Le Léviathan sanitaire et le Discours sur la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie
L’urgence permanente utilisée comme un instrument de gouvernement. Nous assistons aujourd'hui à une forme inédite d’expression du pouvoir : celle de l’urgence sanitaire, qui dure depuis maintenant deux ans, entraînant restrictions, fermetures et compression des libertés démocratiques. Jusqu’à l'adoption du passeport vert, qui était interdit dans tous les pays de la Communauté européenne, reste debout de façon bancale seulement en Italie et en France. Avec les différences qui s’imposent. En France, il n’est pas exigé des enseignants et des étudiants dans les écoles de tous niveaux et dans les universités, mais en Italie, il l’est. En France, il est obligatoire pour se rendre au et au restaurant, aussi bien pour manger à l’intérieur que sur la terrasse. En Italie, il n’est valable que pour l'intérieur. Dans les deux pays, il est requise pour entrer dans les lieux culturels tels que les cinémas, les musées, les théâtres. Dans les deux pays, cela a provoqué des soulèvements sans fin, dont la presse complaisante n’a pas prononcé un seul mot. En fait, le journalisme grand public ne sort pas très bien de cette affaire. Entre manipulations et omissions, l’objectif est de faire passer un récit à sens unique. Autrement dit, les seules solutions pour contenir le Covid-19 sont les vaccinations généralisées et l’utilisation d’un passeport qui, dans la vie de tous les jours, montre aux autres que vous n’êtes pas infecté. En plus d’être un outil hautement discriminatoire, le pass sanitaire ne garantit pas que son détenteur n’est pas contagieux. Il n’a donc aucune valeur du point de vue de la santé. Mais il y a plus. L’État et les multinationales pharmaceutiques, tout en contournant toutes les réglementations européennes, tout en martelant le sens des responsabilités et le concept de “ libre choix “ du citoyen, se gardent bien d’assumer leurs propres responsabilités, et encore moins les risques d'effets indésirables des vaccins.
Il suffit de parcourir les commentaires qui apparaissent sous les différentes publicités sur les vaccins (par exemple ici) pour se rendre compte à quel point les Français sont fatigués de ce récit. En Italie, par contre, il y a des manifestations d’étudiants contre le passeport vert, alors que 150 professeurs d’université (pour l’instant) signent un document pour le retrait de cet outil douteux des universités, le magistrat et universitaire Augusto Sinagra, rappelle le Premier ministre Mario Draghi :
« Vous êtes destiné à l’échec. Les “juristes” du prince ne suffiront pas à accréditer la poursuite du prétexte d’une prétendue et supposée urgence épidémique. Un agent pathogène moins grave que beaucoup d’autres est utilisé comme un outil de gouvernement. Vous, mon cher banquier, pourrez prendre des mesures législatives encore plus liberticides. Vous pouvez toujours violer la Constitution et les lois de l’État, et même les règlements de l’Union européenne (qui est maintenant manifestement silencieuse face à des violations aussi effrontées), mais vous ne parviendrez jamais à corrompre les âmes de millions d’Italiens et à les faire plier en quatre. Même dans un désert de décombres moraux et matériels, elle les trouvera toujours debout ».
Et si pour le pape François, “vacciner est un acte d’amour”, pour Monseigneur Carlo Maria Viganò, ce n’est pas tout à fait le cas. Le haut prélat, en effet, ne manque pas de souligner les maladies soudaines de ceux qui meurent après l’administration d’un vaccin (ou plutôt du sérum génétique expérimental qui le restera jusqu’en 2023) et, sans hésitation, affirme clairement que Bergoglio est allié au plan du Nouvel Ordre Mondial, qui permet “aux gouvernements d’utiliser l’état d'urgence pour légiférer en dérogation de la loi et imposer les soi-disant vaccins à toute la population, rendant les citoyens traçables dans tous leurs déplacements, malades chroniques ou stériles”.
(La vidéo dans laquelle Viganò déclare cela est ici).
