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Le nationalisme Corse…

« Un département à la mer » ainsi fut parfois qualifiée la Corse, cette île qui est plus proche des terres italiennes que de la France. Il n’y a que 12 km entre Bonifacio et la Sardaigne, et 90 km entre Bastia et la Toscane, alors que plus de 175 Km sépare Calvi de Nice. C’est dans l’isolement que les Corses ont forgé leur identité. En témoigne le fait que le Corse soit plus montagnard que marin, chose assez paradoxale étant donné la géographie particulière de la région. Replié dans ses montagnes, il s’y abrita pendant de nombreux siècles des maux générés par la mer Méditerranée. Le littoral jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle fut délaissé en raison des maladies paludéennes pouvant y être contractées.
On soulignera que la « libération » dudit littoral ne fut pas l’oeuvre des Français mais des Américains qui pour des raisons militaires décidèrent en 1944 d’utiliser le DDT contre les moustiques.
 Essayons donc de nous intéresser à ce paradoxe d’un peuple vivant sur une île mais néanmoins tourné vers les sommets et les pitons rocheux, pour nous demander pourquoi le Corse s’est pendant de longues décennies détourné des littoraux ?
De manière générale, la culture occidentale associe mer et liberté de mouvement. Entravé dans les terres l’homme s’octroie ainsi quelques instants de liberté en voguant sur les vagues. Cette étendue maritime symbolise donc l’aventure, l’évolution, la rupture avec une certaine inertie aliénante naissant sur terre. A priori, rien ne pourrait ici conduire un peuple à assimiler cette dernière comme un élément répulsif.
Pourtant, les Corses très tôt dans leur Histoire ont pris conscience que la Méditerranée n’était porteuse que de maux et de servitudes. Ainsi lorsque survint la Chute de l’Empire romain, l’île fut pendant près de 14 siècles harcelée par les attaques d’assaillant venus du dehors : barbares, vandales, Goths, lombards, génois….Dès la fin de la province romaine de Sardinia-Corsica ( créait en 231 avant JC ), les corses vécurent perpétuellement dans un état d’insécurité. Les tours génoises aujourd’hui désuètes et délabrées, édifiées le long du littoral par les génois rappellent aux corses les dangers que jadis engendra la mer.
 En définitive, c’est cette aversion à l’égard de l’élément maritime qui a façonné l’identité de ces habitants, qui les a conduit à se sédentariser dans les refuges que sont les monts insulaires. Les fortes densités qui existèrent entre 600 m et 1 100 m d’altitude n’étaient toutefois pas uniformes. Ainsi les Corses ont délaissé la montagne granitique au profit des massifs schisteux. En effet, la présence de châtaignier ( arbre providence par excellence ) fit rapidement croître les densités de la région dite de la Castagniccia. Cela a donc permis la mise en place d’une population relativement nombreuse avec environ 55 habitants au Km2. Cette micro-région a favorisé la sédentarisation puisque la présence des châtaigniers permettait l’élevage des porcs, animal aimant tout particulièrement les châtaignes.
On notera par exemple qu’en 1911, 73 000 habitants, vivaient à plus de 600 mètres d’altitude.
L’exemple de la région Balagne démontre cette tendance avec ses villages majoritairement situés en hauteur. D’aucuns peuvent rétorquer que la cité d’Ile-Rousse est située en bord de mer, néanmoins il ne faut pas oublier qu’elle ne fut fondée qu’au 18 ième siècle par Pasquale Paoli.
De surcroît, il est intéressant de rappeler qu’hormis Ile-Rousse, toutes les villes côtières furent édifiées par des peuples allogènes.
Cette brève étude géographie de l’île, permet de mettre en relief quelques éléments clefs de la structuration mentale des Corses.

“Je naquis quand la patrie périssait”

-Pour ce qui est de la politique et de l’histoire, la Corse est française depuis la fin du XVIIIe. Dans ses Mémoires Napoléon Bonaparte écrit « Je naquis quand la patrie périssait. Trente mille français vomis sur nos côtes noyant le trône de la liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint frapper mes regards. Les cris et les gémissements de l’opprimé, les larmes du désespoir entourèrent mon berceau dès ma naissance ».
Et Bonaparte d’ajouter « ne reconnais jamais le français pour maître. »
Celui qui parlait ainsi n’était pas encore l’Empereur des Français qui pendant plus d’une décennie devait remodeler la France, hisser cette dernière au rang de grande puissance européenne et mondiale, mais bel et bien un fervent nationaliste corse. Comme nous le savons tous l’Histoire, la grande Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, et il est rare que la propre vision des hommes défaits et soumis ait sa place dans les livres d’Histoire. Cet unilatéralisme historique est obscurantiste car il masque ou plutôt maquille une grande partie des évènements et éléments fondateurs d’un peuple.
L’Histoire de la Corse, telle qu’elle fut pensée par les vainqueurs est pour le moins falsifiée. Il ne faut pas avoir peur d’employer de tels mots pour qualifier un processus qui longtemps a sévi et qui hélas a détruit une bonne partie de la mémoire populaire insulaire. Il est fallacieux de croire qu’à travers la conquête française la Corse est passée de l’infâme « tyrannie génoise au bonheur dans la citoyenneté française. » Aujourd’hui d’aucuns admettent facilement que la Corse est séculairement française. Néanmoins, il y a de cela 30 ans les sondages d’opinions réalisés en France révélaient que dans une proportion importante les Français assimilaient les corses à des étrangers.
Il est vrai que la littérature française du XIXe siècle a profondément enraciné dans les mémoires populaires l’idée que le Corse fait partie d’un peuple farouche, quelque peu barbare, ne parlant que très rarement le français mais un dialecte proche du toscan, vivant dans une île somme tout exotique etc….
On notera par exemple l’effet « néfaste » sur l’inconscient populaire de l’oeuvre de Prosper Mérimée Colomba qui jusqu’à nos jours est génératrice d’une multitude de stéréotypes plus ou moins infondés sur la Corse. À l’heure où l’on pourfend et vilipende toutes formes de stéréotypes pouvant corrompre un peuple voire même une race il serait judicieux de passer au crible un tel livre. 
On ajoutera également qu’en 1836 lors du procès de Fieschi ( ce dernier avait essayé d’assassiner le roi Louis-Philippe ) un procureur s’écria « Seul un étranger est capable d’un tel méfait ! ».
Le mot « étranger » était prononcé sur la place publique.
De même en 1890, le Petit Journal ( qui tirait alors à un million d’exemplaires ) titra à l’occasion du voyage du président de la république Sadi Carnot en Corse : « Le président chez les sauvages ».

