des échanges à la suite de l’article de DS sur le site Big Bang Blog, car ce sont (pour moi) les tout premiers qui
se basent sur une expérience commune : relater un évènement politique de
l’intérieur.
Bon, sinon, je suis et reste lecteur de certains blogueurs du « Lemeurland »
;-) allez aussi voir leur point de vue, comme celui de Thomas (ça fait pas trop mal, un dépucelage
politique ? :-D), MRY ou Loic.
NDLR : Deux autres blogueurs
d’AgoraVox, également présents
à Marseille mais curieusement oubliés
dans les propos de Daniel Schneidermann,
ont souhaité réagir au billet publié sur Big Bang Blog
1- Réponse de AB :
Une dernière note pour clore de mon côté le débat sur les
blogueurs accrédités. Une dernière note également pour faire croiser des points
de vue contradictoires relatifs à la blogosphère, et plus particulièrement sur
les blogueurs accrédités à l’université d’été de l’UMP.
Durant cette même université d’été, le sénateur (UMP) de
l’Orne, ancien ministre, M. Alain Lambert, lançait spontanément sur son
blog : "La
blogosphère n’est pas sectaire !". L’approche était surprenante,
car je ne voyais pas au départ la chose sous cet angle.
La démarche du sénateur semblait, en tout cas, sincère.
Soulignant que certains blogueurs accrédités (dont votre serviteur) n’étaient
pas encartés UMP, il en concluait : "Que les inquiets restent
zen, les blogueurs ne sont pas des journalistes et sont d’abord complètement
bloggeurs !".
Une vision intéressante, même si aucun blogueur accrédité
(dont votre serviteur, qui avait pourtant repéré la note du sénateur depuis
Marseille), n’avait vraiment suivi la consigne d’Alain Lambert.
Malheureusement, deux points de vue (contestables) viennent
remettre en cause la vision optimiste du sénateur de l’Orne. Deux points de vue
émanant de personnes à l’influence réputée sur le Net et dans les médias.
- Un journaliste d’abord, Daniel Schneidermann : dans une note
caustique, le journaliste considère que "Nicolas Sarkozy a
neutralisé les blogueurs du Lemeurland". A ses yeux, les douze
blogueurs accrédités sont des « industriels du blog ». Raté,
l’un d’entre eux au moins est à l’ANPE, devinez lequel... Jugeant l’équipe des
blogueurs envoyée à Marseille, le journaliste moque leurs récits de bobos
parisiens, obéissant aux consignes, dont, notamment, celle de ne pas filmer la
rencontre « off » entre le président de l’UMP, les journalistes et les
blogueurs en salle de presse. Tous, sauf votre serviteur qui n’avait pas les
moyens de filmer la rencontre et, pire, fut averti au dernier moment de la
rencontre « off » qui s’achevait.
Daniel Schneidermann s’est plu, voire amusé à chambrer les
blogueurs accrédités. Mais il a omis le petit inconnu du groupe. Le journaliste
n’a donc pas vérifié ses informations. Ou alors je ne l’intéressais pas, ce que
je comprendrais parfaitement. Néanmoins, le journaliste donne la vision d’un
groupe fermé de blogueurs, heureux d’être entre eux et de découvrir le métier
merveilleux de reporter, sans pour autant faire de vrais reportages
journalistiques.
Daniel Schneidermann contredit donc la vision optimiste du
sénateur. La blogosphère est sectaire, M. Lambert...
- Un blogueur, ensuite, « Versac » (pas d’identité
précise) : dans une note
relative à cette couverture, le même blogueur relativise la réputation de
l’équipe accréditée. Il distingue ainsi les blogueurs professionnels (les trois
quarts de l’équipe) et écarte trois autres blogueurs (dont votre serviteur),
jugés suffisamment amateurs pour décrédibiliser l’impact escompté au départ par
les organisateurs UMP. Les blogueurs professionnels, bien que performants à ses
yeux dans la couverture, n’étaient pas suffisamment accrocheurs dans l’analyse
politique. Ils n’avaient pas, en comparaison, usé des méthodes rigoureuses de
leurs homologues américains. Malgré cela, le blogueur juge que "leur
blogging ne s’est pas arrêté à de la déconnade [...] ou à du relais de vidéo".
Il contredit donc sur ce point la vision précédente de Daniel Schneidermann.
