Le massacre politique de 1988 en Iran trouve un large écho au Parlement Européen
Lors d’une conférence intitulée « La politique européenne vis-à-vis de la répression et du bellicisme du régime iranien, le massacre des prisonniers politiques en 1988 » au Parlement européen, Maryam Radjavi présente un ouvrage exceptionnel sur le massacre des prisonniers politiques en été 1988 dans les geôles de Khomeiny. Ce document majeur issu d’un travail minutieux et vigoureusement documenté fourni par les familles des exécutés, révèle l’identité de 5015 victimes, l’emplacement précis de fosses communes dans 59 villes du pays et les noms des principaux responsables.
Il y a encore quelques mois, de nombreux gouvernements et figures de proue en Europe militaient en faveur de la politique de complaisance vis-à-vis du régime des mollahs. Mais suite aux derniers actes de violence de Téhéran, notamment l’attaque contre les installations du pétrolier saoudien Aramco, la tendance a commencé à s’inverser. Les responsables européens sont aujourd’hui bien plus conscients de l’influence néfaste et destructrice des dirigeants iraniens dans la région du Moyen-Orient et dans le monde. C’est dans cet esprit que l’intergroupe des Amis d’un Iran libre au Parlement européen a organisé le 23 octobre 2019 une conférence à Strasbourg dont l’invitée d’honneur était, MaryamRadjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).
La dirigeante de la Résistance iranienne a présenté avec beaucoup d’émotion un ouvrage exceptionnel qui renseigne sur l’identité de 5015 prisonniers politiques Moudjahidine du peuple, victimes de ce qui a été qualifié de crime politique le plus odieux depuis la seconde guerre mondiale. Les suppliciés, exterminés suite à des parodies de procès, ont été ensevelis dans des fosses communes dont la localisation géographique a été précisée dans le livre.
« Aujourd'hui, je voudrais présenter un document extraordinaire aux représentants des peuples d'Europe. Un livre contenant les noms de plus de 5 000 prisonniers massacrés par les mollahs en Iran. Le livre est l'histoire d'un peuple qui a été réprimée en Iran, et à l'étranger, ses droits humains, ses libertés et sa résistance ont été bafoués. », a débuté son intervention Maryam Radjavi.
Insistant sur la nécessité de faire remonter le dossier de ce massacre au Conseil de sécurité de l’ONU, elle a ajouté : « Les gouvernements occidentaux et les Nations Unies ont fermé les yeux sur ce crime. Jouissant de l'impunité pour un crime aussi horrible, le régime a étendu au Moyen-Orient son bellicisme, qui se poursuit toujours. »
La présidente Radjavi a par ailleurs rapporté la révélation à ce jour de la police albanaise, selon laquelle « une cellule terroriste dirigée par la force Qods (l'aile opérationnelle du Corps des gardiens de la révolution islamique, qui opère au-delà des frontières de l'Iran), gère un certain nombre d'opérations contre les membres de l’OMPI en Albanie et ailleurs en Europe centrale et occidentale. http://www.tiranatimes.com/?p=143334
Soutien firme de nombreux eurodéputés
Pour la britannique Anthea McIntyre, « Le massacre de prisonniers en Iran en 1988 est un crime horrible, mais ce n'est pas un événement isolé. La répression des droits des femmes, les arrestations arbitraires, l'absence totale de libertés civiles sont les traits distinctifs de l'Iran d'aujourd'hui… Les Iraniens sont descendus dans la rue à plusieurs reprises. Lors du dernier soulèvement, l'hostilité à l'égard du régime était très évidente et le peuple a exigé la destitution du "guide suprême" Ali Khamenei. Le peuple ne veut pas de ce régime. La politique de l'UE doit être basée sur cette réalité », et elle a poursuivi : « Il existe une alternative démocratique à ce régime. Elle est dirigée par Maryam Radjavi et son plan en dix points. De nombreux députés de ce Parlement le soutiennent. »
Juan Fernando Lopez Aguilar, eurodéputé espagnol, a rappelé que « le cas du suicide d'une Iranienne qui est entrée dans un stade de football déguisée en homme est une triste tragédie, mais ce n'est qu'un exemple de ce qui se passe en Iran. Le Parlement européen devrait défendre les droits des femmes et les droits humains en Iran. Il est temps d'appeler la diplomatie de l'UE à donner un sens à ses valeurs fondatrices et à plaider contre la peine de mort où qu'elle soit appliquée… Nous avons un devoir envers le peuple iranien. Nous n'abandonnerons pas notre responsabilité morale d'apporter des changements dans le domaine des droits de l'Homme ailleurs, en particulier en Iran. »
