Le nouveau jeu du Président Hollande sera le plus compliqué et décisif pour le pays : l’union
Le Président Hollande aime à jouer. Quand on a géré, des années durant, les sensibilités diverses du Parti Socialiste, organisé des primaires, soutenu la mère de ses enfants, attendu derrière DSK, puis profité d’un de ses rares moments que l’histoire politique invente pour devenir Président, on se dit que l’expertise acquise rue de Solférino va servir la vie entière. Làs !

Jeux politiques : c’est facile !
Dès que François Hollande est élu, il se lance dans son métier favori : diviser pour régner, un métier qu’il avait appris de François Mitterrand. Il laisse d’abord parler l’extrême gauche. Mais vociférer a ses limites dans un pays qui veut bien entendre l’excessif, mais à la condition expresse de ne jamais le suivre. Voici donc l’extrême gauche qui avance avec Monsieur Mélenchon et critique violemment le Président Hollande, mais sans que jamais le PC ne coupe les ponts avec le PS, municipales obligent. Monsieur Mélenchon dirige ainsi l’empire des mots car il n’a pas de base locale, avec ce que ceci implique de personnes, d’avantages (et d’ennuis). Donc l’extrême gauche crie mais ne rompt pas… et François Hollande continue d’avancer. Il a plus affaibli encore le PC que François Mitterrand. Il a affaibli l’extrême gauche à la lisière du PS et celle en son sein. Pas mal du tout.
Pour les verts, c’est la même histoire. Ce qu’il y a de vraiment durable chez les verts, c’est leur goût du pouvoir. En effet, comment vouloir changer la société en profondeur si on ne la dirige que quelques semaines ! Donc les verts excluent les plus violents d’entre eux et gardent les autres (la Ministre), avec une rare capacité de déglutition. En matière d’économie de l’offre, par exemple, on nous dira qu’il n’y a rien de mieux que l’approche verte. Bien sûr ! Comment n’y avions-nous pas pensé plus tôt ! Et ainsi de suite. Les verts sont donc là, en plus pâle.
Pour le centre, François Bayrou perd patience. Il rompt avec François Hollande et se rapproche de Jean-Louis Borloo un mois avant que François n’annonce son tournant ! L’impatient Béarnais succède au craintif Béarnais qui n’avait pas voulu s’allier avec Ségolène quelques années avant, ce qui lui ouvrait Matignon et, à elle, l’Elysée. Sa sagacité politique est donc la même.
Pour la droite, c’est le plus simple. D’abord il faut raviver l’extrême droite, qui voit son espace s’élargir et sa politique économique se renforcer, avec un discours anti-européen qui se remplume. Ensuite il faut attendre que les anciens chefs de la droite parlementaire continuent de se battre, profitant de leurs statuts, titres anciens et avantages acquis. Rien n’avance donc, sachant que « le recours » est là, de plus en plus impatient, de moins en moins dans l’ordre (Nicolas…).
Bref on peut dire que François Hollande a politiquement gagné. Il a divisé la droite, l’extrême gauche et même son parti, au pont qu’il est seul – au moment où il faut faire de l’économie pour changer le pays. C’est là que ceci se complique !
Jeux économiques : c’est très compliqué !
La France est en zone euro et perd en compétitivité, les profits de ces entreprises sont faibles et le patronat a toujours tendance à acheter la paix sociale par les hausses de salaires, sachant que le gouvernement ne cesse d’augmenter les impôts. Impossible de dévaluer la monnaie, bien sûr. Il faut donc procéder d’un côté à une dévaluation salariale (autrement dit baisser les salaires pour faire repartir les profits, puis l’investissement et l’emploi) et d’un autre côté à une dévaluation fiscale (autrement dit baisser les impôts et charges sur les entreprises pour faire payer plus les ménages et les importateurs). On aura reconnu l’austérité et la TVA sociale, mais en plus fort aujourd’hui. C’est donc l’horreur, d’autant que les pays qui ont souffert vont mieux, que Bruxelles s’impatiente, qu’Angela ne comprend plus et que Standard & Poors ne vont pas demeurent en attente pour l’éternité…
C’est même l’horreur
Car ce qui marche en politique, diviser pour régner, ne peut pas marcher dans cette phase de la crise, où il faut trouver comment réunir et galvaniser.
Ceci veut dire qu’il faudra vraiment dire comment « transvaser », dans le privé, des milliards de charges au bénéfice des entreprises et les faire payer par les ménages et les importateurs. L’ajustement se fera par un peu moins de croissance et par une baisse du taux d’épargne. Et il faudra, dans le public, économiser vraiment des milliards de dépenses publiques, avec ce que ceci implique de simplification des normes et des structures, donc de réduction des effectifs. Avec, là aussi, moins de croissance pendant deux ans. Il faudra vraiment une démarche claire et transpartisane.
Quel pouvoir pour pourvoir changer ?
C’est la question la plus compliquée, puisque les réformes à mener sont les plus importantes, face aux coalitions d’intérêts conservateurs les plus hétéroclites, au moment même où les forces politiques pour impulser le changement, autour, du Président, sont les plus faibles. Diviser pour régner est une chose, mais régner pour ne pas changer parce qu’on a trop divisé en est une autre…
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