Ce dernier mot à toute son importance, car il nous conduit à nous demander si les corses étaient réellement des sauvages ? Un peuple ne nait pas sauvage mais par contre peut le devenir par la force des choses. Néanmoins, on conviendra que le sauvage n’est pas toujours celui que l’on croit….
À ce propos Aimé Césaire écrit «  on me parle de progrès, de réalisations, de maladies guéries, de niveaux de vies élevés au-dessus d’eux-mêmes. Moi je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées. »
Le poète martiniquais dans le Discours sur le Colonialisme étudie l’emprise du colonialisme sur les sociétés inféodées par la force à une puissance étrangère, en vitupérant les effets néfastes pour les peuples autochtones dudit colonialisme.
 Nombreux sont ceux qui considèrent que la Corse n’est pas une colonie, pourtant cette affirmation encline à un certain dogmatisme ne pouvait avoir cours il n’y a de cela que deux siècles.
 En effet en 1768, la Corse fut traitée comme une vulgaire colonie. Lorsque la France acheta les Droits de suzeraineté de la République de Gênes sur la Corse, elle traita ni plus ni moins un peuple libre et souverain comme un vulgaire « troupeau de moutons ». ( Même si une simple étude du Traité de Paris de 1763, met en exergue le fait qu’à cette époque les possessions s’échangeaient comme on échange aujourd’hui des actions à la Bourse ).
Par le traité de Versailles du 15 mai 1768 baptisé « conservation de l’île de Corse à la République de Gênes », la France à travers une manœuvre diplomatique habile saisit l’occasion d’ancrer la France en Méditerranée. On voit bien ici l’importance géopolitique que représenta très vite cette montagne dans le Mare Nostrum. Ainsi, on peut lire dans le rapport du duc de Choiseul de 1770 au roi que : « je crois que je puis avancer que la Corse ( achetée en 1768) est plus utile de toutes les manières à la France, que ne l’était ou ne l’avait été le Canada ».
L’article 4 de ce traité prévoit que le roi de France « s’engage à conserver sous son autorité et sa domination toutes les parties de la Corse qui seront occupées par ses troupes jusqu’à ce que Gênes en demande à la France la restitution, et en la demandant, soit en état de solder la dépense que l’expédition actuelle des troupes et les frais de leur entretien en Corse pourront occasionner ».
Néanmoins Gênes en raison des problèmes économiques et financiers auxquels elle était alors confrontée ne fut pas en mesure de reprendre possession de l’île.
 La destinée et la vie d’un peuple furent ainsi assujetties à des considérations diplomatiques et politiques pour le moins étrangères aux préoccupations des Corses. À ce propos Voltaire écrit :” Il reste à savoir si des hommes ont le droit de vendre d’autres hommes ; mais c’est une question qu’on n’examinera jamais dans aucun traité.

Un gouvernement démocratique et populaire
Mais ces aspects diplomatiques sont en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt, car en se focalisant trop souvent sur ces péripéties qui ont conduit la Corse à devenir française, on oublie que durant l’apogée de l’absolutisme en Europe le Gouvernement Corse était d’essence démocratique et populaire.
En témoigne ces quelques mots :
« La Corse se donne une constitution basée sur la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif reste confié aux consultes. L’exécutif est assuré par un Conseil d’Etat présidé par le Général et subdivisé en trois sections : politique, économique et militaire. Le pouvoir judiciaire est donné, suivant l’importance des délits, à des tribunaux situés au niveau de la paroisse, de la pieve, de la province ou de la Nation ».

Cet État était pourvu de tous les attributs modernes de la Souveraineté puisqu’il levait l’impôt, battait monnaie, légiférait, était à la tête d’une armée régulière et d’une marine de guerre…..
L’enseignement dans la République était également gratuit et public, tandis qu’une Université avait été fondée à Corte. À noter que pour un peuple si souvent qualifié de barbare et de misogyne le droit de vote des femmes était inscrit dans la Constitution, faisant ainsi de l’État National Corse l’un des premiers à l’échelle planétaire à accorder ce droit aux femmes. La République de Corse était fondée sur des modèles qui influencèrent tous les révolutionnaires de ce siècle qu’ils soient anglais ou américains.
À ce sujet on peut écrire que certains points de la constitution américaine sont inspirés par le modèle Corse ( la première constitution démocratique du monde moderne ). En témoigne la multitude des villes portant des noms Corses aux États-Unis, et notamment la villa de Thomas Jefferson appelée « Monticello ».
Cet État qui avait si bien assimilé l’esprit des Lumières, qui avait su passé de la théorie à la pratique, devait à cause de la conquête française de 1769 retourner dans un mode de vie pour le moins archaïsant, et ici les mots d’Aimé Césaire résonnent.
La fermeture de l’Université de Corse en 1769 peut être considérée comme l’archétype même de ce désir de faire sombrer le peuple insulaire dans un certain obscurantisme en l’empêchant d’accéder à un savoir qui in fine pouvait être pour le moins subversif.
 Nous ne traiterons pas de l’ensemble de la conquête et de la « pacification » de l’île, pacification qui d’ailleurs dura plus de 50 ans, mais nous dirons simplement que malgré la défaite de Ponte Novu les Corses ne se résignèrent pas, mais qu’ils luttèrent pendant plus de cinq décennies pour retrouver leur liberté. Résistance confrontée à un certain barbarisme de l’occupant, à une époque où selon les mots d’un général français « on y fusille au moins un homme par jour ».
 Vingt ans après Ponte Novu la Corse devait être incorporée à la France par un décret voté par l’Assemblée constituante française.
« Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » intrinsèque à l’idéologie révolutionnaire de l’époque quant à lui ne fut guère appliqué à la Corse.

À ce bref aperçu historique, on ajoutera que la Guerre de 1914-1918 entre les puissances impérialistes et capitalistes européennes eut des conséquences dramatiques pour la Corse puisque que l’on recense plus de 20 000 ( chiffres disons le assez consensuel ) morts corses. Nombre de morts très élevés car les généraux français avait pour ordre de mettre les corses à l’instar des sénégalais et des marocains en première ligne.
 Ces derniers ne furent donc que de la « chair à canon », et certains parlent même de « génocide indirect ».
De même qu’on oublie trop souvent de mentionner que la Corse fut le premier département français libéré, département où durant la seconde guerre mondiale, alors qu’elle était occupée par les « chemises noires » italiennes et quelques allemands, les habitants de l’ile se mobilisèrent pour aider la population juive à se cacher. La mémoire Corse n’est pas entachée par la délation….tout le monde ne peut pas en dire autant.

On se demandera à présent, quels sont les éléments récents qui ont conduit à la naissance du nationalisme en Corse ?

Quelles sont les revendications des nationalistes, et a fortiori quelle est l’idéologie qui les anime ?

 

Dans les années 1940-1950, la Corse connait un véritable effondrement économique et démographique. Le chômage, la misère, l’exode, rythmèrent ainsi la vie de la société corse pendant de nombreuses années. Il est vrai que depuis 1908 et le rapport Clemenceau, la région est définie comme l’une des plus arriérée d’Europe notamment à cause de la présence des maladies paludéennes qui assiégèrent la population faisant ainsi que l’espérance de vie ne dépassait pas les 40 ans et que la mortalité infantile atteignait des records.
Néanmoins l’essence de la revendication nationaliste va être corrélée aux déboires de l’Algérie française. Lorsque la situation des Français d’Algérie devient critique en raison des menées du FLN ( Front de Libération Nationale ), une solution de repli est envisagée dans les hautes instances étatiques. Dès la fin des années 1950, d’importants crédits arrivent, l’électrification s’accélère, des routes sont créées tandis que des barrages sont construits. Force est de constater que la société corse durant ces quelques années a connu un profond bouleversement. Pourtant, cette mise en valeur de l’espace corse ne devait pas profiter aux insulaires mais à leurs « compatriotes » chassés d’Algérie. Ne disposant plus de ces colonies, la France en est réduite à installer une partie des rapatriés d’Algérie sur la côte orientale de l’île. Ces derniers y implantèrent avec grande facilité la monoculture intensive de la vigne.
 La politique de rénovation agricole menée par la SOMIVAC ( société de mise en valeur de la corse créée en 1957 ) ne profita pas à la population locale mais bien au contraire favorisa l’implantation d’individus « allogènes ».
 De plus, il faut se rappeler que le 2 avril 1957, le Plan d’Action régionale pour la Corse considéra que les corses étaient responsables de la situation désastreuse de l’économie insulaire, due à « l’individualisme insulaire et à l’absence d’initiative économique », tout en ajoutant que les corses manquent « d’aptitudes agricoles et industrielles », cela ne pouvant être pallié que par « l’introduction d’exploitant et de salariés étrangers à l’île ».
Tandis qu’en 1971, est publié le rapport de l’Hudson Institute de New York ( ce rapport fut commandé par l’administration française ). Les experts américains y écrivent que « La Corse est traitée avec condescendance par les continentaux et dans une certaine mesure, comme une colonie » et d’ajouter que « les Corses, chassés par des vagues d’émigration successives, pourraient un jour disparaître, tout comme les aigles et les bisons aux Etats-Unis ».
Quant aux solutions pour le « développement » de l’île les solutions des spécialistes sont pour le moins effarantes :

1-Le maintien de la situation avec l’érosion de l’identité culturelle et un recours inévitable à l’immigration. ( apport massif d’éléments allogènes )
2-Il propose de valoriser l’identité culturelle et les traditions corses en inventant un modèle corse de développement.

