Le malheur à perpétuité
Lorsque les évènements fatals arriveront, et ils arriveront croyez-moi, tôt ou tard, par l'éclatement d'une bulle financière quelconque, par une catastrophe écologique ou par l'annonce des mauvaises prévisions de vente du dernier iPhone, d'une manière ou d'une autre, l'humanité contemporaine sur la brèche, vacillante, s'effondrera dans un élan fracassant, brisant ainsi son incroyable et aberrante course à la modernité.
C'est ainsi qu'arriveront les choses, un beau matin une dépêche sortira, anodine, innocente, puis un individu comprendra, c'est la catastrophe ! Ensuite, la panique, les réactions primitives : se sauver soi d'abord, ses proches et advienne que pourra pour les autres.
En quelques heures, les routes sont paralysées ; aux stations d'essence, aux supermarchés, aux guichets de banque, partout c'est la panique... Adieu la confiance !
La confiance s'est échappée, la confiance qui faisait tenir nos illusions est partie, la confiance qui maintenait nos certitudes absconses est tombée. Malheur aux gueux et aux cigales !
Après quelques jours, les dirigeants politiques s'affolent, les médias redoublent de boniments, les émeutes fleurissent ça et là et puis, parmi la violence, un meurtre... le meurtre, celui qui ne pardonne pas : le meurtre communautaire. Le compteur de violence s'affole, les responsables communautaires appellent à la non-violence dans une incroyable cacophonie d'égos et puis une série d'autres meurtres... et puis...
En quelques semaines, les zones urbaines sont méconnaissables, beaucoup ont fuit, reste la populace, privée de l'opulence, le retour à la réalité est cruel. Le marché noir explose, la criminalité est partout, les outils de communication sont encore en place, mais la plupart des denrées sont rationnées : la nourriture, l'essence, ... Des bons sont distribués aux gens avec des heures pour aller chercher les produits de première nécessité.
Les mois passent et la France vient de faire défaut, la guerre civile fait rage, les différents belligérants se sont organisés maintenant et puis on a arrêté de compter les morts. Il paraît que c'est partout pareil, aux Etats-Unis, les milices ont repris le contrôle dans plusieurs Etats et la Suisse a réquisitionnée sa population à deux reprises. On meurt de faim en Egypte, et partout en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud, les populations sont privées de tout, l'argent manque, la nourriture manque, le travail manque, les migrants se comptent par centaines de millions à travers le monde, les sorcières esclavage et barbarie sont plus resplendissantes que jamais.
Plusieurs dizaines d'années plus tard, des milliards de morts plus tard, on se relève péniblement de cet évènement qu'on appelle aujourd'hui la Grande Hécatombe : les grandes nations sont à genoux...
La confiance s'est échappée et c'est une nouvelle vie qui recommence, on essaye d'apprendre des erreurs du passé.
Et puis, des nouveaux gouvernements sont formés, des vœux pieux sont formulés, on jure, on crache, on s'égosille à chanter la paix et la liberté, on fête l'amour éternel, on écrit des textes savants, on exulte sa joie dans la poésie, la musique...
Et puis le temps passe, on relativise, on néglige, on fait confiance...
Et puis tout recommence... comme avant, pire qu'avant, tout est oublié...
Jusqu'à quand ?
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