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Le marché du Luxe : l’affaire est toujours dans le sac

Le luxe a la peau dure ! La crise économique mondiale qui sévit partout, depuis fin 2008, ne semble guère fléchir sa progression.

Le luxe a la peau dure ! La crise économique mondiale qui sévit partout, depuis fin 2008, ne semble guère fléchir sa progression. Paradoxe ? Pas vraiment. Le luxe c’est en effet ce qui rend le riche encore plus riche. Et le pauvre encore plus pauvre. Non seulement il est un placement presque sûr mais il permet de creuser davantage l’écart entre les couches des hautes sphères et celles à ras-de-terre. Un truc en vogue depuis les temps les plus anciens comme le montrent les bijoux découverts dans des tombes gauloises ou autres. Plus les parements enterrés avec le mort était estimés plus ce dernier occupait un rang élevé dans la société. Et malgré les milliards de mètres cubes d’eau qui ont coulé depuis sous les ponts, malgré les énormes avancées que l’humanité a réalisés dans des domaines aussi divers que la démocratie, la réduction des disparités sociales et les droits de l’homme, le luxe, lui, reste le luxe. Un bijou reste un bijou. Ça n’a presque pas bougé dans ce petit monde. Une femme qui arbore des boucles d’oreilles d’or, serties de diamants et une montre Bulgari à 40.000 euros, sans perdre de vue le sac Vuitton à 30.000 euros, ne sera pas regardée de la même façon qu’une autre femme affichant des boucles d’oreilles en toc et traînant derrière elle un sac de chez Auchan. C’est clair ! Et cette logique, vieille comme le monde, vaut dans tous les secteurs du luxe et dans tous les pays, même les plus pauvres d’entre eux où, évidemment, l’amour indéfectible pour le luxe frise parfois le pathos : des femmes marocaines fauchées comme les blés se ruinent en louant des ceintures d’or et des caftans en fils d’or de peur de passer inaperçue dans un mariage… Toujours au Maroc, ni la crise ni l’automobile low cost, qui a connu une véritable explosion depuis 2004, n’ont fléchi les ventes des voitures neuves de luxe au royaume. Selon les chiffres récents de l’association marocaine des importateurs de voitures (AIVAM) , tous les concessionnaires qui commercialisent des voitures de luxe ont enregistré des hausses de leurs ventes durant l’année qui s’achève. BMW a carrément doublé ses ventes avec 1421 voitures écoulées, Land Rover a vu ses ventes progresser de 35 % à 1143 véhicules vendus tandis que Mercedes avec 1417 voitures vendues a enregistré une hausse de 10 %.

On ne s’habille pas comme l’As de Pique quand

on affiche dans sa salle de séjour ou Bureau

des Mondrian ou Kandinsky

Un brin d’explication au phénomène : un fortuné roulant en Mercedes classe C qui remarque que son épicier de quartier se déplace en bagnole économique, même à 7000 euros, régira très probablement en changeant sa Mercedes C par une Maserati ou Lamborghini ; rien que creuser l’écart, pour ne pas se sentir sur le même pied d’égalité avec son boutiquier… On peut multiplier les exemples à l’infini, la conclusion en sera toujours la même : les riches ne veulent pas être regardée de la même façon que des moins riches qu’eux si bien que des nababs entrent des fois au hammam turc sans ôter leurs Rolex Waterproof ! C’est d’ailleurs- et c’est encore plus évident- cet amour infini de la Jet set et les classes aisées pour l’ostentation et les objets luxueux qui fait le bonheur des marchands et industriels du luxe ; lesquels plus que le reste de la corpo ne vivent pas seulement pour le luxe mais en vivent aussi. Tous les moyens sont bons pour rendre les mordus du luxe encore plus mordus. Il y a les classiques publi-rédactionnels dans les magazines de mode et beauté, le cinéma avec ses stars habillées du pied à la tête par les grandes Maisons de couture ou de bijoux etc. Mais il y a le moyen le plus efficace et en même temps le plus insidieux : l’Art, surtout moderne et contemporain. On ne s’habille pas comme l’As de Pique quand on affiche dans sa salle de séjour ou Bureau des Mondrian ou Kandinsky… Ceci sans oublier qu’il existe un rapport presque incestueux entre l’art et le luxe. L’un faisant vendre l’autre. Un détail qui n’a pas manqué aux grands commerçants du luxe.

