Le miracle de la création d’emplois
Si l’on en croit les statistiques, les travailleurs aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en Allemagne ont une bonne raison de faire la fête, du moins ceux qui font confiance aux statistiques. En effet, le taux de chômage y atteint un nouveau plancher historique, entre 4 et 5 %.
Sous l’administration du président Barack Obama (2009 – 2017) l’économie américaine a crée 11,3 millions d’emplois, dont 2 mio pour la seule année 2016, une croissance ininterrompue de 75 mois consécutifs. En Allemagne, sous le règne de l’éternelle Angela Merkel, le taux de chômage a baissé de 8% à 4%.
Professeur Richard Wolff de l’université de Massachusetts compare les indicateurs économiques aux diagnostiques d’un médecin. Si le patient veut connaître son état de santé, il se laisse examiner par son médecin. Si celui-ci lui annonce que son taux de cholestérol est normal et que, par conséquent, tout va bien, le patient est en droit d’émettre quelques doutes.
Sous le titre « The rise and nature of alternative work arrangements 2005 – 2015 », les professeurs Lawrence Katz de l’université de Princeton et Allen Kruger de l’Université de Harvard publient une étude, analysant le développement du marché de travail américain pendant cette période. (The Real News) Pour la petite histoire, « alternative work arrangements » se traduirait en français à peu près par « réforme du code de travail ».
L’étude relève, entre autre, que 95% de ces nouveaux emplois crées pendant cette période aux Etats-Unis ne prévoient aucune protection légale pour l’employé, aucune protection en matière d’assurance santé, aucun plan de retraite et aucune sécurité de l’emploi à long terme.
Little Rock, Arkansas, patrie de l’ancien président Bill Clinton, (1993 -2001), une région sinistrée par deux décennies de délocalisations d’entreprises et la perte de dizaines de milliers d’emplois qualifiés et bien payés, est le théâtre d’un heureux événement, dignement célébré en présence du gouverneur Asa Hutchinson et Xu Yingxin, vice-président du « Conseil chinois de l’industrie du textile ».
En collaboration avec « Sofware Automation Atlanta » le fabricant de textiles chinois « Tianyuan Garments Company Ltd. » y établira prochainement 21 chaînes de production sur le terrain d’un site industriel délabré, censées fabriquer 800'000 T-shirts par jour, un T-shirt toutes les 22 secondes, à un coût de 33 cents par T-Shirt, pour la firme allemande Adidas. L’entreprise créera, à terme, 400 nouveaux emplois à un tarif horaire entre 14 et 15 USD. Tang Yinhong, président de « Tianyuan » est aux anges : « Même le marché du travail le moins cher ne peut pas nous faire concurrence. »
En mai, de cette année, la « Fédération chinoise du textile » avait déjà annoncé un autre investissement, d’un montant de 400 mio USD, dans une fabrique de fil de coton dans l’état d’Arkansas, utilisant la matière première locale, créant 800 nouveaux emplois.
L’Etat d’Arkansas n’est pas en reste. Il accorde à la firme chinoise un rabais fiscal pour le premières 5 années d’existence, en plus d’une allocation généreuse « pour la formation du personnel », ainsi qu’une réduction de 65% sur l’impôt immobilier.
A Four River, Massachusetts c’est une société américaine qui crée du travail. La firme de commerce électronique « Amazon » y investit dans l’entretien d’une série d’entrepôts, ce qui est récompensé par les autorités communales par la construction d’une voie d’accès pour les camions, appelée, et ce n’est pas une plaisanterie, « Innovation Way ».
Amazon cherche donc du personnel. Salaire de départ pour employés sans diplôme, 12,75 USD par heure. Pour employés juniors avec expérience d’entreposage, 14,7 USD, une licence universitaire est requise toutefois (pour deux USD de plus par heure).
Une partie des employés, engagés à titre temporaire, seront recrutés par une firme, mandatée par Amazon, du nom de « Integrity Staffing ». Elus par « Integrity Staffing » les nouveaux employés prendront donc « Innovation Way » pour se rendre au travail. Ils seront rémunérés à 12,7 USD par heure, seront toutefois appelés à travailler debout pendant 10 à 12 heures dans une température ambiante pouvant atteindre occasionnellement les 32 degrés celsius. (Richard Wolff)
Le magazine américain « Forbes », la quintessence du néolibéralisme, n’a pas tort quand il titre un de ses articles « China like wages are now part of the US employment boom ». Son auteur fait le calcul pour nous. A 40 heures par semaine au tarif de 12,75 USD l’heure le travailleur américain arrive à un salaire hebdomadaire de 510 USD ou 2'040 USD brut par mois. Le salaire hebdomadaire moyen à Beijing est de USD 330.00 ou 1'320 USD par mois.
Un appartement d’une pièce à Four Rivers, Massachusetts, se loue à USD 1’000 par mois, comparé à 930 USD par mois pour le même type d’appartement à Beijing.
Dans ce contexte, et dans une certaine mesure, le boom de l’emploi en Allemagne où le taux de chômage enregistre actuellement un plancher historique de 4%, serait donc également à mettre en perspective.
Il est devenu en vogue d’accuser la Chine de concurrence déloyale, de manipulations monétaires, de prédation économique, or ils ne font rien d’autre que copier et perpétuer le système économique néolibéral défendu par les gouvernements successives des Etats-Unis, les armes à la main, dans le monde entier depuis 40 ans, système que les européens, décidément en manque d’inspiration, adoptent faute de mieux.
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