Le Pape, Davos et Jésus
Le Pape François a fait parvenir le 15 Janvier 2024 à M. Klaus Schwab, le patron du World Economic Forum de Davos, un curieux message1 qui agite un tantinet le Landernau catholique. Certes, ce texte en appelle à la responsabilité morale des participants pour lutter contre la pauvreté et faire progresser la paix. Il invoque une abondance de bénédictions divines sur eux.
Il y avait bien eu le précédent d’un autre François, originaire d’Assise, qui avait prêché à un loup très féroce à Agobbio et l’avait en quelque sorte converti : le fauve serait devenu doux comme un agneau et les habitants du village l’auraient nourri jusqu’à sa mort2. L’histoire se répétera-t-elle ?
Rien à redire sur le diagnostic pontifical, il est pertinent. Oui, il y a des guerres et des hommes et des femmes, civils ou militaires, y souffrent et parfois même y meurent. Oui, l’injustice sociale existe, et l’exploitation des plus faibles par les plus nantis se poursuit. Elle conduit à des gaspillages chez les plus riches, quand les plus pauvres souffrent de la faim, du manque de soins ou d’éducation et sont condamnés à une quasi-servitude pour juste survivre. Oui, les états n’ont plus l’autorité en suffisance pour réguler la finance et les affaires. Et bien d’autres choses, mais ça n’est pas le sujet.
Mais le souverain pontife semble considérer que la mondialisation qui rend interdépendants les nations et les peuples du monde pourrait être morale si la recherche du profit et du pouvoir était subordonnée à celle du bien commun. Deux questions viennent immédiatement à l’esprit : Est-ce que ça s’est déjà vu dans le passé à de très larges échelles ? Est-ce compatible avec le principe de subsidiarité, lui aussi inscrit dans la Doctrine Sociale de l’Église ? Nombreux sont ceux qui en douteront. L’universalité du catholicisme ne concerne que l’économie du Salut, pas une autre qui serait libérale à l’excès et financiarisée à outrance.
De même, parier sur l’adoption de normes éthiques élevées par des entreprises dont le seul horizon est la publication d’un bénéfice par action conforme aux attentes du marché ressemble à une position très spéculative, c’est à dire avec une probabilité d’occurrence très faible.
Enfin, imaginer que des structures internationales puissent servir l’égalité ou le bien commun semblera illusoire à bien des observateurs : Quid de l’agenda « pédophile » de l’OMS3, ou de sa velléités de prendre le pouvoir sanitaire en cas de nouvelle pandémie d’une maladie X, ou encore de l’opacité malsaine de l’Union Européenne dans sa gestion de l’affaire Covid/Vaccin (qui en outre ne relevait pas de ses prérogatives)4 ?
Et puis, lire un texte public du vicaire du Christ sur Terre où Jésus n’est même pas cité ni présent, même si ce message est adressé à des personnes a priori de toutes les origines et toutes les religions, ça peut choquer. Certes, Jésus avait pris des cordes nouées en fouet pour expulser violemment les marchands du Temple en les traitant de voleurs5, et il avait prêché sur l’impossibilité de servir en même temps Dieu et l’Argent (Mammon)6. Ce n’était pas très diplomatique de sa part.
Alors, que penser ? La forme policée du message papal doit-elle éradiquer le fond ? Est-ce de la naïveté de s’adresser ainsi aux candidats maîtres du monde qui ne se cachent pas de l’être ? Au quotidien, qu’ils soient mandatés par des états, des entreprises ou d’autres organismes, ils travaillent à l’avènement d’un totalitarisme mondial, libéral, transhumaniste et relativiste. Ce n’est pas très raccord avec l’enseignement de l’Église Catholique Apostolique Romaine. Pas plus avec la justice, la paix et le développement social partagé entre tous auxquels le Pape appelle. Bref, si quelqu’un dispose de clefs de décryptage pour aider à « ne pas désespérer Catholand », merci de faire suivre !
Image : fresque à Pienza, Val d'Orcia, Toscane
1https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/pont-messages/2024/documents/20240115-messaggio-world-economic-forum.html
2Les Fioretti, Saint François d’Assise, chapitre XXI
3Éducation nationale et OMS d’accord pour… une partouze à la maternelle ? Boulevard Voltaire, 2016-10-26
4https://www.bvoltaire.fr/opacite-des-contrats-ue-pfizer-ursula-van-der-leyen-a-un-probleme-avec-ses-textos/
5Jn 2, 14-16 ; Mt 21, 12-13 ; Mc 11, 15-17 ; Lc 19, 45-46
6Mt 6, 24, Lc 16,13
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