Avec le plan d’aménagement de 1971 la France a choisi la première voie.
 De façon concomitante le Schéma d’aménagement puis le Plan d’aménagement, prévoient dans les années 1960, de faire de la région un espace dévolu uniquement au tourisme de masse, tourisme ne devant pas être aux mains des autochtones. Ainsi la SETCO ( homologue de la SOMIVAC ) fut créée afin de favoriser dans le domaine touristique l’implantation de grandes sociétés capitalistes franco-internationales.
La Balagne à ce titre est un exemple assez frappant : Dans cette région particulièrement attractive, les premières réalisations immobilières d’envergures apparaissent dans les années 1960, conformément aux directives du Plan d’Aménagement. Ainsi, virent le jour les « Marines » de Sant’Ambroggiu et de Davia, le Club Méditerranée…..
Face à cette déferlante de Plan, de Schéma, de « mise en valeur » des terres, les Corses se sentirent impuissant, et de plus en plus un leitmotiv se développe « rendez-nous nos terres ». C’est à cette préoccupation pressante et surtout urgente qu’essayeront de répondre les mouvements nationalistes, qui apparurent dans ces années de « rénovation » de la Corse.
 Cela aboutissant aux évènements d’Aléria d’août 1975, que d’aucuns assimilent à la naissance de la revendication nationaliste corse. En ce 21 août 1975, une poignée de militants armés dirigés par le docteur Edmond Simeoni occupe la cave d’un « gros colon » d’Aléria. Ici ce n’était pas l’homme en particulier ( à savoir un certain Depeille ) qui était visé mais bel et bien l’ensemble de l’édifice que ces derniers qualifièrent de « colonial ». Ce fut un conflit d’une grave et violente intensité puisque le ministre de l’intérieur de l’époque Poniatowski déploya pour annihiler l’opération plus de 2000 soldats de la république. Durant quelques jours la région d’Aléria connu une véritable situation de guerre, se soldant par une fusillade qui fera deux morts parmi les forces de l’ordre et un blessé grave parmi les militants de l’ARC.
Le 4 mai 1976 un vingtaine d’attentats célèbreront la naissance du FLNC dont la cible principale sera « l’État colonialiste français ». État qui très tôt dénoncera l’organisation clandestine ( Gaston Deferre devant quant à lui dissoudre le Front au début des années 1980 ), car il n’est pas concevable que dans un État de droit républicain comme la France existe une « armée de l’ombre ». Néanmoins, il sera avéré par la suite que pour contrecarrer le FLNC, une organisation pro-française et barbouzarde FRANCIA fut « financée » par l’État. Le pouvoir central à travers ses ramifications, notamment le SAC, instrumentalisa pendant quelques années des hommes afin qu’ils combattent l’essor du Front. Le drame de Bastellica de janvier 1980 devant révéler cette collusion.

La langue avatar de la revendication culturelle corse

Pour les nationalistes la langue autochtone est l’un des outils majeurs au service de l’indépendance du territoire Corse. Dans leur opposition avec la France, l’un de leurs leitmotivs clef est « nous ne sommes français ni par langue, ni par la culture ». Depuis les années 1970 jusqu’à nos jours cette question tant culturelle qu’identitaire est constamment corrélée aux revendications des différents partis nationalistes. Ce désir de protection et de mise en valeur de la langue est fondé avant toute chose sur une crainte de la voir progressivement sombrer en raison de l’inexorable hausse de l’ « immigration », et de la constitution d’une communauté ” allogène ” conséquente.
Durant la dernière décennie la langue Corse a réussi à s’extraire d’une certaine mis au ban, et ainsi en mars 2000 par exemple la majorité des élus de l’Assemblée de Corse a voté pour l’instauration d’un enseignement obligatoire de la LCC ( langue et culture corse ). Aujourd’hui, le Corse dans l’enseignement secondaire n’est pas obligatoire mais optionnel ( épreuve d’option au baccalauréat par exemple ), néanmoins ce processus d’émancipation n’est pas enclin à une certaine inertie puisqu’il semblerait que dans un avenir très proche il obtienne un statut de co-officialité, ou même plus.
On peut donc constater qu’à lui seul, il représente la symbiose d’une grande partie de la revendication nationaliste de ces dernières décennies, et qu’à travers sa reconnaissance c’est le statut de la Corse tout entier qui se meut.
Dans une France jacobine, qui a si longtemps fait de la langue de Voltaire le ciment d’une république ( de l’Abbé Grégoire à Jules Ferry ) « une et indivisible » force est de constater que cette évolution insulaire ébranle quelque peu l’édifice nationale multiséculaire.
Essayons donc d’étudier plus en détail cet élément clef du rapport de force entre la Corse et la France :
Dans les milieux nationalistes on clame souvent ces phrases « a chi nega a lingua nega u populu » ( celui qui noie une langue noie un peuple ) ou bien « lingua corsa, lingua naziunale » ( langue corse, langue nationale ).
 Cet attachement à la langue est donc un attachement à la culture mais bien évidemment au territoire. Les nationalistes défendent cette langue car elle est celle d’un peuple, et qu’en définitive si celle-ci se meurt corollairement c’est l’ensemble du peuple corse qui s’éteint. On peut également considérer que dans l’idéologie nationaliste la revendication linguistique ( tout comme la lutte contre la drogue, ou la bétonisation ) est acceptée par une majorité des corses. 
En effet la langue corse a toujours été fédératrice car elle rassemble aussi bien les indépendantistes les plus radicaux, les autonomistes modérés et même des individus opposés à l’idéologie nationaliste. 
Même des corses non nationalistes reconnaitront qu’il est primordial de lutter pour cette langue. D’ailleurs aujourd’hui on constate que des hommes politiques Corses qui pendant de longues années ont vilipendé le corse, sont devenus de fervents partisans de sa mise en valeur ; reste à déceler dans cet engouement nouveau la part de sincérité.
Il serait fallacieux de croire que la langue corse aujourd’hui n’est plus vitupérée et dénoncée. En effet, pour certains individus l’officialisation de cette langue ferait rejaillir les tristes et douloureux moments de notre Histoire. Ainsi, si cette dernière devenait officielle dans une région française, il pourrait y avoir des risques d’exclusion et de discrimination.
Par exemple, nombreux sont les nationalistes qui militent pour « la corsisation des emplois » ( le STC notamment ), mesure que certains assimilent à une certaine résurgence des pratiques « nazies » telle que « l’aryanisation ».
Il y aurait donc exclusion pour les individus non corsophones, puisque ces derniers ne pourraient plus exercer leur profession faute d’une maîtrise de la langue. Ce faisant la connaissance du corse deviendrait ainsi un caractère que certains pourront qualifier de « discriminatoire ».
D’aucuns peuvent y voir une tension vers l’avènement du racisme dans l’île, néanmoins on rappellera que le FLNC (du moins une grande partie de ses militants ) et la mouvance nationaliste plus largement n’ont jamais étaient des adeptes d’un corsisme frénétique, puisque ces derniers ont toujours milité pour la notion centrale du nationalisme corse à savoir la « communauté de destin ». ( « selon cette notion font partie du peuple corse tous ceux qui partagent ses valeurs de culture et civilisation quelles que soient leurs origines(….) Sont corses ceux qui aspirent aux intérêts collectifs et nationaux de la Corse » ).
Force est de constater que depuis la naissance du nationalisme corse jusqu’à nos jours la problématique de la langue fut celle qui a connu les succès les plus réticents, ce faisant on peut constater qu’à travers son évolution se dessine le futur d’une région corse de plus en autonome vis à vis du continent.
Trois dates révèlent l’avènement de ce processus que certains qualifient ” d’émancipateur “ :

1)Le statut particulier de 1982 qui généralise l’enseignement de la langue corse.

