Le Ministre tchèque refuse un vaccin H1N1 qui pourrait causer la mort
Décidément, si tant est que les dirigeants de la firme Baxter soient au-dessus de tout soupçon, ils seraient en droit de se demander s’ils ne sont pas maudits. Leur laboratoire est suspecté de multiples malversations, notamment d’avoir livré des vaccins contaminés en 2008. Sur le Net circulent des rumeurs de conspiration mondiale. Les élites se prépareraient à exterminer une partie de la population mondiale en prenant appui sur cette pandémie de grippe qui aurait été fabriquée pour pratiquer une vaccination forcée des gens. Et voilà maintenant que Baxter est encore en ligne de mire des informations alternatives. Cette fois, la nouvelle est partie de CTK, une agence de presse tchèque et anglophone. Le ministre de la Santé tchèque a cessé pour l’instant les négociations avec la firme Baxter pour un motif précis. Ce laboratoire n’a pas pu garantir qu’il livrerait un vaccin homologué par la communauté européenne. L’information n’a pas de quoi faire un buzz. Cette décision entre parfaitement dans les prérogatives d’un responsable de santé. Et fait partie de la routine ordinaire en la matière. Des centaines de produits à visée thérapeutique sont logés à la même enseigne. Et chaque pays dispose de ses propres normes d’homologation. Les professionnels de la pharmacie savent pertinemment qu’entre la découverte d’un principe actif et la mise sur le marché du produit, c’est carrément le parcours du combattant. Une série de quatre phases pouvant durer près de dix ans. Marek Snajdr, le ministre de la Santé, évoque également dans une autre dépêche la dangerosité du vaccin, avec des effets secondaires et un risque de décès. Rien de bien scandaleux, dans un sens ou dans un autre. Qu’un produit fabriqué dans l’urgence soit suspecté de ne pas répondre aux critères d’innocuité en vigueur relève du bon sens. Qu’un responsable de santé parle au nom du principe de précaution est tout à fait légitime. Mais cela ne justifie pas qu’on accuse de tous les maux un laboratoire dont le bon sens démocratique invite à pratiquer la présomption d’innocence. C’est la base même de l’Etat de droit. Un citoyen comme une entreprise a le droit à cette présomption mais lorsqu’il y a un délit, la machine judiciaire doit se mettre en ordre de fonctionnement. C’est sans doute ce que craint le laboratoire Baxter qui n’a aucun intérêt à rester dans la partie en vertu du calcul coût bénéfice. En cas de procès, si la vaccination « tourne mal », les indemnisations risquent de créer un trou dans les profits. Le droit est complexe mais on peut penser qu’en répondant aux critères d’homologation, une firme pharmaceutique peut se prémunir contre des procès un peu trop coûteux. C’est une partie bien ordinaire qui se joue, et bien évidemment, avec son lot de parties de cache-cache, mais dans un contexte extraordinaire, celui de la panique de pandémie.
Une autre information sensible court sur le Net, sans pour autant être reprise par nos médias. Sans doute, étant protégés par cette Europe si stricte, nous ne craignons rien. Les vaccins seront homologués. Seront-ils garantis sans risque ? Ce n’est pas certain. Mais aux Etats-Unis, un petit détail a son importance. La ministre de la Santé Kathleen Sebelius a signé un décret garantissant une immunité juridique préservant les laboratoires pharmaceutiques de tout procès en cas de problème survenant au moment de la vaccination. Autre petit détail qui a son importance, les responsables fédéraux sont eux aussi inclus dans cette clause d’immunité juridique. Ce qui montre bien que l’opération H1N1 est du ressort des autorités sanitaires et politiques, bien plus que des labos qui se contentent de répondre à la demande en escomptant des profits juteux. L’éventualité d’effets secondaires et de cas de décès pouvant être liés au vaccins s’avère être un vrai cauchemar pour ce pays habitué aux pratiques procédurière. Les fabricants de cigarettes en savent quelque chose. Et Apple a intérêt à surveiller ses produits. Un Ipod qui explose et c’est une série de procès. En 1976, une campagne de vaccination contre la grippe fut menée aux Etats-Unis. Un contexte assez proche de celui de 2009. Un nouveau virus fut découvert. En fait, il s’agissait du H1N1 qui avait disparu pendant deux décennies et qui s’invita à la fête. Quant à sa nouveauté, à part qu’il soit du type H1N1 (c’est-à-dire banal puisque présent dans les épidémies saisonnières avant 1960 mais affublé d’un sigle qui fait peur car en 1918 c’était aussi un H1N1) les autorités ne pouvaient rien savoir puisque la technique de PCR n’existait pas, or elle est indispensable pour déterminer le profil génomique du virus. Toujours est-il que chacun a ses propres peurs. Le citoyen faisant confiance aux autorités a peur du virus H1N1, le citoyen qui doute craindra plus les effets secondaires de la vaccination. Laissons de côté les paranos du complot. Quant aux autorités, elles ont peur des procès. Les historiens peineront sans doute à démêler des entrelacs de ce théâtre ubuesque où se déroule le je te tiens par la barbichette. Un citoyen facétieux convoqué par le responsable de sa boîte pour parler vaccination lui lancera « Roselyne je te vois ! ». Pour conclure, la procédure d’immunité juridique décrétée aux Etats-Unis se comprend parfaitement. Mais d’un point de vue politique, c’est tout simplement un coup de canif à l’Etat de droit et l’antichambre vers une dictature sanitaire. Les plus sévères diront qu’il s’agit d’un nazisme sanitaire et face à un responsable de la Santé, ils s’exclameront « Eichmann je te vois ! »
Cette épisode de la pandémie de 2009 s’avère être un cas d’école pour étudier non seulement le déroulement de la pandémie et des répliques sanitaire mais aussi l’état d’esprit de nos sociétés (voir mon livre à paraître si éditeur se précise) Le principe de précaution, pratiqué par les autorités pour gérer le virus, se retourne contre le système puisque maintenant, c’est la vaccination qu’il faut gérer et cette fois, il faut aussi invoquer ce même principe pour prémunir les populations d’un danger nouveau résultant du premier danger (par exemple, risque d’autisme lié à la vaccination). Un cas classique prévu par les prélats de la précaution dans leurs développements canonique et casuistique. Mais assez simple dans le principe. Qui est plus dangereux, le H1N1 ou le vaccin ? Aussi étrange que cela puisse paraître, la presse française assomme le citoyen avec les messages de peur, de recommandations sanitaires, d’expertises officielles sur le virus, quitte à répéter des contre vérités scientifiques qu’un procès intellectuel pourrait établir. Par contre, aucun mot pour les risques de vaccination. Les médias auraient-ils choisi le camp des autorités sanitaires et des laboratoires ? Ce 18 août sur France Inter Dominique Wolton, le spécialiste habilité des médias, a évoqué une presse qui n’a pas de marge de manœuvre, qui doit à la fois informer sur les menaces parce que ça répond à un demande du public qui, depuis Tchernobyl, a besoin d’être alerté pour ne pas virer dans le « on nous cache quelque chose » ; et ne doit pas affoler pour ne pas engendrer une panique populaire. L’analyse de Wolton, assez subtile, n’a pas été assez loin, occultant bien des aspects essentiels du problème et notamment l’effritement de la démocratie, du débat politique, sur ces questions sanitaires, et la docilité de tout un système dont la formule serait « H1N1, nous voilà ! ». La vaccination forcée relève de la même casuistique que le travail forcé si on mène un procès historique.
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