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Le maire de la ville-espéranto répond


Un des habitants les plus occupés de la ville allemande Herzberg am Harz est certainement son maire, Gerhard Walter (GW). Mais notre correspondante à Herzberg, Małgosia Komarnicka (MK), a pu le convaincre de trouver un peu de temps pour répondre à quelques questions, en exclusivité pour "La Ondo de Esperanto".
 
Car Gerhard Walter est le premier maire de la première et actuellement la seule ville-espéranto (1) au monde. Ce n’est pas sa seule caractéristique. Il est toujours souriant, chaleureux, amical ; pendant les rencontres officielles, il trouve toujours le temps d’échanger quelques mots presque avec chaque personne ; mais le plus important, c’est qu’il apprend l’espéranto, et il trouve toujours un moment pour les espérantistes. Les premières questions ont porté sur l’espéranto.

(Interview paru dans le mensuel espérantophone La Ondo de Esperanto 2010, N°6, traduit par krokodilo).
 
MK : Êtes-vous conscient d’être un maire unique et atypique ? Principalement parce que vous défendez et soutenez ouvertement l’espéranto ?
GW : Oui. Je suis un peu comme Don Quichotte. J’ai vite remarqué que beaucoup de mes collègues n’ont pas réalisé que l’espéranto est une chance.

MK : Pourquoi apprenez-vous l’espéranto ?
GW : Parce que des citoyens d’Herzberg, très actifs, enseignent cette langue et travaillent en sa faveur. En tant que maire, je dois le refléter.

MK : En apprenant l’espéranto, vous vous êtes déjà fait une idée de ses avantages et ses inconvénients. Pouvez-vous nous les indiquer ?
GW : Les avantages : la rapidité d’apprentissage. Les inconvénients : de trop nombreux préjugés, et un manque de soutiens à des postes influents.

MK : Selon vous, existe-t-il des perspectives pour l’espéranto dans le futur ? La Pologne peut-elle jouer un rôle particulier dans son développement ?
GW : Je pense que l’espéranto restera encore un « hobby » pendant des décennies. Imaginez si les Britanniques devaient demain conduire à droite... Les structures sont trop rigides. En Pologne, cela pourrait être plus facile qu’en Allemagne. Là-bas, on pourrait à mon avis « décréter » que l’espéranto est quelque chose de positif. Parfois, on doit pousser les hommes vers leur bonheur. En Allemagne, c’est difficile.

MK : Selon vous, l’espéranto pourrait-il être une « langue-pont » entre les hommes des divers peuples ?
GW : Tout à fait. Je le vis tous les jours à Herzberg. Il y a quelques années je n’aurais pu imaginer que, par exemple, des Asiatiques et des Africains communiquent entre eux par l’espéranto, et non en anglais !

MK : A votre avis, quelle devrait être la première qualité d’une langue internationale ?
GW : Je répondrais que l’espéranto est très facile à apprendre – surtout pour ceux qui ont déjà appris le latin, l’anglais ou le français.

MK : Selon vous, l’idée d’une langue internationale rapprochant les hommes est-elle trop idéaliste dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui ?
GW : Oui – c’est ainsi.

MK : En tant que maire de la ville-espéranto, vous rencontrez souvent des espérantistes. Quel souvenir gardez-vous principalement de ces rencontres ?
GW : Des gens sympathiques, très engagés – malheureusement trop peu nombreux à des postes influents.

MK : Au Parlement européen, il y a une forte opposition à l’espéranto comme langue européenne commune, bien que l’espéranto se soit montré une solution efficace pour la communication internationale. D’après vous, quelle est la raison de cette attitude ?
GW : Chaque homme s’en tient à ce qu’il a appris – dont il dépend. C’est seulement lorsque l’espéranto sera enseigné à l’école comme une vraie alternative que l’idée aura sa chance.