Mais le blogueur renouvelle sa pensée en estimant que l’UMP
s’est trompée en n’invitant que des blogueurs, raillant une vision fascinée du
blogueur de la part du politique. Il estime que les blogueurs professionnels
avaient leur place, mais que l’UMP aurait dû ouvrir ses accréditations à des
internautes plus axés sur l’analyse politique. Le blogueur déplore ainsi que
les trois autres blogueurs, les amateurs, ne fussent pas "des cadres
actifs dans l’Internet et la communication (et, sauf deux, n’ont pas un blog
typepad). Peu parlent de politique de manière spécialisée ou courante. Et leur
potentiel de couverture de « l’Internet vivant » (la blogosphère) reste
réduit, comme l’est leur autorité pour commenter le fond d’un événement
politique". Et comme Daniel Schneidermann, le blogueur se
trompe : l’un des trois amateurs est bien un féru de politique et ses modestes
diplômes peuvent le prouver. Plus féru de politique que blogueur. Les textes publiés
pour AgoraVox
et Election-présidentielle.fr
viennent également le prouver. Comme Daniel Schneidermann, le blogueur n’a pas
vérifié ses informations. Mais après avoir séparé le bon grain (les blogueurs
professionnels) de l’ivraie (les blogeurs amateurs), le blogueur réduit la
sphère des blogueurs compétents à ceux ayant un blog sur Typepad, fournisseur
des services de blogging pour l’UMP. En somme, si vous n’êtes pas Typepad, vous
ne valez rien. Je suis sur Haut et fort, mince alors...
Finalement, le blogueur contredit la vision optimiste du sénateur. La blogosphère est sectaire, M. Lambert... Oui, M. Lambert. Malgré toute la bonne volonté de votre démarche, beaucoup ont une vision simpliste, méprisante et hautaine de la blogosphère. Allez, je le ferai rien que pour vous, M. le Sénateur : la blogosphère n’est pas sectaire ! (Juste un peu...)
2 - Réponse de Nicolas
Voisin :
"Donc, le big bang n’aura pas lieu. Pas en France. Pas tout de
suite. Pas avec ces blogueurs ni ces politiques-là. Sarko a mis les
blogueurs dans sa poche. Ca lui a coûté plus cher que pour les journalistes encartés : il a fallu leur offrir un billet d’avion et des nuits
d’hôtel. Aussi simple que ça."
Monsieur Schneidermann, votre billet
est d’une bêtise crasse. Et vous ne l’êtes (l’étiez) pourtant point !
Me voilà donc « tricard », comme vous dites, chez vous. Vous voyez,
Daniel, les blogueurs, quand on les emmerde, ils vous dise merde ! Même
pas peur...
"Daniel
Schneidermann est aussi un grand donneur
de leçon cathodique", écrit Jules
chez lui en réponse à Daniel. "Voilà bien un systémien que ce
Schneidermann, paniqué à l’idée de voir son monopole du prêt-à-penser craquer
de partout", rajoute Antifada
en commentaire.
"Un autre critique n’est, lui, pas journaliste, mais blogueur,
j’ai nommé Versac, dont ce billet
(NDLR : billet où celui-ci afflige les blogueurs présents du sobriquet d’industriels du blog- bien vu de la part d’un conseiller politique ?)
fournit à Daniel Schneidermann l’occasion de sa première pique", précise Koz
dans un excellent article dont je vous recommande la lecture. "Il n’y
a paslieu de le regretter, ce
sera une carte à soulever (avec
la carte
Autheuil) pour souligner que les
blogueurs ne sont pas nécessairement
béats.[...]Je suis en désaccord
aussi sur le ton employé, que je
trouve inutilement sarcastique et agressif.
OK, Daniel, t’as des couilles et
t’as pas peur d’être vilain avec les
blogueurs-stars, mais bon, en même
temps, qu’est-ce que tu en
as à f... ? Faut-il y
voir de l’animosité envers des blogueurs
qui n’ont pas adopté l’angle qu’il
aurait souhaité ? Qui se sont montrés
insuffisamment critiques envers ce Sarkozy
à son goût ? Ou seulement, comme
veulent nous le faire penser son
intro et la conclusion, une amère
déception devant un big bang souhaité,
annoncé, et qui ne serait pas
produit ? Je m’tâte."