Ryszard Czarnecki, représentant la Pologne a affirmé que « la Résistance iranienne, sous la direction de Maryam Radjavi, a traversé de nombreuses épreuves. Lors du massacre de 1988, plus de 30.000 membres de l’OMPI ont été exécutés en Iran. Beaucoup d'auteurs de ces actes continuent d'occuper des postes importants en Iran… Nous devrions appeler les gouvernements européens à reconnaître la Résistance iranienne comme la véritable alternative… Envoyons un message fort au peuple iranien : nous sommes avec vous jusqu'à ce que nous ayons un Iran libre. »
Milan Zver, eurodéputé slovène, a indiqué que « le régime des mollahs est une source de l'instabilité qui est l’unique doctrine pour sa survie. Les Gardiens de la révolution et leurs mandataires terroristes combattent dans différents pays du Moyen-Orient. Les mollahs ont formé une alliance étroite avec la Russie, la Corée du Nord et la dictature de Bachar Assad en Syrie...La majorité de la population iranienne vit dans la pauvreté. De plus en plus de prisons sont remplies de dissidents. L'Europe est largement responsable de cette triste situation en raison de la politique de complaisance. Cette situation doit cesser dans l'intérêt souverain des populations de la région. Nous devons faire pression sur l'Union européenne pour qu'elle adopte une politique ferme à l'égard de ce régime. »
L’eurodéputée italienne, Alessandra Moretti,a insisté sur : « le rôle prépondérant des femmes dans les manifestations iraniennes et de leurs talents dans la société et le prix élevé payé pour la liberté. Nous devons faire pression pour que soit mis un terme à la peine de mort ainsi qu'à l’éviction et à l'emprisonnement des militants. Nous sommes ici pour inciter le Parlement européen à conditionner tout accord avec le régime au respect des droits humains et à la fin des exécutions, pratiques qui ne sont pas conformes aux normes et valeurs internationales en matière de justice. »
« Nous voyons les violences en Iran, mais nos représentants en Europe ne s'intéressent qu'au commerce avec l'Iran. Notre Parlement a le devoir de s'exprimer et d'appeler la Commission européenne à mettre fin à ses relations avec l'Iran et à imposer des sanctions à ce régime pour ses violations des droits humains. Nous voulons un changement démocratique en Iran », a souligné une autre eurodéputée italienne, Gianna Gancia.
Besoin de justice
« Vous êtes les porte-voix du peuple européen, mais vous êtes aussi la voix des 30.000 victimes du massacre de 1988 en Iran, que vous ramenez à la vie », s’est adressée aux eurodéputés Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence en Colombie.« J'ai parlé aux survivants du massacre et aux familles des victimes. Ils ne peuvent oublier tant que la justice ne sera pas rendue. Nous avons besoin de justice pour nous assurer que ce qui nous est arrivé ne se reproduira pas. Ce qui s'est passé en 1988, c'est ce qui se passe aujourd'hui en Iran », ajoutant que « le président iranien, Hassan Rohani, faisait partie des décideurs qui ont perpétré ce massacre. L’actuel ministre iranien de la Justice était l'un des responsables de la décision de tuer les victimes. C'était un génocide, une industrie du meurtre. »
L’ancienne ministre française des droits de l'Homme, Rama Yade, a orienté son intervention sur la douleur des mères victimes du massacre de 1988 qui est toujours vive et a insisté sur la nécessité « d'une enquête indépendante sur ce massacre pour faire la lumière sur ce crime. La politique de complaisance ne réduira pas les capacités balistiques du régime et ses activités terroristes… Nous sommes ici au cœur du Parlement européen, dont les membres viennent d'être renouvelés. Vous avez la possibilité de réécrire l'histoire d’une façon différente de celle de vos prédécesseurs. Les tensions mondiales actuelles se concentrent sur l'Iran. »
Mme Yade a conclus : « Les femmes ont payé un prix particulièrement élevé au cours des deux dernières années. Nous devons faire plus. Nous le devons à cette grande nation et à ce grand peuple. Nous devons soutenir le désir du peuple iranien qui aspire à un changement de régime et à l'établissement d'un gouvernement laïc fondé sur la séparation de la religion et de l'État, et sur l'égalité des genres. »
Les eurodéputés exhortent ainsi l’UE à s’attaquer aux violations flagrantes des droits humains et par le régime théocratique qui dirige l’Iran ainsi qu’à ses agissements dans la région. L’intergroupe des Amis d’un Iran libre exige la poursuite des responsables en justice afin qu’ils rendent des comptes pour les exécutions massives extrajudiciaires en été 1988 restées sous silence judiciaire et médiatique, et surtout impunies. Il réclame une politique de fermeté vis-à-vis du régime iranien pour des crimes que celui-ci continue à commettre contre le peuple iranien et ceux de la région du Moyen-Orient.
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