2)Le statut d’autonomie interne de 1991, qui conduit à la naissance de la CTC et à l’avènement du bilinguisme.

3)Le 15 avril 2010, le Président du Conseil exécutif de Corse signe la Charte de langue corse. Cette charte vise à renforcer l’usage et la visibilité de la langue corse dans la vie sociale et l’espace public.

Tourisme en Corse et lutte contre la spéculation

-Le tourisme, phénomène social, phénomène culturel, phénomène fonctionnel de « régulation » de l’équilibre psychologique des masses urbaines du monde développé a connu une expansion régulière puisque depuis 40 ans son taux annuel de croissance oscille entre 6% et 15%. Depuis la publication par Stendhal en 1838 des Mémoires d’un touriste, qui impose ce vocable nouveau, d’importantes mutations, tant quantitatives que qualitatives se sont produites dans ce secteur d’activité. La démocratisation des vacances introduites en France en 1936 avec l’instauration des congés payés a entrainé un véritable déferlement de visiteurs dans les lieux les plus recherchés. Ainsi, le bassin méditerranéen absorbe t’il à lui seul environ 35% du tourisme international. Dans cette espace, une île, la Corse, depuis la période post-seconde guerre mondiale s’est lancée dans cette voie, et il paraît intéressant d’étudier de quelle manière se développe le tourisme dans cette micro-région. Ce « département à la mer » où la population locale a longtemps préféré la montage à’élément marin, s’est progressivement tournée vers les littoraux devenus non seulement apaisés mais surtout salubres grâce à l’action des Américains en 1944 sur la plaine orientale. De ce fait, la perception des littoraux évolue et on y voit une multitude de potentialités économiques, avec bien entendu la tourisme. On peut donc se demander de quelle manière la Corse est une région propice à l’essor touristique de par sa géographie. D’un autre côté, par-delà les potentialités, il convient de voir de quelle façon sont menées les politiques de valorisation par la collectivité. Enfin, il est nécessaire de se demander si le développement du tourisme n’est pas générateur de déséquilibres dans l’île ?

-La Corse occupe une position centrale en Méditerranée, puisqu’elle est au cœur de l’une des plus importantes destinations touristiques mondiales, le bassin méditerranéen absorbant 35% du tourisme international. L’île occupe donc une position géographique de choix. Néanmoins, d’un point de vue géographique, elle est entourée de pays touristiques majeurs et fait donc face à un fort contexte concurrentiel (Italie, Sardaigne, Espagne, Côte d’Azur mais également des pays comme le Monténégro ou la Croatie). Le tourisme insulaire est donc fondé sur l’une des seules richesses exploitables à savoir le territoire et ses « ressources » naturelles. Avec une superficie de 8 648 km2 et un linéaire côtier de plus de 1000 km, la Corse est une grande île d’un point de vue géographique, mais assez petite au niveau démographique ( 302 000 habitants ), si on la compare à ses concurrentes méditerranéennes. Son vaste littoral, aujourd’hui assaini, lui permet donc de proposer une offre balnéaire et littorale riche et diversifiée. Néanmoins, on a trop tendance à associer île et activité balnéaire. En effet, l’une des caractéristiques de la Corse est qu’elle est pourvue d’une dualité entre mer-montagne, dualité qui singularise l’île, que d’aucuns qualifient de « montagne dans la mer ». Même si le réseau routier peu efficient accroît la distance-temps, on ne peut nier la proximité entre la mer et la montagne. En définitive, du fait de sa géographie variée l’offre touristique corse n’est pas uniforme, et présente donc des potentialités multiples plus ou moins exploitées. Cependant, si cette dualité existe d’un point de vue géographique, elle se délite quelque peu face à la réalité touristique puisque que selon l’Agence du Tourisme de la Corse seuls 10 % des touristes viennent dans l’île pour sa montagne (attirés par le GR 20 ). Face à l’arénotropisme, le thalassotropisme et l’héliotropisme, le tropisme montagnard ne pèse guère d’un point de vue économique. Quoiqu’il en soit grâce à la diversité de son territoire, l’île permet le développement d’activités multiples, allant de la navigation, plongée, plage à des activités plus montagnardes telles que la randonnée pédestre ou équestre, l’escalade etc…. La conformité géologique et spatiale de certains sites permet aussi de drainer nombre d’individus, avec notamment les falaises calcaires de Bonifacio, la presqu’île de Scandola, située entre Calvi et Ajaccio, qui possède un patrimoine naturel exceptionnel. Les caps de Girolata et de Porto, ainsi que les calanques de Piana se découpant sur des dizaines de kilomètres, avec des massifs d’une roche éruptive (le porphyre) surplombant les eaux limpides de l’île. Mais également, les Gorges de la Restonica ou bien le Désert des Agriates à l’est de la Balagne avec une végétation composée des essences traditionnelles du maquis.
Avec 36% du PIB, le tourisme occupe une place économico-sociale centrale dans l’île. Pour l’avenir de la Corse, il représente l’un des enjeux majeurs tant au niveau économique que sociale et sociétale selon la Collectivité Territoriale de Corse. En effet, ce dernier est présenté dans les plans économiques successifs comme la clef du développement insulaire.

En effet dans les années 1960, le tourisme fut défini comme le « levier de la renaissance corse ».

On se rappellera des mots du préfet Lucien Drevon : “La Corse exporte une seule richesse : l’intelligence de ses fils, nous répondons que cet hommage est insuffisant… La Corse possède une autre richesse incomparable et inépuisable à exporter, ce sont les merveilles dont la nature l’a dotée, la richesse de ses sites, la générosité de son ciel et de son climat. Faire prospérer le tourisme par tout ce qui y concourt directement ou indirectement, c’est assurer la renaissance de la Corse ; c’est l’objectif final auquel tendent toutes les dispositions du plan de mise en valeur de la Corse. »
 Afin de faciliter cette “renaissance” fut créée la SETCO (Société pour l’Équipement Touristique de la Corse ).
 Cette politique de mise en valeur a profondément remodelé le territoire. Ainsi, dans des régions comme la Balagne, les premières réalisations immobilières d’importance apparurent dans les années 1960, tout en se multipliant fortement au cours de la décennie suivante. Un hôtel de standing fut par exemple construit à l’Isula Rossa sur le site exceptionnel des îles. Cela démontrant bien que dès les premières briques de cette nouvelle politique, le tourisme ne fut pas pensé comme pouvant être en adéquation avec l’environnement, à savoir le lieu de vie des corses.
Récemment la Corse a en matière touristique profité d’une forte décentralisation (plus fort degré de décentralisation en France), avec plusieurs statuts respectifs en 1982, 1991 et 2002, lui permettant de pratiquer une politique plus rationnelle. Ainsi, la région ( à travers la CTC et l’ATC ) élabore et gère toute la politique touristique, presque unilatéralement sans intervention de l’État. À l’heure actuelle, c’est l’Agence du Tourisme de la Corse qui s’occupe en grande partie du développement du tourisme et de sa promotion à différentes échelles. L’ATC possédant un puissant rôle de coordination des actions au plan régional, puisqu’elle gère à la fois de la promotion, l’étude et le développement, à travers la mise en place de différentes politiques volontaristes. Afin d’être plus efficiente, cette organisation a procédé à un découpage de la Corse en différentes micro-régions ou plus exactement en pôles touristiques pour mieux relier le littoral à la montagne, est donc de favoriser l’essor du tourisme sans créer de déséquilibres régionaux Avec, un budget de 17 millions d’euros alloué pour 70% aux actions concrètes avec notamment les activités de promotion de l’île, l’ATC vise à lutter contre l’avènement d’un tout-tourisme anarchique et pollueur. Le développement non maitrisé du tourisme pouvant conduire à la perte d’accès à la terre, aux ressources et aux sites fréquentés par la population locale. À l’horizon de 2014, l’ATC s’est fixer pour but de favoriser le rapprochement entre l’agriculture et l’activité touristique, de rééquilibrer les flux et de faire jouer la complémentarité des territoire, de construire une stratégie promotionnelle partagée, d’instaurer une fiscalité du tourisme, de répondre aux besoins en formation et favoriser les échanges de savoir-faire avec l’espace méditerranéen et de favoriser les partenariats en renforçant les liens entre les acteurs locaux notamment : l’Office des transports (OTC), l’Office de l’environnement (OEC), l’Office du développement agricole et rural (ODARC), l’Agence de développement économique (ADEC).
-Mais cette valorisation des potentialités naturelles introduit parfois des déséquilibres sur le territoire : la Corse possédant des équilibres environnementaux et économiques fragiles. L’aspect négatif d’un point de vue écologique est indéniable car le tourisme tel qu’il fut pratiqué en Corse durant les années d’après guerre, entraina la mise en coupe réglée des paysages naturels idylliques, la laideur architecturale, une forte consommation d’eau, la prolifération des déchets. Ce faisant l’action du Conservatoire du littoral est essentielle dans l’île, et dans ce domaine, la Corse fait quasiment figure de modèle avec 23 % de son littoral ainsi préservé, sachant que des projets existent et pourraient, à terme, faire croître ce pourcentage aux environs de 36 %. En outre, 68 sites répartis sur 46 communes reçoivent tous les ans des centaines de milliers de visiteurs. Mais force est de constater que l’île pendant longtemps n’était pas pourvue des infrastructures nécessaires ( stations d’épuration…) pour atténuer ces effets sur l’écosystème, même si depuis la fin des années 1990 de véritables efforts sont faits pour palier aux lacunes de la région. De plus, la spéculation est l’un des corollaires de cet essor du fait de la prégnance de cette mono-activité rentable. Par-delà ses conséquences sur l’environnement, la spéculation si elle venait à se généraliser, sonnerait le glas de toute potentialité d’éclosion d’une économie nationale puisque elle fait le lit de la mafia aux fins d’exercer sur la société un pouvoir politico-économique sans partage. D’où la préoccupation de la CTC quant au tourisme.

