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Le parcours d’un soixante-huitard

« Jean-Marc Salmon » est un nom qui ne dit pas grand-chose, il y eut des soixante-huitards plus célèbres. Lui, c’a en été un comme tout le monde : ancien responsable de l’UNEF dans les années 60, connaissant son petit livre rouge par cœur, il s’égosilla en Mai de « mais » contestataires sur les barricades bourgeoises qui s’improvisèrent, avec nombre de petits camarades qui voulurent jouer eux aussi à la Résistance. Mais Salmon était un peu plus qu’un simple figurant au milieu de la foule à bouclettes, car au milieu d’une foule, il y a trois vrais convaincus pour cent tièdes qui suivent le mouvement. Parmi ceux qui bavèrent sur le pavé parisien, la plupart furent embarqués, la plupart suivirent, et la plupart d’entre eux reprirent études, vie de famille et condition bourgeoise dès le mois de juin. Mais pas Salmon. Lui, c’était un vrai maoïste, un vrai convaincu, il la voulait vraiment la Révolution, il était même prêt, dans une sorte d’abnégation héroïque que la jeunesse souffle aux plus valeureux, à tout lui sacrifier. Le fascisme était partout, la « réaction » omnisciente, partout, dans l’éducation, à la télévision, dans la culture, à l’Elysée, dans les usines, dans les campagnes. Partout. L’humanité souffrait, elle attendait son bonheur. Certes oui, avant Soljenitsyne et les « nouveaux philosophes », Salmon savait que ce n’était plus Staline qui pouvait le lui donner. Mais il restait Mao, il restait Trotski, et plus encore que des noms, il restait la Révolution, qui telle la Résurrection christique, a un parfum capiteux, presque magique – c’est une promesse, et les promesses emportent tout, toujours.

Comme tous les croyants les plus convaincus, il fallait que Salmon allât au bout de sa logique, au bout de sa foi. Mais si les fanatiques veulent ne jamais trahir leur foi, encore faut-il que celle-ci ne les trahisse pas, sans quoi l’apostasie guette. Salmon, flirtant alors avec la Gauche Prolétarienne de Benny Lévi, se décida de « pratiquer » vraiment la Révolution, en allant prêcher la bonne parole marxiste aux ouvriers, seuls capables de servir de chaire à canon le grand soir. Désillusion terrible pour Salmon. Choc effroyable d’un jeune croyant qui, après avoir lu la Genèse, tomberait sur Darwin. Il écrivit :

«  La découverte de la classe ouvrière réelle était décapante : plus de grandes phrases, de filtre idéologique – la réalité nue. Le mythe du prolétariat révolutionnaire s’effondrait. Les ouvriers, j’en ai vu beaucoup, et il était clair qu’ils ne voulaient pas de la révolution. »

Les rêves qui se terminent s’accompagnent bien souvent d’une dépression malheureuse, d’une envie de fuir, n’importe où, pourvu que ce soit loin de la réalité sur laquelle se brisèrent idéaux et songes. Salmon rechercha l’extase, il fallait qu’il décompressât : la musique, la défonce, et un an dans une communauté spirituelle dans le nord de l’Ecosse participèrent à l’oubli qu’il lui fallait, à l’oubli de ces prolétaires français qui ne souhaitaient prosaïquement que hausse de salaire et conditions de travail plus favorables, à l’oubli de cette triste réalité, qui veut qu’il soit difficile à des pères de famille d’être des idéalistes, et que l’attitude romantique ne sied guère à des bas salaires.

Pour oublier, il faut penser à autre chose. Salmon partit donc pour les Etats-Unis (payé par les parents). Ce fut un nouveau choc. Un croyant reste un croyant, quelle que soit sa croyance : il faut toujours un objet, une idée, une idole à adorer. Les gratte-ciels New-Yorkais touchaient un idéal aussi digne d’adoration que n’importe quelles causes marxistes. Salmon fut fasciné : l’énergie, la puissance et la vitalité de la société américaine achevèrent sa croyance en la Révolution. Dix années de foi et de combats furent balayées par la vue du nouveau monde. Il s’y installa alors, se maria devant le rabbin – lui qui était encore il y a quelque temps un pourfendeur véhément des religions –, avant de rentrer en France, son pèlerinage effectué, pour travailler à l’institut Ipsos. Puis Mitterrand vint au pouvoir, et, comme de mise pour nombre d’anciens soixante-huitard, il rentra au cabinet de Max Gallo, porte-parole du gouvernement. Quelques années auparavant, il voulait détruire l’Etat et la République, et voilà qu’il était désormais un de ses piliers, et une de ses dorures.