MK : L’idée de l’espéranto est, d’une certaine façon, idéaliste. Les hommes, pris individuellement, réalisent leurs rêves au moyen de cet idéalisme. Les politiciens et les professionnels des langues trouvent des arguments contre l’espéranto. Pourquoi, d’après vous, n’existe-t-il pas de consensus sur les qualités linguistiques de l’espéranto ?
GW : Comme je l’ai déjà dit, chaque homme pense d’abord à lui-même. Pourquoi chacun n’apprendrait-il pas d’abord l’anglais, l’espagnol ou le français ? L’espéranto n’a pas actuellement de lobbyistes qui parlent en sa faveur.

Comme le maire de Herzberg avait encore un peu de temps, notre correspondante a décidé de lui poser quelques questions sans rapport avec l’espéranto, pour mieux faire connaître sa personnalité aux lecteurs.

MK : Quelle est votre règle de vie ?
GW : Avoir une attitude positive – alors on réussit (presque) tout.

MK : Quelles sont vos forces et vos faiblesses ?
GW : Mes points forts sont une bonne santé, une bonne mémoire et une attitude positive face à la vie. Mes points faibles sont l’autoritarisme, le désir de convaincre les autres ; j’écoute mal.

MK : Y a-t-il quelque chose que vous ayez atteint laborieusement ?
GW : Des notes moyennes ou bonnes à mon examen d’entrée (j’étais seulement dans la moyenne).

MK : Vous avez de nombreuses activités. Arrivez-vous à concilier vie privée et vie professionnelle ?
GW : Seulement difficilement. Plus je suis maire, plus il y a de travail qui m’attend. Cela empiète sur mon temps libre et donc sur ma vie familiale.

MK : Qu’est-ce qui vous détend le plus ? Comment passez-vous votre temps libre ? Quel est votre loisir préféré ?
GW : Autrefois, écouter de la musique me reposait, de la musique apaisante, par exemple "Amazing grace" par Judy Collins et d’autres.

MK : Êtes-vous curieux du monde ? Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans le monde ?
GW : J’ai un côté un peu Faustien (2), je ne quitte pourtant presque pas ma circonscription. Dommage que l’on soit juste un hôte de passage dans ce monde...

MK : Aimez-vous la lecture ? Quel livre avez-vous lu dernièrement ? Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
GW : Je ne lis pas de romans. Ma littérature est faite de lois, de décrets, de protocoles, etc. Sur une île déserte, il y aurait trop de travail.

MK : Je vous remercie vivement d’avoir consacré tout ce temps à notre entretien. Tous mes vœux de succès !

(Entretien réalisé par Małgosia Komarnicka)

(1) Le nom de "Ville de l’espéranto" (Die Esperanto-Stadt), adopté en 2006 par décision du Conseil municipal, apparaît désormais sur la page d’accueil du site web de la ville allemande de Herzberg am Harz.
(Sat-Amikaro)

(2) Ndt : probable allusion à la curiosité intellectuelle qui motivait Faust, et non à son pacte avec le Diable.

Article original également sur La Ondo de Esperanto en ligne.

Article en allemand, sur ce maire atypique et, selon nous, en avance sur son temps.
 

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15 réactions à cet article    


  • Asp Explorer Asp Explorer 12 juin 2010 12:51

    Vif succès.


    • Krokodilo Krokodilo 12 juin 2010 19:11

      Parfois l’absence de commentaire est préférable à certains commentaires...


    • Asp Explorer Asp Explorer 12 juin 2010 23:27

      Parfois l’absence d’article vaut mieux que d’écrire des conneries.


    • Krokodilo Krokodilo 13 juin 2010 12:40

      Un entretien politique inédit en français serait-il contraire à la charte d’Agora vox ? Je croyais justement que l’ambition d’AV était d’apporter un complément à l’info officielle, si possible locale et vécue, et non un énième article nourri de la lecture des médias traditionnels.


    • cob 12 juin 2010 16:50

      Par curiosité, sur les 14406 habitants que compte la « ville-espéranto », combien parlent espéranto ?


      • Krokodilo Krokodilo 12 juin 2010 19:10

        Je l’ignore, autant que j’ignore combien parlent italien à Paris et combien de Marseillais parlent anglais. Il faudrait en outre définir ce que veut dire parler anglais, italien ou autre : quel niveau ?