Comment expliquer que très tôt certains nationalistes ont rejeté le tout-tourisme ?

L’une des particularités de la Corse, réside dans le fait qu’avec l’essor du tourisme s’est développé en parallèle un fort courant revendicatif. Très vite la mouvance nationaliste va s’opposer plus ou violemment et donc « concrètement » à la voie du tout-tourisme. Les nationalistes considèrent ainsi que le tourisme international et son corollaire le tourisme de masse représentent une manne à très haut risque pour la corse et de facto est mis en avant un tourisme de qualité. Selon eux, le tourisme est générateur de dépendance, puisque les pays d’accueil dépendent des organisateurs de la clientèle ( agences de voyages, tours operators…. ) et se développe donc un rapport de force fondé sur l’inféodation. Les tenants du système touristique pouvant aisément exercer une pression plus ou moins indirecte et coercitive sur la terre d’accueil. Au surplus, puisque le tourisme est un phénomène de migration qui relie un pays riche à un pays pauvre ( la Corse étant une région pauvre ), il en découle que le pays hôte se doit d’assumer des coûts d’infrastructures conséquents. Toutefois, pour financer de tels projets immobiliers le pays récepteur est contraint de se financer auprès du capital étranger. Les nationalistes s’opposent également aux aspects socio-culturels de ce type de tourisme qui conduit à une « folkorisation » des traditions autochtones et à une certaine « pollution morale ». En définitive, la production agricole traditionnelle dans cette optique ne survivrait uniquement non pas dans un cadre vivrier mais bel et bien folklorique, afin de satisfaire la soif d’exotisme des touristes. Concernant les dérives du tourisme régional l’archétype est l’île de Cavallo, faisant partie de l’archipel des Lavezzi autrement dit de la Corse. Longtemps, elle fut peuplée de bergers, mais dès 1959 l’agriculture pastorale s’éteint sur l’île et des promoteurs s’en emparent pour la transformer en un « écrin à paillettes ». Dès lors l’île est aux mains de stars, d’hommes d’affaires, mais surtout des groupes d’affaires mafieux battant pavillon italien. « Le rouleau compresseur immobilier » est alors mis en marche. Une piste aérodrome y est construite, tandis que l’hôtellerie de luxe y prospère. L’île se transformant en une vaste propriété privée gérée par une société italienne, archétype de ce changement le fait que la langue parlée à Cavallo soit l’italien. « L’île des milliardaires » s’apparente donc à une zone de non droit où prospère la mafia. Mais face à cet essor d’un pseudo-tourisme, le FLNC a procédé à une action violente, pour enrayer ce mouvement. Pour l’avenir de la Corse, Cavallo est donc l’anti-exemple par excellence, afin que cette formidable potentialité qu’est le tourisme ne devienne pas un moloch.

Concernant le tourisme les frères Simeoni parlent d’un « Schéma de déménagement des Corses », allant même jusqu’à évoquer un « génocide » programmé du peuple corse par l’État français.
 L’aspect négatif d’un point de vue écologique est également la pierre angulaire de la revendication nationaliste, car le tourisme tel qu’il fut pratiqué en Corse entraina la mise en coupe réglée des paysages naturels idylliques, la laideur architecturale, une forte consommation d’eau, la prolifération des déchets….
N’étant pas en accord avec leur « projet de société » le tout tourisme fut donc pendant de nombreuses années combattus, avec pour idée essentielle que « les cercles vicieux du sous-développement ne le sont que pour ceux qui acceptent de s’y enfermer » ( Boumediene ).
 Bien évidemment la spéculation est plus qu’inhérente à l’activité touristique, et le mouvement national n’a eu de cesse de la vilipender.
 Comme l’écrit Jean-Michel Rossi dans Intra Muros : « Par delà ses conséquences sur l’environnement, la spéculation si elle venait à se généraliser, sonnerait le glas de toute potentialité d’éclosion d’une économie nationale (….) elle fait le lit de la mafia (….) aux fins d’exercer sur la société un pouvoir politico-économique sans partage. »
Par contre, si le FLNC a très tôt fait de ces deux thèmes le fer de lance de sa stratégie politico-militaire, force est de constater qu’il y a eu très rapidement des dérives.
 Certaines villas furent plastiquées non pas pour des raisons politiques mais affairistes. 
Ainsi avec l’avènement du national-affairisme des pseudo-militants maquillèrent leur entreprise d’enrichissement personnel derrière le manteau du patriotisme.
Tandis que d’autres confondirent trop souvent impôt révolutionnaire et extorsion de fond. 
Cette situation désastreuse aboutissant à la naissance de « petits seigneurs de la guerre régnant chacun sur son secteur »
. La question du tout tourisme et de la spéculation est néanmoins toujours d’actualité ( notamment à travers le PADDUC ) puisqu’une politique d’assouplissement de la loi littoral pouvant permettre une accélération du développement du tout tourisme et de la spéculation, est en train de se dessiner. Et si le PADDUC fut quelque peu ébranler, il est fort probable que les tenants du système font poursuivre leurs menées à travers la multiplication dans le futur des Plans dits d’urbanisme.

-Pour la Corse le tourisme est une véritable mono-activité rentable, du fait de la faible industrialisation de l’île. Afin de gérer le plus rationnellement possible cette manne la CTC n’a de cesse de mener une politique volontariste pour faire cohabiter essor du tourisme et préservation de l’île. Néanmoins, le tourisme n’en va pas s’en porter atteinte à l’écosystème tant sublime que fragile tandis qu’il est générateur de déséquilibres sociaux et culturels pouvant engendrer la violence. La question du tout-tourisme et de la spéculation est néanmoins toujours d’actualités ( notamment à travers le PADDUC ) puisqu’une politique d’assouplissement de la loi littoral pouvant permettre une accélération du développement du tout tourisme et de la spéculation, est en train de se dessiner.

