Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner porte plainte contre la CGT après la diffusion d’une affiche
Le 6 mars, le premier policier et Ministre de l’intérieur français Christophe Castaner, a décidé de porter plainte contre le syndicat CGT. La cause ? Une affiche qu’il juge choquante.

Une interpellation qui fait des vagues
Les policiers l’avaient décrite comme « une situation tendue » allée crescendo, une « scène d’émeute ». Selon un procès- verbal du commissariat de Mantes-la-Jolie publié par Le Point, des lycéens de Saint-Exupéry et de Jean-Rostand, bloquaient les abords des écoles pour protester contre Parcoursup, la réforme du bac et celle du lycée.
Ainsi, le lundi 3 décembre 2018, les policiers ont subi des menaces, des injures, des jets de pierres. Deux mineurs avaient été interpellés et placés en garde à vue. Le lendemain, 200 jeunes bloquaient à nouveau le lycée Jean-Rostand et dégradaient les voies publiques en embrasant des poubelles dans lesquelles des bouteilles de gaz et de l’essence étaient jetées. Selon le rapport des policiers, plusieurs casseurs se promenaient avec des pieds-de-biche et des barres de fer à la main en projetant des objets de tous genres. Les jours qui ont suivis, la violence était montée d’un cran avec des voitures incendiées.
Les policiers, en tenue antiémeute, avaient alors tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les jeunes qui empêchaient les pompiers d'intervenir. Au vu des violences qui avaient fini par se propager dans toute la cité du Val Fourré, tous les jeunes présents sur les lieux étaient interpellés sans distinction, le 6 décembre. 151 jeunes au total dont le meneur était positionné à genoux face au mur du jardin, les autres alignés à sa suite. La scène filmée par une source inconnue avait créé le buzz sur les réseaux sociaux et suscité de vives réactions.
L’interpellation « pas violente mais humiliante » selon Joëlle Demilly, la responsable des Restos du cœur (local dans lequel s’était réfugiés plusieurs jeunes interceptés) est jugée « indigne de la République » par de nombreux parents qui ont condamné unanimement la violence des images. D’aucuns avaient même dénoncé une violence due uniquement au fait que, ces lycées soient situés dans des quartiers populaires. Une maman s’était indignée dans Le Parisien. « On aurait dit qu’ils allaient se faire fusiller. Au lieu de créer du lien entre forces de l’ordre et la population, on est en train de créer un fossé. »
« Touchez pas à nos enfants »
Le syndicat CGT Info-com, branche de la CGT dédiée aux salariés de l’information et de la communication, n’est pas resté en marge de ces contestations. Une matraque engantée, un ourson en peluche démembré gisant au sol, et l’inscription "Touchez pas à nos enfants" : telle était son affiche diffusée le 9 décembre, visant à dénoncer l’interpellation des policiers. Une conception graphique qui n’a pas été du goût des indexés et qui a suscité de nouvelles polémiques.
Comme France Info le rapporte, plusieurs policiers ont demandé le retrait systématique de cette affiche. David Michaud, secrétaire national CRS du syndicat Unsa police, s’était exprimé à ce propos : « La CGT doit arrêter d'être dans la haine permanente anti-flics. Pour nous, ça a été extrêmement violent. On est tous parents et on a des enfants. Un nounours ensanglanté, ça touche vraiment la famille. C'est super difficile depuis le 17 novembre, on fait des heures et des heures, on en prend plein la tête ».
Le syndicat Alternative-police CFDT avait annoncé avoir saisi la justice contre la CGT qui disait maintenir son affiche.
Le 06 Mars dernier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lui-même a porté plainte contre le syndicat Info’Com-CGT dans cette affaire pour « diffamation publique envers (des) fonctionnaires de police ». Romain Altmann, secrétaire général du syndicat, est convoqué le 18 mars par la direction de la police judiciaire. Il devra répondre des faits reprochés.
« C’est la première fois qu’un ministre de l’Intérieur déclenche une procédure pénale contre nous en raison d’une affiche », a-t-il affirmé à l’AFP. « Notre syndicat ne sourit pas, Il prend très au sérieux la création de toutes pièces d’une affaire qui vise la liberté d’expression, s’agissant en particulier d’une action policière plus que controversée. » écrit Info’Com CGT dans un communiqué.
Le syndicat estime que l’affiche traduit « bien plus un appel à la prudence dans le traitement des manifestants, jeunes en particulier, qu’une diffamation à l’égard d’une institution ». Il a lancé une pétition pour « défendre la liberté d’expression » ainsi qu’un rassemblement de soutien le 18 mars devant le nouveau palais de justice de Paris.
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