Le nominé aux Franchouillards est : Pole Emploi pour 0,79 centime
Après les Oscars, les Césars, les Gérards, voici les Franchouillards pour récompenser les adeptes du slogan « En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des usines à gaz »
Bien sûr, Pole Emploi ne sera pas forcément le lauréat, mais il fait beaucoup d'effort.
Le dernier accord signé entre partenaires sociaux, selon la formule traditionnelle, a instauré de nouvelles règles :
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pour bénéficier de l'indemnité il faut avoir été privé de son travail involontairement.
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Avoir travaillé au moins 4 mois
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au cours des 28 mois pour les moins de 50 ans,
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au cours des 36 mois pour les plus de 50 ans.
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Remarque :
Si vous approchez le demi-siècle, négociez avec votre employeur, vous gagnerez 8 mois au jour de votre anniversaire.
Pas mal, mais ça ne vaut pas une nomination aux Franchouillards.
La durée de l'indemnité est calculée suivant un principe similaire :
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chaque jour travaillé donne droit à un jour d'indemnisation, dans la limite de
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de 24 mois pour les moins de 50 ans,
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de 36 mois pour les plus de 50 ans.
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Remarque :
On notera le piège des 28 mois ici et 24 mois là.
Pas mal, mais ça ne vaut toujours pas une nomination aux Franchouillards.
Le montant de l'indemnité est calculée suivant le principe suivant :
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sur le salaire journalier de référence, lui-même calculé à partir du salaire brut des 12 derniers mois de travail, plafonné à 4 fois le plafond de la Sécurité Social (12.516 euros par mois en 2014)
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le taux de l'indemnité est de 57,4 % pour un salaire brut inférieur à 2.054 euros par mois,
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le taux de l'indemnité est de 57,0 % pour un salaire brut supérieur à 2.054 euros par mois,
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ce qui nous fait pour un salaire mensuel brut de 6.000 euros une indemnité diminuée de 79 centimes par jour !
Voilà qui laisse baba :
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un taux de 57,4 % !
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Comment a été calculé ce taux ?
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Sans doute à partir de prévisions des entrées et des sorties, c'est à dire des cotisations et des indemnités, et surtout de la différence entre les deux.
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Quand on compare les prévisions passées aux réalités constatées, en ce qui concerne les versements des salaires et des indemnités, on en déduit une marge d'erreur qui est je crois supérieure à 0,4 %.
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alors pourquoi 57,4 % et pas 58 % ou 57 % ? Mystère.
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Pourquoi ne pas conserver un seul taux ? Ce serait trop simple ?
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Et pourquoi baisser à 57 % ce qui ne fait que 79 centimes par jour pour un salaire de 6000 euros ? Pourquoi pas 55 % ?
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Et pourquoi pas 59,69 % et 56,55 % qui correspondent à 19 et 18 fois pi (3,1416) ?
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En effet, quitte à choisir sans raison un nombre qui posera des problèmes d'arrondis, autant piocher dans les nombres irrationnels.
L'accord institue aussi les droits rechargeables :
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un chômeur qui a un droit d'indemnisation de X mois quand il retrouve un CDD de Y mois, cumule à la fin du CDD un total de X+Y mois de droits. Ce sont les « droits rechargeables ».
Remarque :
Avec le principe que 1 jour travaillé donne 1 jour indemnisé, cela signifie que les décideurs estiment que les salariés seront à terme appelés à travailler à mi-temps tout au long de leur carrière.
Nous ne sommes pas encore dans la société des loisirs promise au siècle passé, mais c'est une bonne nouvelle. Je l'ai déjà constaté en province avec les commerces fermés pendant la morte saison et les gens vivant alternativement de leur paie et de leur allocation.
La reprise d'activité réduite est simplifiée :
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un chômeur qui reprend une activité, salariée ou non, n'est plus indemnisé
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mais si l'activité est réduite, il continue à recevoir une partie des allocations,
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pendant 15 mois s'il a moins de 50 ans
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sans limite, s'il a plus de 50 ans
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la formule est : allocation mensuelle sans activité – 70 % de la rémunération brute de l'activité réduite
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Remarque :
Si vous approchez le demi-siècle, réfléchissez avant de reprendre une activité réduite, vous gagnerez des années d'allocations au jour de votre anniversaire.
Notons que passer 50 ans, les décideurs considèrent que le salarié a peu de chances de retrouver un emploi, ce qui va en contradiction avec le nombre de trimestres exigé pour un retraite à taux plein. A moins qu'ils aient pour objectif de ne plus verser de retraite à taux plein.
Pas mal, mais ça ne vaut pas une nomination aux Franchouillards, d'autant plus que cette mesure simplifie l'ancienne.
L'accord prévoit une période de différé d'indemnisation, plafonné à 180 jours (6 mois) :
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un différé de 7 jours
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un différé « congés payés »
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un différé spécifique, calculé sur les indemnités supérieures au minimum légal,
En clair, 16.200 euros d'indemnité "supra-légales", y compris les avantages de la convention colective et les indemnités que les Prud'hommes auront décidées au titre de licenciement abusif, reporte à 6 mois la première indemnité chômage.
Et si les Prud'hommes vous indemnisent alors que vous avez déjà touché des indemnités chômage, vous rembourserez 16.200 euros.
Remarque :
Cette décision revient à gommer les avantages de la convention collective et les réparations d'un préjudice.
Pas mal, mais ça vaudrait une distinction dans un autre registre, mais pas aux Franchouillards.
Nous retenons donc la nomination aux Franchouillards de Pole Emploi
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pour 0,79 centime par jour (notez l'absence du « s » qui aurait marqué le pluriel)
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pour un salaire mensuel brut de 6.000 euros
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ce qui le certifie adepte du slogan « En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des usines à gaz »
cf http://www.unedic.org/nouvelle-convention/connaitre-les-nouvelles-regles
cf http://www.leparticulier.fr/jcms/p1_1563737/les-nouveaux-modes-dindemnisation-du-chomage
Evidemment, je vois certains d'entre vous venir me dire que Pole emploi ne mérite pas le Franchouillard, puisque c'est le système qui est vicié dès le départ.
Les indemnités chômage sont basées sur les cotisations des salariés du privé, et par conséquent toute la production nationale qui est remplacée par l'automatisation et par l'externalisation off-shore sape le modème économique et social et à terme le coulera.
PS
Cf http://www.unedic.org/article/assiette-des-contributions-et-cotisations-ags
Les contributions générales sont assises sur les rémunérations brutes dans la limite d’un plafond (art. L. 5422-9 du code du travail). Aux termes de l’article 43 du Règlement général annexé à la Convention du 6 mai 2011 relative à l’indemnisation du chômage, les contributions des employeurs et des salariés sont assises sur l'ensemble des rémunérations entrant dans l'assiette des cotisations de sécurité sociale prévues à l’article L. 242-1 du code de la sécurité sociale.
...
Sont exclues de l'assiette des contributions
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les rémunérations des salariés âgés de 65 ans ou plus ;
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les rémunérations dépassant 4 fois le plafond de la sécurité sociale (12 344€ mensuel au 1er janvier 2013).
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