« La relation que peut entretenir l’artiste avec les métiers du luxe n’est pas fortuite : le luxe offre à l’artiste la visibilité, la reconnaissance des milieux économiques, et une source de revenus stables et élevés. Quand un géant du luxe offre son soutien à un artiste, il met aussi à sa disposition budgets, matériaux et matériels, ainsi que des soutiens logistiques ou légaux à la réalisation de ses projets. A cet égard, l’exemple le plus récent est l’inauguration le 20 octobre dernier par Bernard Arnault et, le Boss de LVMH, du nouveau musée de l’art contemporain en région parisienne. Un geste pas totalement spontanée, à moins de deux mois des fêtes de fin d’année… et dans un contexte prometteur. « Le marché du luxe en Inde devrait dépasser les 10 milliards de dollars en 2014, enregistrant une hausse de plus de 17% ». Et la tendance restera à la hausse dans les 10 prochaines années. Selon une étude de la firme Bain and Company « en 2025, le marché du luxe sera cinq fois plus grand qu’en 1995. » Que demande le peuple ?

http://chankou.over-blog.com/2014/11/le-marche-du-luxe-l-affaire-est-toujours-dans-le-sac.html


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8 réactions à cet article    


  • Rincevent Rincevent 3 novembre 2014 14:02

     Qu’un riche, ne sachant que foutre de son argent, s’achète ce qu’il y a de plus cher c’est assez logique. Là où ça dérape, c’est quand ça touche d’autres classes y compris celles dites « inférieures » voire « pauvres ». Vous avez parlé de l’automobile et c’est un excellent repère. Longtemps, la sacro-sainte bagnole a été un marqueur social, comme on dit. Il fallait avoir la plus grosse, la plus longue comme dans la cour de l’école…

    Il semblerait que ça se calme un peu, la dernière (?) crise étant passée par là. Le succès des Dacia, Skoda, etc. ne s’explique pas autrement. Une voiture d’abord pour rouler dans des conditions satisfaisantes et le complexe du zizi on le met de côté. Idem pour les portables.

    Après, l’affichage du vrai luxe n’est que la visualisation d’une situation qui empire, à savoir l’accumulation de plus en plus de richesses par un petit nombre au dépend du plus grand nombre.


    • Rincevent Rincevent 3 novembre 2014 19:54

      Rigolo les moinssages, certains se seraient-ils reconnus… dans la cour de l’école ?


    • César Castique César Castique 3 novembre 2014 15:33

      « Le luxe a la peau dure ! La crise économique mondiale qui sévit partout, depuis fin 2008, ne semble guère fléchir sa progression. »


      Encore une chance ! Ça permet de maintenir des métiers, des savoirs, des maîtrises, des techniques, des gestes, des traditions artisanales d’un niveau hallucinant qui, faute de clientèle, seraient irrémédiablement condamnés.

      Mais on peut aussi comprendre que certains, pour qui le luxe se ramène à un modèle de charrette, ne voient pas la différence entre une assiette en plastique et son équivalent de la Manufacture nationale de Sèvres, ayant exigé soixante-dix heures de travail, et vendue 5’000 ou 6’000 euros pièce.

      • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 3 novembre 2014 18:28

        Le marché du luxe profite surtout de l’argent sale, compte tenu de l’augmentation régulière des fraudes, détournements, malversations, vols, ...

        Très souvent, l’argent ainsi récolté est réinvesti dans du « luxe »...


        • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 3 novembre 2014 22:31

          C’est pas la règle mais c’est vrai le lux sert parfois de machine à laver


        • Jacques Raffin Jacques Raffin 3 novembre 2014 22:30

          Merci pour ce très bon article, comme il en faudrait davantage. Le problème fondamental du luxe, c’est qu’il justifie, attire et amplifie l’augmentation délirante des revenus des plus nantis. S’il n’y avait pas le luxe, à quoi cela servirait de s’augmenter de manière démesurée ? On ne peut pas manger dix steacks à chaque repas et survivre longtemps, alors qu’avec du caviar…
          La situation n’est pas près de changer tant que les classes inférieures continueront à envier les richesses. C’est du mépris qu’elles méritent pour les souffrances mondiales qu’elles impliquent. On en est malheureusement loin…


          • Abdelkarim Chankou Abdelkarim Chankou 3 novembre 2014 22:33

            Assez d’accord avec votre analyse Jacques Raffin. Les pauvres tirent la charrette des riches sans le savoir...


          • César Castique César Castique 4 novembre 2014 00:44

            « On ne peut pas manger dix steacks à chaque repas et survivre longtemps, alors qu’avec du caviar… »


            Le vrai luxe, mon bon ami, c’est de manger du cassoulet Raynal et Roquelaure ou de la choucroute William Saurin dans une oeuvre d’art (voir ci-dessus) 

            Ce que tu appelles luxe, c’est juste de l’orgasme de parvenu.

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