Dans ce scénario que j’ai qualifié ailleurs de “dystopique”, nous avons suffisamment d’éléments pour tenir des discours et des analyses sur la nature et les modalités dans lesquelles le pouvoir s’exprime. Certes, il s’agit aujourd’hui d’une sorte de Léviathan thérapeutique, dans lequel un réseau d’intérêts et d’alliances entre la politique, les banques et les multinationales pharmaceutiques est à l’œuvre. Et quoi de plus sûr qu’une urgence sanitaire pour comprimer au maximum les libertés des citoyens, les plier à n’importe quel diktat sous prétexte de liberté de choix, qui n’est pas libre, imposer des sanctions et les priver de vie sociale et professionnelle ?
Sur ces aspects inquiétants qui caractérisent notre vie à ce stade de l’histoire, des parallèles ont souvent été établis avec les totalitarismes du XXe siècle. Cependant, en ce qui me concerne, j’ai trouvé plutôt éclairant un essai d’Étienne de La Boétie, philosophe français du XVIe siècle, ami proche de Montaigne, diplomate de Catherine de Médicis et auteur du Discours sur la servitude volontaire.
Dans cet essai, l’auteur rappelle que « c’est un terrible malheur d’être soumis à un maître », car on ne peut jamais être certain de sa bonté. Le pouvoir que le tyran a sur les hommes est celui que lui confère leur endurance. « La faiblesse humaine est telle que nous devons souvent obéir à la force ». De La Boétie offre de nombreux exemples de soumission tirés de l’histoire ancienne et révèle un ton méprisant et ironique à l’égard de la populace sans éducation, qui remet sciemment sa vie aux puissants. Un homme comme les autres, dont le pouvoir repose sur la misère de ceux qui l’entourent : des lâches et des obtus prêts à supporter le mal, des gens qui se penchent pour avoir une vie tranquille, des gens sans colonne vertébrale et sans fierté dont le cœur est abject et faible et incapable d’aspirer à de grandes choses, des profiteurs de toutes sortes qui visent à s’enrichir en servant les puissants. Mais surtout, des gens sans culture, « une populace qui s’adonne plus que tout aux plaisirs de la gourmandise ». Ce sont eux qui pleuraient de désespoir la mort d’êtres impurs et sans humanité comme Néron et César, qui séduisaient les gens du peuple avec des fêtes et des réjouissances, ou les crétins qui adoraient les rois d’Assyrie, de Média et d’Égypte comme des dieux (en cela, La Boétie anticipe les études modernes de psychologie sociale sur les cultes de la personnalité).
Le pouvoir tyrannique, rappelle de la Boétie, est comme un feu qui dévore tout ce qu’il rencontre : « Certes, comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter, de même, plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus où leur fournit, plus on les sert. Ils se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n’ayant plus de suc ni d’aliment à sa racine, devient sèche et morte ».
Le plus grand mépris de La Boétie est pour les ignorants, qui sont nés pour servir parce qu’ils ne raisonnent pas. L’absence de critique et de raisonnement est, comme nous le savons, le plus grand danger pour les démocraties. C’est pourquoi il faut être vigilant et essayer de se frayer un chemin avec un esprit critique dans l'énorme quantité d’informations dont la société de communication actuelle nous abreuve quotidiennement.
Mais existe-t-il un moyen de vaincre la tyrannie, quelle qu’elle soit ? La Boétie nous offre une suggestion que nous pouvons recueillir :
« Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche... ».
Bref, pour se défendre contre le tyran, il faut : vigilance, respect de soi et ne pas consentir à se priver de sa liberté pour poursuivre qui sait quelles promesses destinées à ne pas se réaliser.
Voilà l’actualité d’un discours qui, développé en 1500, est valable en tout temps.
La route vers la tyrannie est droite et simple, elle semble ne demander aucun effort et ne mène qu’aux ennuis. Le chemin vers la démocratie est lent et tortueux et exige un engagement et de nombreux sacrifices. La plupart du temps, cela demande beaucoup d’endurance. L’homme est né libre, mais dans l’histoire il est destiné à conquérir sa liberté.
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