Le nouvel « ordre » mondial
On croyait connaître l'ancien sans bien percevoir parfois qu'il n'était que le droit du plus fort (les USA et par extension leurs vassaux européens et leurs remorques asiatiques), qu'il prévalait sur tout ordre international, toute institution internationale, était écrit et imposé par une minorité tout en étant « à la carte », le rédacteur ne se sentant pas obligé de respecter les règles et en dispensant ses alliés pour exiger leur observance stricte des autres, mais l'illustration n'était pas manifeste pour la plupart des citoyens du « camp du bien » si elle l'était pour tous les autres.
De récentes évolutions mettent en pleine lumière le décor en carton pâte et le narratif de conte de fées qui fut le nôtre au XXième siècle et en particulier après 1989 et la disparition de l'Union Soviétique.
Le géopolitologue américain, John Mearsheimer, de l'école réaliste, le dit régulièrement, nous avons connu un monde dipolaire après 1945, un monde unipolaire après 1989 et nous venons de basculer par étapes (2014 en est une) dans un monde multipolaire ;
L'ordre mondial était mesuré à l'opposition idéologique entre l'URSS et les USA et européens, le reste du monde étant un appendice considéré comme marginal à la fois économiquement, militairement et idéologiquement.
Il a donné lieu à une forme de stabilité via la doctrine de « Destruction mutuelle assurée » , « MAD » en anglais, qui n'était pas si folle que ça, car rétrospectivment sans elle, on aurait connu quelques boucheries de plus.
Un nouvel ordre est clairement apparu après l'auto dissolution de l'URSS et la main russe tendue à l'occident qui a choisi de ne pas la saisir.
Jeffrey Sachs a parfaitement décrit comment la puissance désormais hégémonique a d'abord choisi d'envoyer la Russie au massacre (refus d'avances financières qui étaient solvables via les 65 000 milliards de ressources naturelles estimées de la Russie) et ensuite de parjurer la promesse faite de ne pas étendre l'OTAN au delà des frontières de l'Allemagne réunifiée.
Les USA ont fait le choix de massacrer la Russie victorieuse du communisme (après avoir largement contribuée à défaire le nazisme), quand ils avaient fait un plan Marshall pour reconstruire l'Europe incluant l'Allemagne qui avait tué 27 millions de russes pendant la seconde guerre mondiale.
La raison était simple et rétrospectivement un des plus grands désastres géopolitiques de l'histoire, à savoir mettre la Russie à terre pour qu'elle ne se relève plus .
On sait pourtant que le souhait de la direction russe, largement partagé dans la population était de rejoindre le club des « démocraties » et de contribuer à la sécurité du continent européen par des relations amicales et un partenariat.
Mais vu sa taille et ses ressources, la fédération de Russie ne pouvait que faire de l'ombre aux allemands en Europe et ne pouvait que faire de l'ombre aux USA dans l'OTAN, deux souhaits exprimés y compris par un dirigeant russe encore en exercice, M. Poutine.
Par ailleurs la Russie ne pouvait abandonner son statut d'Etat souverain condition sine qua non pour entrer dans l'U.E. Ou l'OTAN.
Un nouvel « ordre » mondial est apparu avec le retour de la Russie en tant que grande puissance et l'émergeance économique puis militaire de la Chine, endroit où les USA avait choisi de délocaliser l'essentiel de leurs productions manufacturières, non pour favoriser l'essor hypothétique de la démocratie en Chine (un conte de fée pour crédules) mais pour faire plaisir essentiellement à leurs transnationales et peu importe les risques géopoliques, militaires, économiques (chômage intérieur et déficit majeur de la balance commercial) ;
Cela leur a permis de comprimer les salaires aux USA (bon pour les entreprises) puisque les biens achetés étaient moins chers et rapportaient surtout largement la mise avec des marges bénéficiaires importantes pour les entreprises faisant travailler la Chine.
On aurait pu avoir un monde multipolaire pacifique, mais force est de constater que nous allons hériter d'un désordre général.
Tout d'abord il est acté que les actions unilatérales des USA (pour l'essentiel) crucifient le peu de crédibilité qu'avaient les institutions internationales. L'ONU est discrédité, le Conseil de sécurité est totalement incapacité par le droit de véto des USA, la Cour Internationale de Justice encensée quand elle veut inculper Poutine pour des traffics d'enfants non documentés, trainée dans la boue quand elle veut inculpter Netanyahou pour crimes de guerre massif et ultimement génocide, USA comme européen se torchent littéralement avec la Convention sur le Génocide quand ça les arrange, l'assistance à peuple en danger ne semble les concerner qu'en Ukraine et nullement en Palestine (on comprend aisément pourquoi), l'OMC est virtuellement en état de mort cérébrale car ses diktats imposés par l'occident se retournent contre eux et donc l'abolition des barrières douanières semble désormais relever du passé, le dollar est transformé en arme de guerre, les avoirs financiers saisis en toute illégalité (mais il y avait déjà des précédents vénézuliens, libyiens, afghans, etc).
On se souvient aussi de l'épisode Covid où le Code de Nuremberg a été délibérément rangé aux oubliettes pour satisfaires les appétits de Big Pharma aux USA (Il y a quelques semaines encore un médicament , l'« Androcur » a rejoint la liste étoffée des médicaments efficaces et sans danger qui se sont avérés préoccupants après deux décennies d'utilisation (tumeurs aux cerveau pour celui ci)), quand on a vacciné massivement des centaines de millions de personnes sous contrainte qui ne risquaient virtuellemen rien (cas des enfants par ex).
Le monde entier voit mieux que la population des USA et européens que nos valeurs étaient de pacotille, que les règles internationales ne sont que pour les gogos et quand ça nous arrange, que la défense de la démocratie n'est qu'un simulacre (Mearsheimer a parfaitement décrit le copinage sans état d'âme des USA et européens avec les pires dictatures et les démocraties naissantes qu'ils ont « flingué » pour avoir choisi le non alignement sur les intérêts du « patron » et que nos valeurs morales sont solubles dans le sionisme au point de tolérer un génocide sous nos yeux en ne faisant rien (au mieux) ou en y participant activement et en s'assurant via la menace que personne ne protégera les futures victimes de leur bourreau (cas des USA).
On a sous nos yeux l'émergence d'un monde dipolaire qu'on pourrait d'ailleurs qualifier de bipolaire (par analogie avec la maladie oscillant entre l'euphorie dangereuse et la dépression tout aussi grave), avec d'un côté l'essentiel de la planète (en nombres d'Etats, en puissance économique et en individus) qui veut croire en des institutions internationales respectées par tous et un groupe d'Etats (« nous ») qui prétend imposer à tous les autres sa vision d'une hiérarchie qui les placeraient au sommet et les dispenseraient d'observer toute règle acceptée par tous quand ça les dérange.
L'essentiel de l'économie mondiale est désormais attachée au premier groupe, l'essentiel de la science et des ressources humaines et naturelles, l'essentiel de la croissance économique prévisible, des effectifs humains , l'essentiel des capacités manufacturières et donc le glissement du rapport de force n'est qu'une question de temps.
Toute la question est de savoir si l'ancien monde acceptera ces nouvelles règles du jeu, s'il acceptera son déclin inévitable ou s'il choisira de ne pas assister à cela en choisissant de tous nous emporter avec lui dans la poubelle de l'histoire des civilisations.
Nos structures sociales aboutissant naturellement aux décisions majeures dans le dos des peuples, nous avons des raisons d'appréhender le futur.
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