Jean-Marc Salmon est un soixante-huitard comme tous les autres. Son parcours nous permet de mieux comprendre les palinodies d’un Kouchner ou d’un Glucksmann qui, commençant maoïstes, finirent laudateurs des Etats-Unis, tout en occupant les plus hautes instances et les postes les plus importants de France. Salmon détestait, dans sa jeunesse, le bourgeois français, héritier de la culture classique. Puis son expérience marxiste lui fit détester également les ouvriers français. Haïssant en tout et pour tout le peuple français, le seul leitmotiv politique encore possible fut sans doute, outre un cynisme propre à tous les idéalistes qui muent, de changer ce peuple honni, de le détruire, de le transformer radicalement. Et, avec ses petits camarades, il y parvint. La culture classique et bourgeoise fut anéantie, et l’ouvrier français eut à subir de plein fouet la mondialisation, calquée sur ce modèle américain qui fascina tant la plupart des soixante-huitards une fois que leurs illusions marxistes fussent perdues.

En somme, le parcours de Salmon nous dit tout, nous explique tout sur les changements que connut la France depuis ces trente dernières années. Cette France américanisé, mondialisé, gauchiste sans être marxiste, à la culture classique honnie et oubliée, au peuple français désolidarisé, hétérogène et communautarisé ; bref : cette France qui n’est plus la France, c’est celle que nous laisse en héritage des Jean-Marc Salmon.


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8 réactions à cet article    


  • Robin des Voix 22 juillet 2011 13:14


    Magnifique !


    • Francis, agnotologue JL 22 juillet 2011 13:23

      Bof ! Storytelling.



      Assimiler ce que connut la France de ces 30 dernières années aux pérégrinations d’une sorte de BHL, la fortune en moins, est très réducteur.

      Aucun intérêt : des comme ça il y en a partout, de tous temps ; ça n’impressionne que les jeunots qui n’ont pas eu l’occasion de faire leur révolutionnette.


      • rosa luxemburg 22 juillet 2011 13:55

         C’est bien un article qui décrit ce que sont les SOIXANTE-HUITARDS romantiques et debiles qui n’ont pensé qu’a leur cul et a leurs joins,pour oublier qu’ils étaient des lâches.

        Je méprise cette génération (57-70 ans) qui nous ont conduit là où nous sommes c’est à dire dans le chaos destructeur de leurs egos minimalistes et anti science.

        Les enfants des soixante-huitards ne les portent pas dans leur coeur et je dirais même plus beaucoup les detestent pour leur pacifisme dérisoire qui nous conduit vers la guerre incessante.

        C’est bien cette génération qui est aux commandes des pouvoirs ,actuellement, alors tous aux abris il va pleuvoir des larmes de sang et pas des pétales de « rose » ah zut c’est bien cette génération qui en fait produire au Kenya où les gens meurent de faim ,du fait de la monocuture,il faut bien que leurs actions en bourse grimpent la coc et le haschich çà coutent cher !!!


        • Francis, agnotologue JL 22 juillet 2011 14:15

          rosa luxembourg,

          vous insultez ce nom que vous portez en faisant vous aussi du racisme intergénérationnel.

          Je ne vous salue pas.


        • lacenaire 23 juillet 2011 13:08

          ou l’on voit un rosa luxemboug de pacotille passer de jeune conne a vielle conne sans avoir rien vu et sans savoir ou elle en est ; probablement une cocierge qui a vue un telefilm et rabaisse ainsi la vrai rosa a une stupide suiveuse de soupe aigre .