      • cob 12 juin 2010 20:14

        Ah, au temps pour moi.
        J’ai cru que la ville-esperanto s’était ainsi faite baptisée parce qu’il s’y trouvait une population majoritairement espérantiste, ou quelque chose du genre.
        A priori ce n’est pas le cas...

        Mais dans ce cas, quelle en est la vraie raison ?


      • Krokodilo Krokodilo 12 juin 2010 20:54

        Hormis celle que donne son maire, je l’ignore. Peut-être l’activité fertile des militants locaux a-t-elle permis d’imaginer que ce pouvait être à la fois une reconnaissance du travail associatif de certains citoyens et un positionnement original. En tout cas, moi c’est la seule ville allemande de 14000 habitants dont je connais le nom ! Et 100% de ses concitoyens savent ce qu’est l’espéranto, alors qu’un sondage en France fait par des militants l’estimait à 40%

        Une « ville-fleur » , par exemple, ne veut pas dire que tous ses habitants aiment les fleurs, idem pour tout un tas de dénominations.


      • L’Ankou 15 juin 2010 11:14

        Voyons... si j’ai bien compris, aux dernières élections (septembre 2006), la CDU, parti de ce maire illustre et bienfaiteur désintéressé des causes les plus inspirées, obtient 15 sièges sur les 30 du conseil municipal (ou équivalent institutionnel en Allemagne), contre 12 à son adversaire direct et trois autres sièges à des listes croupions avec lesquelles il faut donc transiger pour conserver une majorité stable...

        A mon avis, l’élection se joue donc à une poignée de voix. Et même s’il n’y avait que cinq ou six espérantophones, ça coûte toujours moins cher de se déclarer ville espérantiste que de refaire les trottoirs...

        Cette solution n’a évidemment aucun avenir en France, où les communes comptent en moyenne plus d’admirateurs éclairés de Kalon et Morgoth que baragouineurs d’espéranto...

        Bien à vous,
        L’Ankou


      • pokannicknow pokannicknow 13 juin 2010 12:45

        « Mes points faibles sont l’autoritarisme, le désir de convaincre les autres ; j’écoute mal.  »

        Ca, ça se passe de commentaires ....


        • Krokodilo Krokodilo 13 juin 2010 15:45

          Chouette, j’ai enfin pu essayer le nouveau système de pliage des commentaires hors-sujets - encore que celui de Rorschach méritait plutôt un signalement pour grossièreté, son péché mignon, et un effacement, à défaut de l’effacement du pseudo lui-même...


          • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 14 juin 2010 12:58


            La censure est une arme de dictateur et d’ennemi de la liberté.

            Protester contre la grossièreté de gens qui s’opposent à vos idées est une attitude hypocrite et méprisable, c’est vrai pour Hees et Philippe Val, c’est tout aussi vrai pour vous.

            En outre, il est parfaitement dans le sujet de dire que vous n’avez fait que recopier un texte écrit par quelqu’un d’autre.

            Rien de nouveau dans votre attitude, c’est tellement pitoyable que c’en est attendrissant.

            Typhon


          • Krokodilo Krokodilo 15 juin 2010 14:20

            Je vous avais pourtant conseillé l’achat d’un sac à frapper pour défouler votre agressivité... Et je vous engage à vérifier dans le dictionnaire la différence entre recopier et traduire.


          • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Webster Rorschach 15 juin 2010 17:46

            Ce n’est pas agressif de constater votre hypocrisie ou votre paresse, c’est juste dire les choses telles qu’elles sont.

            Le pire, c’est que j’avais été gentil avec vous, en ne vous imputant pas le ridicule de traduire en français une interview qui ne pourrait intéresser, au mieux, que des espérantistes.

            Typhon


          • dormomuso 23 juillet 2010 15:29

            Merci pour cette traduction, krokodilo.
            C’est un peu court, on voudrait pouvoir en savoir plus...
            Mais c’est une bonne idée de faire des traductions.
            Ca prends du temps ?

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