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Le logement social by Sarkozy : mythe ou réalité

Comme c’est l’usage, les propositions de Sarkozy sur le logement seront étrillées par tout ce que notre pays compte comme spécialistes. Peut-on simplement les regarder comme un ensemble cohérent susceptible d’apporter quelques solutions et s’intéresser aux conditions politiques et institutionnelles de leurs mises en oeuvre.

Un discours de 14 pages exclusivement consacré au logement, l’expression d’une pensée cohérente qui « ne lâche rien » : une France de propriétaires, un coup de pouce au pouvoir d’achat et plus personne à la rue avec les HLM aux manettes.

Des chiffres, des ordres, des délais, le cocktail de l’efficacité est réuni, reste à apprécier la faisabilité réelle du projet.

En premier lieu, un raisonnement simple, les logements pour les plus démunis existent dans le parc HLM sous réserve que ceux qui n’ont rien à y faire le quittent vers le parc locatif privé ou l’accession à la propriété.

400 000 logements libérables, quatre ans de production de logement sociaux nous dit-il.

Au-delà de la querelle de chiffre qui s’en est suivi, 200 000 logements au moins (5 % du parc social) peuvent être ainsi libérés pour la plupart à Paris, en première couronne, et dans les plus grandes villes. 200 000 logements rendus disponibles pour faciliter l’insertion des pensionnaires des centres d’hébergement et nouveauté présidentielle, loger les salariés en mutation professionnelle.

On humanise et on dynamise, solidarité et compétitivité deviennent possibles, le modèle social-libéral trouve une réalité.

L’articulation des mesures se poursuit avec les places libérées dans les centres d’hébergement qui s’ouvrent pour les SDF ou, au moins, pour tous ceux qui accepteront de quitter la rue.

Les opérateurs : les organismes HLM, on les secoue, une évaluation de leur activité est clairement proposée autour de leur capacité de production, de rénovation, de vente et de promotion de programmes immobiliers en accession à la propriété au profit du plus grand nombre. Si certains organismes HLM manquent de moyens, il est clairement imaginé qu’ils puissent bénéficier des capacités financières de ceux qui ne font rien et qui disposent d’un bas de laine substantiel. On les appelaient jadis les dodus inactifs.

Point d’orgue du raisonnement, une modération de l’évolution des loyers rattachée à l’inflation générale et donc déconnectée des coûts de la construction.

La capacité d’investissement de ces organismes n’en sera pas plus affectée puisque ce manque à gagner sera compensé par les plus-values sur les ventes qui, elles, évoluent avec les prix de l’immobilier qui galopent au-delà de l’évolution des coûts de construction.

Bravo l’artiste, même l’urbanisme est revisité en rappelant que la ville doit être plus dense au centre qu’en périphérie où la maison de ville est mise à l’honneur. Sur cette question, le doute perce cependant avec un recours affiché à l’imagination administrative de Borloo 2 qui devra par ordonnance (excusez du peu) libérer les forces de l’urbanisation pour desserrer l’étau foncier et permettre une réelle fluidité du marché du logement..

Il serait sans doute excessif de considérer le président déjà battu sur ce terrain et, pourtant, même réformé en urgence, l’urbanisme est une activité à forte inertie. En admettant même qu’il arrive à convaincre et que la bureaucratie ne le mange pas, seul son successeur pourra éventuellement tirer profit de ces réformes.

Dans le même temps, les collectivités locales mettront tout en œuvre pour ne pas faire ou pour se hâter lentement tant la protection des avantages acquis, de ceux qui habitent par rapport à ceux qui s’installent et la répulsion de la grande pauvreté les guident dans leurs choix politiques.

Sur la plupart des territoires, les élections municipales prochaines renforceront encore cette situation avec des programmes qui, à l’instar des propos déjà anciens de J.-M. Le Pen, privilégieront le fils sur le voisin et le voisin sur l’étranger.

S’il fallait en trouver une, une voie existe peut-être encore pour passer outre ces fortes contraintes. L’Etat, tant qu’il bénéficie de sa légitimité politique récemment acquise, autrement dit tant que l’opinion ne se sera pas retournée, peut reprendre le leadership afin d’assurer la satisfaction des besoins en logements. Fondant son action sur l’autorité des préfets et sur leur capacité partielle, mais réelle, à mobiliser certains corps intermédiaires comme les organismes HLM, les associations et les partenaires sociaux, mais également les opérateurs immobiliers privés, l’Etat en usant de quelques mesures exceptionnelles doit pouvoir engager des actions d’urbanisation ultra-volontaristes susceptibles, d’une part, de débloquer le marché, mais également de répondre aux aspirations des populations sur chaque territoire.

Grand paradoxe que d’en appeler à l’Etat pour résoudre des crises locales, mais n’oublions pas que les grands défis de l’extension des droits fondamentaux, comme la scolarisation obligatoire, ont toujours emprunté ce chemin dans notre pays, quitte à lâcher la bride de l’autonomie des collectivités une fois un nouvel équilibre revenu.

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2 réactions à cet article    



    • judel.66 20 décembre 2007 21:53

      merci ERIC croyez vous que les mesures nouvelles sur l’indexation des loyers ,sur la diminution de la caution ,sur les discriminations, sur les expertises, plomb ,chaudière,fenètres ,etc (7 expertises)vont inciter les bailleurs ,pardon,les mechants propriétaires, a louer davantage

      croyez vous que ces bailleurs qui declarent leurs revenus locatifs dans leur revenu global et paient par imposition séparée, en plus ,la csg sur ces revenus locatifs ainsi imposés deux fois et ,bien sur , entrent dans l’ISF pour la valeur en capital des biens loués seront incités a placer leur argent dans du locatif...

      «  »on«  » vend et «  »on«  »va continuer a aller placer son argent en suisse...

      ce n’est pas en donnant davantage de droits aux locataires que l’on résoudra la crise du logement et accessoirement que l’on gagnera les elections....

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