Du nationalisme au national-affairisme et à la mafia-nationale.

Peut-on considérer qu’à l’heure actuelle la société Corse soit mise en coupe réglée par la mafia ?

Pour l’instant on assiste à un prélude à ce phénomène, puisque une puissante mafia se développe dans l’île. La mafia devant se définir comme la symbiose entre le crime et le pouvoir politique, économique et administratif. Pourtant, une différence fait que pour l’instant la Corse peut éviter de sombrer dans les méandres de la société à la sicilienne : la présence dans l’île d’un mouvement national puissant militant contre cette dérive.
Reste à savoir si la mouvance nationaliste n’est pas aliénée et corrompue par l’affairisme ?

Le Front de Libération National de la Corse fut pendant plus d’une décennie une véritable organisation politico-militaire fédérant des militants animés par une idéologie commune : à savoir un profond désir de s’émanciper, par les armes de surcroît, du « joug coercitif, oppressif et liberticide » de « l’État colonialiste français ». 
Pourtant, au fil du temps nous avons pu constater que derrière les quatre lettres FLNC ne se cachait pourtant aucune réalité, aucune unité.

Le FLNC n’était ( n’est ? ) donc pas un bloc monolithique.

Le berceau de cette organisation militaire clandestine aussi paradoxal que cela puisse être ne se trouve pas en Corse, mais bien en France : dans les universités du Sud-Est du pays, à Nice notamment.
C’est au sein de la diaspora étudiante regroupée au sein de la Consulta di i Studenti Corsi ( CSC ) qu’a germé l’idée de sa création. Durant ces premières années, le Front semble être ordonné et hiérarchisé grâce à une véritable structure interne, à même de contrôler « officieusement » la région.
Ainsi, il est dirigé par un Cunsigliu ( formé de 5 puis de 15 individus ) s’appuyant sur quatre commissions : militaire et logistique, financière et économique, politique et propagande. 
Ce Cunsigliu exerce son autorité sur 6 régions ( Bastia, Balagne, Corte, Fiumorbo, Ajaccio, Porto Vecchio ) et sur 25 secteurs ( Ile-Rousse, Aleria, Sartene….).
Selon ses fondateurs, il se veut être « une structure de regroupement de la société corse dans une Union nationale par dessus les clans ». Cette union, ne dura guère longtemps, en raison de la pression exercée par lesdits clans. 
En effet, la construction hiérarchique « idéale » du Front n’existe que sur le papier puisque dans la réalité, l’organisation est incapable d’exercer un commandement unique et centralisé. 
Cette lacune cruciale explique la décennie 1990 marquée par le paroxysme atteint par les guerres politico-territoriales entre « petits seigneurs de la guerre », certains allant même jusqu’à parler « d’années de plomb ».

En fait, dès l’origine le mouvement national fut porté par deux principaux courants :

Le premier représentait les intérêts de la bourgeoisie corse, bourgeoisie étant surtout embryonnaire. Cette dernière souhaitant s’émanciper du « joug français » car elle considérait que sa croissance pouvait être enrayée par la restructuration de l’économie coloniale dont les deux piliers à savoir la vigne et le tourisme était aux mains d’individus qualifiés d’allogènes.

Le second courant quant à lui était disons le plus radical mais également plus cohérent car il corrélait la libération nationale avec la libération sociale, considérant ainsi que sans libération sociale toute libération nationale serait vaine. Ce courant d’inspiration marxiste était alors très influencé par le processus de décolonisation qui se répandait à de nombreux pays, jadis sous l’égide européenne.
Pour faire plus simple, on peut écrire qu’originellement le FLNC est fondé sur deux courants politiques :

Régionalistes / autonomistes ( plus ou moins lié à un courant parasitaire néo-libéral).

Courant tiers-mondiste influencé par des thèses allant du marxisme-léninisme au maoïsme ( ce courant généra les idéologues et doctrinaires du Front, mais fut souvent marginalisé par une branche plus pragmatique mais aussi apolitique et affairiste).