        • non667 22 juillet 2011 22:09

          ATTENTION UN MAI 68 PEU EN CACHER UN AUTRE

          mai 68 ,les manif , les 5 semaines de grèves .ouvrier j’y étais .
           il m’a fallu attendre le 40° anniversaire soit 2008 et de nombreuses redif pour comprendre les vraies raisons de mai 68 et comprendre que moi même et les 55 millions de français ont été pris pour des c...
          MAI 68 est une manipulation comme le 9/11 ,timisoara , les armes de destruction massives

          — - indice : les grèves spontanées (même 1 h.) , manifestations n’existent pas . il y a forcément des manipulateurs derrière ( naturellement syndicats , partis politiques ) avec un but ,des revendications !.
          . mai 68 :rien de tout cela .au départ ,un groupe de fils de bourges qui voulaient avoir accès au dortoir des filles à la citée universitaire ’dixit cohn bendit "
           au fil des jours prococ -réac-provoc -réac le conflit s’est envenimé les étudiants ont fait appel aux ouvriers .tout les syndicat s’y sont mis (en trainant les pieds)et le but réel est apparu : déboulonner de Gaulle . une telle conspiration ne pouvait être le fait des syndicats ils n’arrivaient même pas a s’entendre pour un défilé unitaire du 1° mai !
           de plus de gaulle ayant sorti la france de l’otan + un indic au gouvernement avait les faveurs de moscou donc du pc donc de la cgt ,par rapport au ps .

          en 2008 j’ai entendu a la radio ( à propos du frère de ségolène qui était fiché par les R G) un retraité des R.G. dire qu’ il savait fin 67 qu’il y aurait des évènements très important au printemps suivant !

          pas par la gauche ( en avril 68 dans les réunions syndicales on n’en parlait pas !) bien qu’exécuté par elle
          par les américains pour la sortie de l’otan + conversion or/dollar /franc ?

          donc un complot tramé fin 1967

          que s’est-il passé en 1967 avec de gaulle

          « VIVE LE QUEBEC LIBRE » qui fait encore rire aujourd’hui !

          et puis à propos de la guerre des 6 jours un discours prémonitoire qui ne fait pas rire du tout : édifiant à écouter absolument !

          http://www.dailymotion.com/video/xcfmei_de-gaulle-israel-1967_news

          à la lumière de l’attitude d’israël aujourd’hui on voit que pour ce pays ce discours était intolérable et justifiait sa vengence .

           donc mai 1968 qui a toujours passé pour une contestation étudiante spontanée a été un complot juif (un des participant de la coordination étudiante a déclaré dans un journal juif ,s’il n’y avait pas eu "daniel bensaïd (pas sur ) (juif séfarade) la réunion aurait pu se faire en yiddish(langage des juifs ashkénazes allemands) )(nous sommes tous des juifs allemands n’est pas un slogan sorti par hasard à l’époque )

          il a entrainé la France dans 5 semaines de grève générale (inédit en france ) pour les INTÉRÊT D’ISRAËL (pays ultra nationaliste(dans et hors frontière/diaspora ) pour lui et antinational pour les autres de façon a ce que les juifs puissent vivre plus facilement en « coucous » parmi les autres peuples (tactique inscrite dans leur religion dès sa création :genèse chapitre XVII ) et pour les  INTÉRÊT DU N.O.M .
          danielcohn bendit figure emblématique de mai 68 est toujours une taupe d’israël dont les manigances sont insoupçonnables si on ne se méfie pas !

          au sein des verts quel est son rôle ?

          il dit oui a l’europe (a titre perso )
          régionalistes = anti nation forte = démolition des nations (vrai but de Europe ) = démolition des seuls obstacles au mondialismes (nouvel ordre mondial ) au mains des judéo américano capitalistes

          - pour toutes les guerres américaines (irak .....)

          en avril le peuple 68 n’avait aucune revendication et était heureux . on gagnait bien sa vie tout le monde faisait 48h dont 8 supplémentaires majorées de 25% .c’est ce qui a permit la grève mais ne l’a pas causé .

          comme pour le 11-9 il est important de connaître la vérité de façon a ne plus se laisser manipuler ,comprendre ce qui se passe , réagir /voter en conséquence !


          • lacenaire 23 juillet 2011 13:12

            le smig etait rencheri de 35°/.  ! ceux qui n’ont rien compris parlent beaucoup , beaucoup , pour masquer leur ignorance crasse .


          • jak2pad 24 juillet 2011 00:34

            Intéressant, l’article.

            C’est un peu l’histoire d’une trahison, non ?

            Moi j’en connais bien cinq ou six, des Salmon comme ça.

            Mais j’ai bien aimé lire !

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