Avançons... Soit dit en passant, cher Daniel, le Podcast
sur l’université d’été du PS est en ligne dans la nuit de demain, celui sur
l’UE de l’UMP dans dix jours, celui sur l’assemblée de Cap21 ensuite, et enfin celui
sur la réunion, dimanche, de l’Alternative unitaire. Les regarderez-vous ?
Nous réalisons ces contenus à nos frais, pendant nos nuits et week-ends (ceux mêmes
que vous et vos chroniqueurs ne prenez pas pour couvrir si brillamment ces
évènements), et cela par passion de cet exercice pluraliste, Monsieur. Mais vous
dénigrerez sans doute longtemps encore l’enthousiasme et la volonté de création
et d’expression citoyenne. Vous, le chantre du Big Bang informationnel.
C’est navrant. J’avais aimé votre travail. Jusque-là. Faut-il lire dans vos
piques une frustration plus qu’un agacement ?
"Alors effectivement, répond Vinvin (fournisseur
officiel de commentaires scintillants), il reste quelques questions.
A quoi cela a-t-il servi ?
A faire du bruit, certes. Et
ce qui vous énerve est peut-être
que ce soit la droite de Sarko
qui en ait eu l’idée, et pas
Ségolène ou Bayrou. A démontrer que
les blogueurs ne sont pas journalistes ?
Je répète que pas un seul
d’entre nous l’a jamais prétendu.
Que lorsqu’on paie l’hôtel, on nous
a dans la poche ? Je n’ai
pas de mots pour répondre à la légèreté (je suis toujours courtois)
d’une telle affirmation. Que nous ne sommes
pas plus acides que quiconque face
à un ministre ? Eh oui. C’est
fou, non ? Nous ne sommes que des
civils jetés dans un monde de
dingues (journalistes) avec des codes,
des hiérarchies, des bousculades, des privilégiés.
En me rendant à ces universités,
je m’étais dit que je raconterais l’histoire
de Paf le chien à Sarkozy
si je le croisais. Pour voir
ses réactions - humaines ou pas
- en cas de question non formatée.
Quand j’ai eu l’occasion de le
faire, il y avait 300 personnes, 12 gardes
du corps, 50 caméras. J’ai gardé la
blague dans mon slip et puis c’est
tout. Quel scandale, je n’ai pas
eu la Big Bang attitude..."
Le Big Bang dont vous rêvez, Daniel, n’est pas celui des médias
libres. Ou ne cherchez plus ; que cela vous plaise ou non, la « révolution » que
vous quêtez entre deux rapports d’audience est bien là, le "bon peuple
(in)soumis" a obtenu son droit de réponse. Voilà... J’ai ce soir retiré votre
blog de mon agrégateur. Une peccadille. A la hauteur de vos accusations. Je ne
voterai pas Nicolas Sarkozy, cher Daniel. Vous n’y êtes pour rien, pas plus que
ces 48 heures marseillaises. Je n’aurai en revanche plus la curiosité de vous
lire. Et de cela, vous avez seul la responsabilité. A juger ainsi les uns et
les autres à l’emporte-pièce, vous y gagnerez cependant en audience. Je n’ai
aucune crainte pour vous. Peut-être en éprouverez-vous une demain pour votre crédibilité,
à vous en prendre ainsi en masse et sans distingo à ceux que vous draguez par
ailleurs ?
"J’ai encore plus de mal à
mesurer les vertus de votre texte",
écrit Calamo à la suite de cette note. "Ce qui fait (ou
pourrait faire, à terme) la force
des blogs politiques est avant tout
leur existence - et l’accessibilité de leur
contenu - plutôt que la participation
d’une poignée de leurs auteurs à tel
ou tel événement politique : il
paraît que l’Internet est vaste et,
de toute façon, il incombe à chacun
de séparer le bon grain de
l’ivraie, quelle que soit la source
de l’information. Or, et pour
autant que vous ayez souhaité railler
les « accrédités » dans votre billet,
n’avez- vous pas l’impression, ce faisant,
de dévaloriser plus largement les blogueurs...
dont vous attendez votre Big Bang ?’
« J’ai prévu de continuer »,
conclut Thomas dans son commentaire.
Moi aussi.
Et cette bulle-là a le savon coriace, cher Daniel.
Au plaisir de vous croiser ;)
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