Le panoptique aux temps de la grippe
Le pouvoir n’émane pas des puissants mais s’autoréalise dans le cadre d’un dispositif. Un dispositif étant « un rapport de force pour orienter, stabiliser et utiliser des formations sociales, prises dans les effets pragmatiques d'un discours, d'une technique, d'une idéologie » (Wikipedia).
Pour Michel Foucault, le philosophe français, dont la pensée serait devenue obsolète aux yeux de l’actuel Ministre français de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’exercice du pouvoir n’est pas le fait d’une élite autoproclamée, mais un acte sociétal collectif.
Vu sous cet angle, la théorie du complot s’effondre comme un château de cartes et la Quatrième révolution industrielle se réalisera avec le consentement général, au même titre que la soumission volontaire aux multiples injonctions liberticides dans le cadre de la gestion sanitaire du virus SARS-Cov-2 actuellement.
Considérant ladite pandémie comme une fenêtre d’opportunité historique, le World Economic Forum, une fondation à but non lucratif, saisit l’occasion pour proposer à l’humanité un changement de paradigme, la Quatrième révolution industrielle, révolution qui se distinguerait des précédentes dans le sens qu’elle elle modifiera l’être humain et non plus sa manière d’agir.
Ainsi, un de ses porte-paroles officieux et « agenda contributor » (contributeur à l’agenda) (2), Stewart Wallis, expert en marketing et ancien directeur de l’ONG Oxfam (2003–2015), déclare que :
« Le monde a besoin d’un nouveau système économique, faisant abstraction de l’antagonisme entre le capitalisme et le communisme. Il nous faut un changement de paradigme, analogue à ceux qui avaient bouleversé l’économie au 20ème siècle, le keynésianisme, mettant l’accent sur le rôle prépondérant des gouvernements dans la gestion des domaines comme la santé et l’éducation, et, en guise de contre-offensive, le néolibéralisme, favorisant le marché libre et la liberté individuelle. Actuellement, nous sommes à l’aube d’un changement majeur, vers un nouveau système qui permettra enfin de satisfaire les besoins fondamentaux de l’être humain, un système qui sera plus équitable et dont l’accent ne sera pas mis sur la croissance uniquement, mais sur la maximisation du bien-être et le bonheur général de l’humanité. L’histoire nous enseigne qu’un tel changement de paradigme ne peut se réaliser sans un narratif rodé, mettant l’accent sur la valorisation d’une une nouvelle façon de vivre. » fin de citation
Et le Président du Comité International de la Croix Rouge, ICRC, Peter Maurer, de renchérir « La Quatrième révolution industrielle permettra de visibiliser l’ampleur des inégalités dans le monde et de les rendre encore plus inacceptables aux yeux de la politique, l’incitant à prendre les mesures adéquates, afin de réduire cet écart. » fin de citation
S’il y a un constat qu’on peut partager avec l’ancien directeur d’OXFAM et le Président de la Croix Rouge, c’est celui de la nécessité d’un nouveau système économique. Seulement, ce n’est pas ce qui est proposé. Au contraire, le monopole de la création monétaire restera en mains privées tout en changeant d’échelle. Il ne sera plus national, mais supranational, magnifiant ainsi à l’excès la concentration du pouvoir. S’ils avaient eu les moyens, les régents du Moyen Age n’auraient pas fait mieux.
Si au 21ème siècle la qualité de vie n’est plus au niveau de celle du Moyen Age, ce n’est pas grâce au capitalisme, mais grâce au progrès et c’est là qu’intervient le World Economic Forum, car qu’est-ce le progrès ? Pour le WEF, la quintessence du progrès, c’est la vie éternelle, réservée au surhomme nietzschéen, une aspiration qui peut se défendre, mais qui n’est pas forcément du goût de tout le monde.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas inutile de citer quelques propos, extraits du court métrage de promotion, accessible au commun des mortels sur le site internet de la fondation à but non lucratif.
« La possibilité de visualiser l’activité cérébrale à l’aide d’un simple électroencéphalogramme EEG, nous permet enfin de décoder la « boîte noire » de notre cerveau et, peut-être, réaliser une nouvelle identité, plus ambitieuse, plus créatrice. Ce qui est essentiel pour une société libre et ouverte est la liberté d’expression. L’accès (grâce à la technologie ndlr) aux pensées et aux émotions des gens nous permettra de créer un espace de liberté, générant des pensées créatives, dans un monde où les gens ont peur de les exprimer. » Nita A. Farahany, Duke University USA
« Les êtres humains ont toujours utilisé des outils, mais le progrès technologique nous donne la possibilité d’augmenter nos capacités en tant qu’outil. J’en veux pour preuve l’utilisation de la neurostimulation de l’épine dorsale pour guérir la paraplégie. » Erik Brynjolfsson, Massachusetts Institute of Technology, MIT
« L’édition génomique nous permettra de mieux comprendre les modifications génétiques qui provoquent les cancers, et la technologie de l’administration de médicaments, permettant de cibler les cellules, dans lesquelles on veut introduire des molécules aux effets curatifs, feront progresser l’efficacité thérapeutique. » Jennifer Doudna, University of California Berkeley
« Nous devons absolument nous responsabiliser, à tous les niveaux de la société, de l’individu jusqu’à l’institution, du niveau local jusqu’au niveau global, pour combler les lacunes qui nous séparent de ces défis technologiques qui redéfiniront ce que veut dire être humain, ce que veut dire de travailler, et ce que veut dire être complètement intégré dans ce nouveau monde. » Jon Kabat-Zinn
Soit c’est le précepte de Michel Foucault qui s’avèrera pertinent et l’essence de l’humanité, prisonnière de son propre panoptique, disparaitra inévitablement comme « un visage dessiné dans le sable d’une plage » soit l’humanité, dans un dernier sursaut, s’inspirera de l’existentialiste Jean-Paul Sartre, selon lequel les humains seraient les architectes de leur propre destin.
Quoi que, l’un n’exclut pas forcément l’autre, car Foucault compare l’existence de l’homme moderne au panoptique du philosophe britannique des Lumières, Jeremy Bentham, précurseur du libéralisme économique et du contrôle social.
En tant que défenseur de la liberté d’expression, de l’abolition de l’esclavage, de la peine de mort et des peines physiques, de la séparation de l’église et de l’état, de l’égalité des sexes et de la décriminalisation de l’homosexualité, du droit des animaux, il préconisait également la mise en place d’un système de contrôle permanent par l’état, afin d’assurer sa cohésion, car, pour Jeremy Bentham, la sécurité est au prix de la liberté.
Ainsi, il dédiait une grande partie de sa vie à la réforme de la justice pénale, en élaborant un système carcéral, basé sur le principe de la surveillance permanente des détenus, dans le but de prévenir l’infraction. A cet effet, il imagina le panoptique, une structure carcérale, thématisée par le philosophe Michel Foucauld dans « Surveiller et punir », paru en 1975, consistant en une tour centrale, autour de laquelle sont aménagées sur plusieurs étages, les cellules. Basé sur le principe « voir sans être vu » les détenus ne pouvaient savoir s’ils étaient observés par les gardiens de prison, situés ou non dans la tour centrale.
Ainsi, selon Foucault, la société moderne serait devenue un panoptique où tout le monde surveille tout le monde, ce qui, à l’âge d’internet, n’est pas forcément une aberration. La transparence a un prix qui et le même pour les puissants et pour les impuissants.
Ainsi, les propositions transhumanistes du World Economic Forum sont accessibles au public et ne peuvent pas être tenues secrets. Dans ce sens, si la Quatrième révolution industrielle se réalise c’est avec la complicité de tout le monde.
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