Dès la fin des années 1980, les luttes d’influences entre les principaux dirigeants du mouvement national s’affirment, et au fil du temps s’exacerbent, corrélées à des desseins hégémoniques sur des territoires précis.
C’est en 1989, qu’a lieu la première scission au sein du FLNC du 5 mai 1976. C’est durant cette année que le FLNC a pris la décision d’exclure celui qui jusqu’alors était à la tête du Cunsigliu : Pierre Poggioli.
 Poggioli régnait en maître sur le mouvement national, avec un stratégie de gestion de la région pour le moins habile, mais néanmoins machiavélique puisque fondée sur une politique de création de la désunion. Par exemple, certains considèrent que ce dernier a exacerbé l’animosité entre les militants du Nord et ceux du Sud, en désignant aux militants du Sud ceux du Nord comme « d’abominables gauchistes », tandis qu’aux seconds il désigne ceux du Sud comme étant d’obédience d’extrême-droite.
Pourtant ses manœuvres créatrices d’un pseudo-équilibre, furent contrecarrées par la montée en puissance du Secteur Volant. 
Poggioli sera donc exclu du FLNC, ( même si ce dernier parla plutôt de démission ) et par la suite fonda l’Accolta naziunale corsa ( ANC ).
A posteriori à travers cet évènement pour le moins considérable, on constate donc le début des divergences et oppositions au sein du Front, qui le conduiront à la seconde scission, celle de 1990, et à la mise en place d’une guerre interne : entre le bloc FLNC Canal-Historique et le FLNC Canal-Habituel.
La rupture, ou plus exactement la deuxième scission du FLNC cette fois-ci semble être motivée tant par un dévoiement que par une corruption d’une partie du mouvement national dus à l’évènement dans l’île du « national-affairisme ».
Dès l’année 1988, une partie de la direction du mouvement national entama des discussions avec le pouvoir socialiste de l’époque placée sous l’égide tant de l’arrivisme que de l’affairisme.
En effet, la France par le truchement de Joxe négocie avec les militants issus du secteur qui depuis la chute de Poggioli ont pris le contrôle du mouvement : ceux du secteur Volant. 
Ce projet a pour dessein d’entamer un processus devant conduire à l’établissement d’alliances avec des représentants de partis politiques non-nationalistes, notamment avec José Rossi et l’UDF. Les hommes gravitant autour d’Orsoni devant grâce à ces accords accéder à des postes à « l’exécutif et dans les offices de l’Assemblée ».
Les germes de l’éclatement résidant également, selon les dires de certains dirigeants nationalistes, dans des détournements de l’argent « collecté » par le mouvement. Dès cette époque, nous assistons à la naissance d’une collusion entre d’une part le nationalisme et de l’autre la mafia.
Le 17 octobre 1990, sous l’égide d’Alain Orsoni, un groupe de militant quitte le FLNC pour créer le MPA ( Mouvement pour l’autodétermination/ Corrélée à ce mouvement légal, fut créée de concert une organisation clandestine portant le nom de FLNC Canal-habituel ). Mouvement qui à l’origine se voulait « moderniste », considérant notamment que le tourisme doit devenir le moteur du développement économique de l’île ( il est judicieux de rappeler que la plupart de ses sympathisants étaient liés au secteur touristique et au commerce ), tout en appelant à une tension vers une « paix civile ».
À cette époque, nombreux furent ceux qui assimilèrent cette vision à un désir de brader la lutte émancipatrice au profit « d’une accession au pouvoir territorial, qui eût fait la fortune de ses promoteurs… ». 
D’où l’idée qu’en définitive derrière ce mouvement pseudo-moderniste, se cache des individus animés par un désir d’enrichissement personnel couvert du manteau du nationalisme. Si l’on en croit certains, le « Mouvement Pour les Affaires » ( comme il fut rebaptisé ) n’avait que pour dessein l’avènement d’une « bourgeoise compradore » à travers une pseudo-revendication patriotique, plus soucieuse de l’aspect économique qu’idéologique de la question Corse ( notamment à travers les demandes d’obtention pour la Corse d’un statut fiscal dérogatoire, chose assez rare dans des mouvements se réclamant d’une Lutte de Libération Nationale). 
Preuve en est, le gouvernement français de l’époque avait pris la décision de confier le pouvoir économique au MPA, et de poursuivre les discussions politiques et institutionnelles avec les hommes de la Cuncolta, le camp opposé.
En effet, les militants de l’ancien FLNC qui ne partageaient pas le paradigme du MPA se rassemblèrent autour du FLNC Canal-Historique ( fondé le 25 novembre 1990 ).
Le Canal historique contrairement au MPA n’est pas un bloc uniforme et uni, au sein même de ses militants il y a des alliances qualifiables de fortunes.
Par exemple, des alliances ont été conclues avec la région Bastia ( sujettes à des dérives mafieuses ) non pas pour des raisons idéologiques ou pour de quelconques affinités mais plutôt pour des raisons stratégiques.
Cela ne pouvant bien évidemment conduire qu’à une énième scission.
Malgré l’existence de forces centrifuges au sein du Canal Historique, on peut néanmoins essayer de le dépeindre, et d’en extraire son idéologie. Ainsi, les secteurs clefs du FLNC Canal Historique « notamment la Balagne lancèrent une campagne d’envergure contre la spéculation foncière et immobilière », corrélée à une dénonciation des dérives mafieuses du bloc MPA-FLNC Canal habituel. 
L’accession de Jean-Michel Rossi en 1996 à la tête du journal nationaliste U Ribombu démontre clairement le paradigme et l’idéologie défendue par une partie du FLNC Canal Historique, à savoir ( pour être bref ) un désir d’établissement d’une étroite corrélation entre la libération nationale, et la libération sociale.
Outre ces aspects idéologiques voire mêmes philosophiques, il est important de signaler que sous de Charles Pasqua par le truchement de sa vitrine légale, à savoir la Cuncolta, le Canal historique a fait figure d’interlocuteur privilégié de l’État français. 
Au passage, cela démontrant à nouveau qu’ici nous ne sommes pas confronté à une lutte entre deux parties diamétralement opposées mais qu’au contraire nombreuses sont les collusions entre les « cagoulés » et les tenants de l’État républicain français.
En témoigne les propos de l’ancien chef de la Cuncolta, François Santoni, à propos des discussions avec le ministre de l’intérieur : « Nous avons eu des discussions longues, sur la base d’un projet politique qui donnait à la Corse un statut de territoire d’outre-mer. On a bien pensé aboutir, car il y avait en face de nous une réelle volonté de dialogue. »
Pourtant, cette opposition entre deux camps antagonistes aboutit à une véritable guerre entre les nationalistes au cours la décennie 1990.
1995, décennie étant à elle seule l’archétype et surtout le paroxysme atteint par la violence du conflit, puisque elle fut marquée par la mort de onze militants nationalistes ( 6 parmi le FLNC Canal habituel et 5 pour le FLNC historique ).
 Une véritable hécatombe décima le mouvement national, créant un climat de terreur dans l’île, et conduisant à la dégradation de l’image du mouvement national entaché par le sang de ses propres combattants.
Même si tous ne sont pas morts en raison de leur engament politique. 
Sur fond de luttes de rivalités sur des territoires précis, nous avons assister à une dérive mafieuse au sein de la mouvance nationaliste dont l’avatar est le bloc MPA-Canal habituel, par exemple, qui lorsqu’il fut vilipendé par le rédacteur en chef d’U Ribombu réagit d’une manière plus que paradoxale et révélatrice en « condamnant à mort » ce dernier.
En définitive on peut conclure de cette étude des scissions au sein du FLNC, par les mots du rédacteur en chef du journal nationaliste : « Il n’y a pas de famille nationaliste (….) C’est un leurre, une expression qui ne recouvre aucune réalité. En politique, il n’y a que des stratégies. Celle du Canal habituel constitue, à nos yeux, une vraie entreprise mafieuse. »
Et ce dernier d’ajouter qu’« il n’y a jamais eu de discussions entre les deux branches du FLNC ».

La mafia dans l’île

Dans l’île ont peut aisément distinguer quatre foyers mafieux :
Le premier foyer est situé dans « Le haut Taravo où presque tout le canton est voué aux métiers du jeu sur le continent. » ( l’Évènement )

Un deuxième foyer dans Le Grand-Ajaccio, où la pieuvre de la mafia prend constamment de l’ampleur.

Le troisième foyer quant à lui est plus historique, c’est celui de Calenzana d’où est originaire la famille Guerrini. Son activité varie selon les évènements relatifs à la situation en Corse et sur le continent.

Le dernier foyer symbolise à lui seul les dérives d’une partie du mouvement national:Bastia. Le gang de la Brise de Mer y est né dans un café du port de Bastia. Ce groupe mafieux actuellement en déliquescence, demeure le groupe mafieux le plus important de l’île, entretenant des relations avec la mafia internationale. Ces truands contrôlent le secteur immobilier, le tourisme, les boîtes de nuit. Au fil du temps, la Brise de mer a établi des liens, plus qu’étroits, avec des hommes du FLNC Canal Historique du secteur Bastia. Ces derniers par leur contact avec le milieu, délaissent rapidement idéologie et militantisme, pour se tourner vers le trafic d’armes, en définitive vers le gangstérisme. Certains considérent que La Brise de Mer joua un rôle clef dans les rivalités entre Armata Corsa et les individus gravitant autour « du seigneur de la guerre » de Bastia. Ainsi, des membres de ce gang auraient participé à l’exécution des « dissidents » du Canal Historique.

Le cas Armata Corsa
Ce « génocide » perpétré contre un mouvement clandestin qui naquit en 1999, symbolise à lui seul la symbiose entre certains nationalistes et une branche du milieu insulaire.
À la fin des années 1980 est créé Presenza Naziunale, un cercle de réflexion politique et philosophique gravitant autour de l’idéologue et ancien rédacteur du journal nationaliste U Ribombu : Jean-Michel Rossi. 
Néanmoins, même si à de nombreuses reprises ses fondateurs semblaient critiquer la lutte armée, il fut établi que ces derniers étaient plus ou moins liés au mouvement clandestin Armata Corsa. 
À croire qu’en Corse la liberté ne peut provenir que des armes.
 Rossi et Santoni à propos d’AC disent « quant à Armata Corsa, dernière-née des organisations clandestines, nous ne justifions pas son existence. Il nous semble toutefois que, dans le paysage clandestin, c’est l’organisation clandestine la moins irréaliste, puisqu’elle limite d’elle même ses objectifs. »
 Armata Corsa est essentiellement implantée dans le secteur Balagne, secteur qui depuis quelques années s’est émancipé de l’hégémonie du Nord. 
« Jean Michel, c’est le pilier du mouvement clandestin en Balagne, il a toujours été le patron, par son charisme et son poids politique. » ( Santoni in Contre enquête sur trois assassinats Rossi, Fratacci, Erignac).
 Et l’ancien chef de la Cuncolta, d’ajouter « Jean Michel va (…) cristalliser sur lui les oppositions qui vont se faire jour entre le Nord et le Sud ».

