Le lundi 4 février 2008, il ne s’est rien passé excepté quelques drames ordinaires

Quelques faits sans connexions. La ratification du Traité simplifié dont on ne sait s’il est une Constitution ou un Traité ou un mets exotique servi par les traiteurs de Lisbonne. Un drame bien ordinaire. Au grand désespoir des nonistes et autres puristes de la voix du peuple. Sous les regards des traders des grandes banques qui n’ont rien à se reprocher dans les affaires de blanchiment d’argent sale par ces mêmes banques. Ce qui du reste n’intéresse pas Mme Lagarde, sur ses gardes pour surveiller les mécanismes de contrôle, peu importe l’origine des fonds, pourvu qu’ils ne soient pas dilapidés par des traders formés à Las Vegas. Sale ou pas, l’argent est sacré, comme les prélats de l’Eglise, saints ou pédophiles ! Les uns jouent au casino, les autres avec les mafias et le monde ne se méfie pas des dangers inhérents à ces pratiques, vu que le citoyen moyen reste chez lui et va au cinéma, mais qu’il soit prudent, dans quelques lieux, des policiers ivres jouent à la gâchette, tirant à double vue, mais dans la cible sur quelque gérant de bar et deux mises en examen. Alors qu’un quidam plus qu’excité a fait deux victimes dans un établissement de nuit, ce qui fait quelques morts de plus ajoutés à ceux de la route dont on ne parle pas. Ainsi roule une société démocratique, avec ses petits drames inscrits en faits divers, mais qu’on ne souhaite à personne car il n’est pas bon de vivre ces malheurs. Le monde est violent, mais, en Afrique, on va finir par désespérer de ce continent qui voit une guerre civile tribale se dérouler au Kenya, une guerre de factions au Tchad, avec le Soudan se plaisant à mettre le feu dans la région et, en Mauritanie, de sombres desseins sont fomentés par quelques activistes islamistes. Pauvre Afrique qui, au Sud, subit l’héritage d’une civilisation avortée, amputée du modernisme de l’Etat de droit, minée par les affrontements tribaux et qui, au Nord, subit l’héritage d’une civilisation dévoyée, celle d’un islam devenu un prétexte aux mains des factieux désireux d’imposer un ordre politique hérité d’un autre âge. Alors qu’à l’Ouest, des Africains pratiquent le commerce de jeunes esclaves, entre le Bénin et les plantations de Côte-d’Ivoire. Un continent à la renverse. Les institutions officielles se portent à son chevet, mais se passe-t-il quelques communications entre ces deux mondes. Pourtant, soyons fous, l’Afrique est riche de ses ressources et de ses populations et finira par s’en sortir, par surnager, comme l’Occident du reste.
Le monde suit son cortège de drames et d’événements. Riche ce mois de février commençant ? Attentat en Israël, ça faisait un bail. Et les caucus qui arrivent tel un Super Tuesday érigé en tsunami de la vie politique américaine. Un drame, nous l’espérons tous, une larme d’Hillary pour la photo. Le mariage d’un couple présidentiel, un drame pour la presse qui, privée d’images et d’info, se voit condamnée à évoquer un contrat de mariage, faute de précision sur le déroulement des festivités ; car la belle Carla, dame pas ordinaire, est plus riche que son époux, dixit le billet du Figaro. Un drame que ces attaques de Jean-Louis Debré trop coincé dans les habits de la bienséance républicaine et qui n’a pas encore réalisé que le général de Gaulle est mort il y a plus de trente ans. Comme quoi, Sarkozy a vu juste en lançant le plan Alzheimer. De toute façon, on ne se souviendra pas de ce 4 février, ordinaire comme peut l’être un jour où les signes d’un malaise de civilisation se font sentir, comme d’autres jours, mais un petit peu plus ce 4 février. Raffarin et Attali ne s’aiment pas, cette fois c’est sûr, leur divorce s’étale tous les jours. Et Georges Bush d’accentuer le déficit budgétaire des States. 70 milliards de dollars prévus en supplément pour financer la guerre et tout le monde trouve cela normal. C’est cela en vérité le drame, que les citoyens, abrutis par tant de divertissement, pris à la gorge par les financements, victimes de leur propre démission de la raison, trouvent naturellement naturel que l’on en arrive à une telle absurdité, à une dépense démesurée, dont on ne peut que se prendre au vertige, si l’on imagine ce qu’on pourrait faire avec une telle somme en matière de dépenses sociales. Mais qui sait, le drame étant une autre vérité, les gens au pouvoir ayant compris ou plutôt décrété que l’individu désocialisé ne mérite pas un étrier et doit rester sur la route, comme un paria sacrifié sur l’autel du pragmatisme et de la religion de l’efficacité.
Mais qui sait si le drame le plus flagrant pour nous, Français, n’est pas celui de François Bayrou, ce templier de l’ordre politique plastique et fantastique, souple à souhait, hussard de la différence, prophète de la France en mouvement par-delà les lignes Maginot des partis constitués, qui peine à imposer une discipline et une ligne de conduite à Lyon. Un prophète sans disciples et disciplines, c’est comme une moule-frites sans frites ou un couscous sans semoule. Le MoDem lyonnais a implosé, comme un bouchon lyonnais explose ; autre drame d’une formation politique qui se croit investie d’une mission impossible et qui ne sait pas à quel point un bouchon lyonnais est important dans cette ville, comme du reste les échoppes bordelaises à Bordeaux. Ah, ce drame des politiciens qui jouent la partie sans connaître les pièces du jeu local et, surtout, les gens. Et, à Bordeaux, c’est l’émoi, des Chinois viennent d’acheter un château dans l’Entre-Deux-Mers.
Microsoft juge l’offre acceptable, Yahoo réfléchit, Google surveille, Apple marque sa différence et le monde ne s’en porte pas plus mal. Dramatiser ces jeux de prises de part de marché, c’est comme se révolter contre la pluie. La nature a ses phénomènes, l’économie aussi. Les dollars et les euros pleuvent et les chamanes de la technologie sont heureux. Voilà une nouvelle innocente après cette succession de drames ordinaires d’un 4 février. Y compris la chute de popularité de 13 points de notre président pourtant si professionnel au point d’avoir choisi une épouse officielle plus vite que la vente d’un appartement lors d’une succession. Ingrats les Français ? Oui ! D’autres mauvaises nouvelles ? Soixante ans d’indépendance du Sri Lanka et une série d’attentats. Ces gens ont des drôles de mœurs. Ici, le 14 juillet se fête avec des pétards et des beuveries de bals festifs où les seules victimes sont liées à une consommation abusive d’explosifs festifs et d’alcool. Et puis, en ce monde, on manifeste, on enquête, on juge, on punit, on tue, on consomme, on consume, on s’amuse, ainsi le monde va la tête folle, mais, Dieu merci, il existe encore des dirigeants qui dirigent et des citoyens qui savent maintenir la barre. C’est la bonne nouvelle de ce 4 février 2008. Le monde a un gouvernail, même si les médias donnent l’impression d’une civilisation au bord du chaos. Et la période des carnavals a commencé. Ne vous privez pas. Il faut festoyer, s’amuser, décompresser, se déguiser, c’est sérieux cette affaire, une bonne dose d’humeur et de gaîté, avant ce triste événement qui arrive, la commémoration de Mai-68.
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