Le nazisme est toujours présent
C’est sans doute une goutte d’eau dans l’océan, mais j’avais envie de pousser ce coup de gueule. Soixante-dix ans plus tard, le nazisme est toujours là, prêt à frapper à nos portes.
Ce n’est bien sûr pas un fait nouveau, mais c’est tout de même un fait qui mérite d’être signalé. Sept décennies depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce sont environ deux générations qui sont passées, dont une qui s’est essentiellement éteinte. Mon grand-père, résistant lors de cette guerre là, est mort depuis quelques années, et de ses souvenirs, il ne reste que ceux qu’il a su transmettre à ses descendants. Mes parents sont nés quelques années après cette guerre, et ne l’ont dont pas connue. Lorsque la génération de mes parents disparaitra à son tour, la seconde guerre rejoindra la première dans le passé mythique de l’humanité, uniquement rapporté par documents historiques interposés. Et la mémoire, on le sait, est sujette aux distorsions, aux instrumentalisations. On en a eu des illustrations, déjà, notamment sous Sarkozy.
Plus les années passent, plus cela devient dangereux. D’autant plus dangereux que nos responsables actuels, qui sont de la génération de mes parents ou à peu près, n’ont pas non plus connu la guerre, et la relativisent sans doute dans une certaine mesure, ou l’instrumentalisent, parfois à leur corps défendant, comme notre bien aimé premier ministre, tout acquis à la cause et aux intérêts d’une autre nation que la sienne, qui cristallise en elle tous les éléments de culpabilité sacralisée de cette phase de guerre déjà largement mythifiée. Je veux bien entendu parler d’Israël.
Or donc, dans ce contexte où ce personnage d’influence confond allègrement, et explicitement, antisionisme et antisémitisme, et où il est largement question de la censure de plus en plus échevelée de l’internet, et ce sous l’éhonté prétexte de la défense de la liberté d’expression – qui aurait rêvé mieux en matière de politique orwellienne ? – se pose également la question du statut des idéologies nazies et fachistes.
Car rien n’est acquis en ce domaine, comme on l’aura vu au moment où la Russie, cible actuelle des colères occidentales, posait, en 2014, précisément la question de la condamnation formelle de ces idéologies qui ont été, au minimum, à l’initiative de la seconde guerre et des conséquences que l’on en sait, notamment le génocide, non pas seulement des juifs, mais aussi de bien d’autres catégories de la population, dans l’impeccable logique eugéniste germanique de l’époque.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit avec le nazisme, dont on me dit ici et là que le terme est fait « pour faire peur », autrement dit que le terme « nazi » serait une invention propagandiste dont la visée serait de faire fuir le chaland au large d’une idéologie qui serait bien plus cool qu’elle n’en a l’air. Et oui, c’est ce qu’on rencontre sur internet, actuellement. Mais cela préexistait bien évidemment à l’outil, comme on avait toujours pu le constater à travers différents épiphénomènes récurrents au fil des dernières décennies, touchant essentiellement, mais pas que, des gens de ma génération. Je veux parler de la recrudescence de profanations de tombes et sites juifs au cours des trente ou quarante années passées, par exemple.
L’antisémitisme ne date pas d’hier, et en fait il date même de bien avant le nazisme lui-même. On pourra s’interroger en passant sur la raison pour laquelle il a cristallisé les haines au sein de certains nationalismes à la veille de la précédente grande guerre, tout comme on pourrait le faire, au sujet de l’actuelle montée de la haine envers les musulmans, et par amalgame, les arabes en général (qui sont aussi des sémites, soit dit en passant, au sens phylogénétique et anthropologique de cette notion), mais ma préoccupation d’aujourd’hui est plus précise.
Dans ce contexte que j’évoquais, où à la fois la guerre s’éloigne dans nos mémoires en même temps que de notre champ de perception, où la cause juive (mais existe-t-il vraiment une telle cause en dehors du sionisme lui-même ?) est plus que jamais instrumentalisée sous couvert de battage de coulpe général et en règle, et où les gouvernements occidentaux rechignent à considérer le nazisme comme un problème à combattre absolument, sous le prétexte qui serait de ne pas tomber dans un piège russe, où en est-on de notre positionnement par rapport aux idéologies nazies et assimilées ?
