Le loto, rituel moderne
Les Français investissent des milliards dans les jeux d’argent. Cet opium du peuple me fascine...
Samedi après-midi, j’étais dans un café où on joue au loto, au millionnaire et autre morpion. Une trentaine de personnes défilent à la caisse tandis que je bois mon café, accoudé au bar. Les joueurs se succèdent, leurs feuilles de jeu à la main.
Qu’est-ce qui rassemble tous ces gens ? Je tente de saisir l’expression à la fois souriante et grave qui se peint sur chaque visage. Oubli des problèmes quotidiens, espoir de gain...
Allégresse
C’est un sourire esquissé, une joie fugace, une excitation bien maîtrisée. Ceux qui jouent semblent dire : « Je sais que je n’ai aucune chance », « Je n’y crois pas et tout en n’y croyant pas, j’y crois... » Les adultes, plus que les enfants, aiment le « faisons comme si »...
La jeune fille derrière la caisse introduit les feuilles de loto dans la machine. Elle reçoit et rend de l’argent. Un homme convertit son gain en une cartouche de cigarettes. Après lui, une femme choisit le grattage. La jeune fille connaît la moitié des clients. Tous investissent au moins dix euros, certains plusieurs dizaines.
Rituel
Sauf exception, le jeu n’a rien de pathologique. C’est un rituel. Un de ces nombreux rites qui « structurent » une société sécularisée. Le comptoir joue le rôle de l’autel ou du temple. L’échange d’argent est une version moderne de la transsubstantiation. Et la serveuse est promue au rang de prêtre, ou plutôt de vestale. Le loto, c’est toute une métaphysique...
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