L’assassinat de Jean-Michel Rossi s’inscrit clairement dans une “logique géopolitique” :
 d’une part les assassins ont réussi à éliminer un homme « dangereux » pour les affaires ( Rossi s’étant toujours opposé de son vivant à un projet d’implantation de boîtes de nuit entre Calvi et l’Ile-Rousse, afin de lutter contre la mise en place d’un réseau de distribution de drogue dans la région ) car porteur d’une vision pour la Corse, pour le moins opposée à celle d’une frange du nationalisme ( liée au grand banditisme ), et d’autre part à travers sa mort, il y a l’aboutissement d’un désir de « main basse » sur la région Balagne. 
La micro-région fut donc pendant quelque temps au centre d’une guerre fondée sur d’intenses « rivalités de pouvoirs ou d’influences » sur un territoire, conflit qui divisa également le milieu lui-même, désireux de ne pas voir l’avènement de la symbiose entre la mafia bastiaise et les nationalistes-mafieux du Canal Historique du secteur Bastiais. 
La forte personnalité que fut Rossi, empêchait dans la région les dérives mafieuses, l’avènement du national-affairisme, le tout-tourisme et son corollaire la spéculation, la propagation de la drogue….si la Balagne fut longtemps épargnée par ses maux, cela n’est indéniablement plus le cas aujourd’hui.
Dans cette région il y a indubitablement un avant et un après 7 août 2000.
Quant à François Santoni, l’autre cadre du mouvement, il est assassiné un an plus tard le 17 août 2001 dans son village de Monacia d’Aullène.
Cet exemple, démontrant les rivalités internes qui gangrènent le mouvement national et qui conduisent à une multitude d’assassinats.

 

U Ricordu

uricordu.org


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4 réactions à cet article    


  • COVADONGA722 COVADONGA722 3 novembre 2012 12:52

    Raymond barre avait raison il faut leur donner cette indépendance , mais apres attention hein il faudra les indemniser parce que l’on aura OBLIGE des milliers d’entre eux a venir faire le fonctionnaire en metropole , d’ici qu’on decouvre que la france à pratiquée la traite des corses
    eh merde encore une repentance ....


    • bluerage 3 novembre 2012 17:41

      Tiens mon commentaire a été censuré, ça ne m’etonne pas vraiment de votre part, je ne faisais que dire tout le bien que je pense des nationalistes corses, 75 pour cent de rejet de votre article, allez plutôt faire du fromage plutôt que de polluer ce site


      • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 3 novembre 2012 19:39

        Salute,

        Je reviens de Calvi où j’ai passé quelques jours au Festiventu (j’évite d’en parler, ça va fâcher), que j’ai pris l’habitude de féquenter ces dernières années.
        J’y ai assisté, entre autres, et avec difficulté vu le monde présent, à une conférence débat autour du livre « razzia sur la Corse » qu’y présentait son auteur, Hélène Constanty. Ce livre qualifié de « torche-cul » par le fils de l’avocat Sollacaro, dernièrement assassiné. Une conférence que des appels anonymes avaient tenté d’empêcher quelques jours plus tôt à Ile-Rousse... Preuve de sa pertinence, pourrait-t-on dire, vu les torpilles qu’y reçoit le défenseur d’Yvan Colonna, promoteur à ses heures perdues...
        Merci de votre exposé qui malgré les raccourcis obligés, représente un effort notable à la fois explicatif et justificatif. Il m’apparaît comme le prolongement direct des propos entendus à cette conférence. De ceux des conférenciers comme ceux du public présent.
        J’ai milité au sein du comité de soutien pour la révision du procès d’YC. Non que je sois ou non persuadé de son innocence mais plutôt parce que j’ai été outré du comportement de la justice et de celui de Sarko à l’époque. Ce procès restera pour moi un déni de justice téléguidé par le jacobinisme dans tout ce qu’il a de plus abject.
        Habitant de l’arrière pays niçois, je retrouve dans la Corse la sœur de mon pays. J’aime cette île, ses montagnes, son maquis, sa cuisine, sa culture (quels musiciens !) et je vois dans la fierté de son peuple une compresse sur les années, les siècles, à vous lire... de frustrations d’origines continentales diverses.
        A l’inverse, on peut y souffrir : y arracher un sourire complice sur la compréhension de la situation par un continental y relève du tour de force : l’intelligence humaine semble ne pas être suffisante aux yeux du Corse pour qu’un continental puisse y comprendre le malaise, voire y compatir. Et ce rejet ira dans bien des cas jusqu’au refus du dialogue qui risquerait d’engendrer un accord aux accents de trahison sur les fondements du malaise en question. Comme s’il était plus important d’être natif qu’intelligent... De sorte qu’il faille user de stratagèmes oratoires pour déshabiller les discours de leur enveloppe de fierté, le plus souvent rattachée à une « identité corse » qui si réelle qu’elle soit, n’en débouche pas moins sur une véritable hiérarchie des valeurs humaines... on n’est pas loin du racisme le plus méprisant. Comme s’il n’était pas de notoriété publique que 90% de la charcuterie locale ne provenait pas de porcs bretons...
        Je vous souhaite du courage pour démerder ce bordel. Je n’ai pas reconnu Ajaccio où je n’avais pas mis les pieds depuis 20 ans. 50% de l’habitat de Calvi est dédié à la résidence saisonnière alors que bien des Corses ne trouvent pas où se loger à l’année. Lors d’un débat sur le « particularisme corse » il y a quelques années, un prof d’histoire d’origine marseillaise pourtant très appréciés de ses élèves, annonçait son départ obligé de cette île qu’il aimait : marre des cercueils et autres menaces dans la boîte aux lettres : seul grief : sa continentalité... aquela de tarre...
        Continuez votre travail et dites-nous ce que vous pensez d’Hélène Constanty. Ah et expliquez-nous pourquoi une plat de spaghetti carbo coûte 17€. Je sais que l’amour n’a pas de prix, mais être pris pour un pigeon, c’est à peu près le goût qu’on me laisse dans 90% des cas... Je n’ai pas autant l’impression que vous que les choses évoluent, et encore moins celui qu’on a localement envie qu’elles évoluent. Ou alors, certainement pas chose à dire à un continental.
        Comme si partager avec lui un malaise, comme vous me donnez pourtant l’impression de vouloir le faire, était pire que de reconnaître son existence, même si cela était le passage obligé de la sortie !
        Ah, et le tri sélectif... il n’est pas arrivé jusqu’en Corse... quand on parle de protéger le patrimoine, la nature... ça marque mal.... à moins qu’on ne parle pas du même patrimoine ?


        • Ghjuvà 7 novembre 2012 20:31

          Bonsoir Emmanuel,

          Votre message aurait pu être intéressant bien que vous énonciez encore et toujours, et comme beaucoup de gens, quelques poncifs sur la Corse qui fonctionnent bien et qui sont réactivés sans cesse à chaque évènement trouble.

          Cependant, votre histoire sur les pâtes carbonara à 17 euros est totalement inutile et infondée ; surtout provenant d’une personne habitant Nice et proche de la Côte d’Azur ! C’est à croire que vous ne vous rendez jamais au restaurant chez vous ou vous n’allez que dans les établissements que vous connaissez. En ce qui me concerne, je suis Corse et j’habite à Paris depuis 6 ans, je voyage aussi énormément, je me rends minimum 2 fois par semaine au restaurant, je trouve très globalement que les prix pratiqués en Corse ne sont pas si élévés que l’on veut faire croire aux gens et aux visiteurs en comparaison avec d’autres lieux. D’ailleurs, j’ai rarement trouvé un plat de pates carbonara à ce prix là en Corse ( il en existe bien sûr) où, globalement, les restaurants pratiquent des prix tout à fait corrects par rapport à la moyenne, voire plus bas. En Corse, comme en France (je ne dis pas volontairement « sur le continent ») et comme dans le monde, il y a des restaurants qui pratiquent des prix scandaleux et d’autres non. Exemple, le café à paris dans un bar connu de Rivoli est à 3 euros (faut-il pour autant rendre spécifique à PAris le café cher). Alors rendre « endémique » à la Corse la chèreté des restaurants qui sous-tend qu’en Corse, parce que c’est la Corse on arnaque les touristes, est un discours insupportable et totalement absurde.

          cordialement

           

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