Car c’est simplement un fait que l’Ukraine est tombée aux mains d’un gouvernement belliciste néo-nazi, qui envisage sérieusement d’envahir l’Europe, après s’être occupé du Donbass, puis de la Russie :
http://fr.sputniknews.com/international/20150326/1015343920.html#ixzz3VW0pALlh
Et c’est avant tout cela que la Russie souhaitait condamner.
L’instrumentalisation, ici, est-elle russe ? Est-ce la Russie qui a installé les nazis à ses frontières pour se victimiser et se poser des problèmes à n’en plus finir, où sont-ce les USA et leurs vassaux et ONG façon loup à patte blanche s’infiltrant dans la bergerie qui les utilisent pour leurs propres fins ? Je laisse chacun y réfléchir, mais il me semble que le net abonde des éléments pour y répondre d’une manière assez tranchée…
On arguera que ces gens-là échoueront car ils sont trop désorganisés et empêtrés dans leurs propres problèmes, mais là n’est pas la question.
Car ces gens là sont manipulés et instrumentalisés de la même manière que le sont les islamistes du Moyen-Orient pour servir les intérêts des USA, d’Israël et des saoudiens dans la région. La différence n’est qu’apparente. Les occidentaux utilisent leur culture et leur maitrise du marketing pseudo-démocratique à la sauce orwellienne pour faire entre aux uns et aux autres ce qu’ils veulent croire. Aux peuples on parlera de démocratie et de consommation débridée, aux fous militaires que l’on met aux commandes, on parlera de gloire et de pouvoir. Tous seront frustrés et trompés, mais quand ils s’en apercevront, il sera trop tard. C’est ainsi que l’on procède en Syrie avec les fondamentalistes, et l’on fait de même en Ukraine avec d’autres intégristes : les néo-nazis.
Aussi, j’en viens au cœur du problème que je veux soulever. Cela fait un bon paquet d’années qu’à travers internet, divers sites de tchats ou communautaires, je me suis frotté de près ou de loin à différentes variantes des mouvances néo-nazies francophones. On en trouve pour tous les goûts, des identitaires jusqu’aux proclamés païens, comme par hasard uniquement intéressés par un paganisme germanique dégénéré et idéalisé à l’époque d’Hitler, en passant par les banals skins amateurs de punk-rock nazi.
Vous pouvez discuter avec eux, ce sont des gens comme les autres. Avec toutefois quelques particularités, à commencer par un esprit critique hémiplégique qui commence à la critique de tout ce qui se rapporte au judaïsme et aux arabes, et qui s’arrête net au moment où il s’agit de reconnaître les quelques menus problèmes posés par ce qu’eux-mêmes nomment les « blancs » dans le monde. Pas question de leur parler de la colonisation, ce serait pratiquer l’auto-flagellation. Mais pas question non plus de trop parler de la résistance, ni d’évoquer trop fort le fait que les « étrangers » sont, eux aussi, des gens comme les autres. Bref, une mentalité raciste et fachiste, mais n’allez surtout pas prononcer ces termes. Ces gens aiment à recycler les propos d’Orwell pour les instrumentaliser, alors même qu’Orwell avait combattu le nazisme en son temps. Ils aiment aussi noyer le poisson en jouant plus ou moins subtilement, et surtout avec beaucoup de mauvaise foi sur des variations sémantiques telles que racisme versus racialisme, et autres trucs dans ce genre.
Bref, pas besoin de vous faire un dessin, ces gens-là représentent parfaitement une idéologie nationaliste xénophobe, comme chacun le sait, et il n’y a pas moyen de les faire démordre. Le fait que leur propre pays ait été attaqué, détruit, envahi et occupé par ceux-là même dont ils font aisément l’apologie ne semble pas beaucoup les troubler, en somme, c’est un réservoir de « collabos » en puissance, il n’y a pas d’autre façon de le dire.
