Le message de la frappe américaine en Syrie
Il peut paraître surprenant que le Président américain Joe Biden n’ait pas hésité à autoriser la première frappe militaire de son pays depuis son entrée en fonction. En revanche, les mollahs d’Iran n’ont laissé aucun autre choix au nouveau président face aux attaques successives de missiles des milices pro-iraniennes sur les cibles américaines en Irak.
Des avions de combat américains ont frappé des positions en Syrie orientale le long de la frontière avec l’Irak. La frappe visait les milices irakiennes du Hezbollah et les brigades Sayyid Al Shuhada soutenues par l’Iran.
Le message était clairement adressé à l’Iran. C’est depuis là que sont dirigés les milices et autres armes sectaires pro-mollahs en Irak, en Syrie, au Yémen, au Liban et ailleurs. Mais attention, ce message s’adresse aussi à l’intérieur des Etats-Unis. Les républicains qui critiquent la politique iranienne du président Biden sont aussi visés.
Ainsi, dans sa déclaration, le Pentagone a souligné que « l’opération envoie un message sans ambiguïté : Le président Biden agira pour protéger le personnel des États-Unis et de la coalition. »
La frappe américaine a selon la presse tué au moins 20 miliciens, ciblant des brigades du Hezbollah et Sayyid Al Shuhada. Le Pentagone les a tenus pour responsables de nombreuses attaques récentes en Irak.
Parmi celles-ci, une attaque au missile contre une base militaire américaine à Erbil a fait un blessé et une autre attaque contre des bases américaines à Bagdad, y compris dans la zone verte, a touché l’ambassade américaine et d’autres missions diplomatiques.
La Maison Blanche a approuvé la frappe environ un mois après l’entrée en fonction du président Joe Biden. Ce serait une réponse brutale aux démarches indirectes des mollahs pour tâter le pouls au nouveau président et découvrir les limites de sa colère. Voilà ce qui explique les nombreuses attaques à la roquette menées récemment contre des bases et des cibles américaines en Irak.
Une réponse américaine par la force est donc une option pour l’administration démocratique. Cette dernière est souvent jugée encline à recourir à la « diplomatie » pour régler ses problèmes. Faire usage de force par les Etats-Unis, il faut le noter, est une option soigneusement calculée.
La frappe s’est effectuée à un moment charnière pour la nouvelle administration américaine. Le président Biden ne veut pas faire dérailler son plan de reprise des négociations sur l’accord nucléaire avec l’Iran. Il ne veut pas non plus garder le silence sur les attaques des milices soutenues par l’Iran en Irak.
Il veut également une certaine fermeté face à ces violations. Son message au gouvernement iranien : contrairement à ce qu’on pourrait croire en Iran et à l’étranger, les options de la nouvelle administration ne se limitent pas à la diplomatie. De ce point de vue, on peut comprendre la toile de fond de cette frappe.
Les motifs du raid américain ont orienté la décision politico-militaire de mener une frappe chirurgicale pour passer le message sans s’embourber dans un éventuel conflit militaire majeur dans une région explosive.
En d’autres termes, le président Biden, dans ce que le Pentagone a décrit comme une « réponse militaire proportionnée, » a voulu équilibrer son approche de gestion de crise avec son désir de réussir le test de sincérité au démarrage de ses quatre années au pouvoir.
Il veut paraître ni hésitant ni faible face aux menaces contre les soldats américains en Irak. Faute de quoi, ses adversaires républicains auraient une occasion précieuse de le critiquer et de soutenir que son approche sur l’Iran compromet les intérêts stratégiques américains.
L’administration Biden sait bien que les mollahs iraniens veulent faire comprendre la portée de leur influence en Irak à la Maison Blanche. Les frappes et les contre-attaques sont donc comme un bras de fer indirect et bien calculé. Elles servent de moyen de pression dans une plus large crise, celle de l’influence régionale iranienne, que Washington cherche à inclure dans les négociations prévues sur l’accord nucléaire.
Dans l’ensemble, il me semble que le président Biden prendra d’autres décisions de frappe si les menaces de ces milices se poursuivent. En effet, il ne laissera pas ses opposants politiques l’accuser de mollesse, de repli et de complaisance envers l’Iran.
Les frappes militaires américaines contre les milices se durciront même, si les mollahs ne parviennent pas à s’asseoir à la table des négociations pour un règlement de la crise nucléaire.
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