Or, pour reprendre la terminologie utilisée par le gouvernement lui-même pour parler de ce qu’il veut bien nommer « terrorisme », nous trouvons dans tous les pays d’Europe des « cellules dormantes » de ce genre. Lorsqu’on s’y penche d’un peu plus près, on saisit bien vite que la stratégie états-unienne pour déstabiliser un pays est de se servir de ce genre d’idéalistes manipulables par le fait de leur manque d’esprit critique sur différents pans de la réalité qui les conduit dans une version du monde à tendance manichéenne où les noirs sont noirs, les blancs sont blancs, et où les méchants, c’est les autres, et les gentils c’est eux, même s’il faut tuer tout le monde pour le prouver, voir les méthodes utilisées en Ukraine pour soumettre les russophones qui combattent pour conserver le Donbass.
Au Moyen-Orient, ce sont les islamistes qu’on utilisera. En Ukraine, les néo-nazis. En Amérique latine ou en Afrique, il y aura bien une faction de décérébrés à la mentalité guerrière à qui laver le cerveau en leur promettant qu’une fois au pouvoir, ils pourront restaurer un état qui mettra leurs valeurs en avant, qu’elles soient militaristes, traditionnalistes, conservatrices, religieuses, ou que sais-je. Mais ce qui est certain, c’est que partout, l’Empire flatte les bas instincts des différents pourvoyeurs de croisades modernes, et leur donne les moyens, au minimum, de foutre le bordel, voire de faire carrément la guerre.
Où qu’on aille, on en trouvera - l’humanité en est généreuse – des débiles fanatisés par telle ou telle « cause » qui n’est bien souvent qu’un paravent pour des idéaux haineux, exclusifs et passéistes que ces mêmes gens maquillent sous des attraits plus flatteurs nommés « traditions », « pureté », etc. Autant d’idéaux trafiqués, de beautés superficielles et trompeuses pour lesquelles vous trouverez toujours des adeptes.
Chez nous, nous avons donc nos nazis, soucieux de défendre leur nation, quitte à ce que ce soit en en permettant l’invasion par d’autres. Une idéologie de plus en plus décomplexée, comme on dit maintenant, qui se cache de moins en moins, qui revendique même sa légitimité, son droit à prôner ses belles valeurs humanistes de rejet de la différence, n’hésitant pas à utiliser entre autres les propos des suprémacistes blancs du ku klux klan pour porter haut le flambeau de leur intégrité, dans une sorte de culte du courage mis au service d’une imbécilité et d’une inculture profonde. Autant de qualités qui, en cas de besoin, se prêteraient à merveille à un opportun lavage de cerveau, nécessaire au cas où un état étranger aurait besoin d’implanter, par exemple, son armée chez nous, avec l’aide de quelques superviseurs bienveillants, directement formés sur place, voire des gens tout à fait volontaires pour porter les armes à leur place.
Voilà. Je ne dis pas qu’en France, cette situation est particulièrement préoccupante. Je dis seulement qu’elle existe, et que nos gouvernants jouent un jeu dangereux à s’abstenir lorsqu’il s’agit de condamner un nazisme qui a entre autres profité de cette opportunité en Ukraine, où il sert les intérêts des irresponsables qui dirigent nos pays. S’il est douteux que le nazisme rampant soit suffisamment important en France, cela est sous doute plus valable pour des pays culturellement opposés à la Russie comme la Pologne ou la Lituanie, et si un jour le fantôme du nazisme était ressuscité par un savant-fou occidental pour créer une dynamique dans ces pays-là, il faudra savoir qu’il aurait chez nous ses relais… Et des relais qu’il ne serait pas difficile de fanatiser, tant ils ne demandent que ça, en vérité.
Il faut avoir conscience de la folie qui plane actuellement sur le monde occidental et sur l’Europe, et du fait que cette folie a des graines prêtes à germer partout, jusque sous nos pieds. Pensez-y. Nos aïeux ont péri sous leur feu, et rien ne dit qu’il soit impossible que cela recommence actuellement. A nous de poser les frontières intellectuelles et factuelles indispensables pour rendre cette triste escalade impossible.
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