Le parlementarisme rationalisé, vu par ...
Le parlementarisme rationalisé (vu par universitaire étranger en balade dans le 7ème arrondissement de Paris).
Un collègue séduit par la liberté régnant en France (il est arrivé à Roissy CdG sans subir aucun contrôle sanitaire) voulait enrichir l’enseignement qu’il consacre aux régimes parlementaires, avec des exemples « concrets » empruntés à la pratique française contemporaine ( 2020) du parlementarisme … « rationalisé ».
Cet enseignant-chercheur (qui a la réputation de trouver) a fait le choix d’une démarche originale.
Il a ignoré le texte de la constitution (sauf les dispositions sur la responsabilité politique et pénale) et il a cherché à appréhender le fonctionnement des pouvoirs publics à partir des faits observés ou de données publiées.
Ce qui donne un résultat un peu inattendu, qui tranche en tous cas avec les paraphrases du texte auxquelles on est habitué.
Mais qui, comme il l’a suggéré en repartant, pourrait inciter à travailler (un jour) à la réconciliation des pratiques avec la théorie.
Avec son autorisation, nous reproduisons ci-dessous quelques passages de ses notes (*), lesquelles seront reprises sous une forme académique dans ses enseignements.
A. Elite dirigeante. Composition et rôle.
Des hommes et des femmes en phase avec les milieux financiers et économiques. Qui font pour beaucoup (sphères de l’exécutif) du pantouflage et du retro pantouflage. Qui se glissent pour faire ce qu’ils ont à faire, dans les rouages du régime parlementaire et qui en utilisent les techniques. Les uns peuplant les postes de l’exécutif, les autres se contentant de remplir les hémicycles.
a) Députés.
Les députés de la majorité se comportent au sein des hémicycles, comme de simples robots. Qui lèvent le bras quand l’opérateur a appuyé sur le bouton. Et à l’extérieur, sortes d’auto entrepreneurs recrutés par la voie de l’investiture, ils vantent les mérites du président de la République, comme au télé achat. Parlementaires qui, ce faisant, ne parlent plus, ni de près ni de loin, au nom de la Nation et n’expriment plus la « souveraineté du peuple ».
b) Membres du gouvernement.
Disent aussi que les réformes sont bonnes parce qu’elles coulent de la bouche du président de la République.
Ils ont deux spécialités :
- Celle de dire que ce qui est fait est bien, ce qui n’a pas été fait le sera, et ce qui sera fait sera bien … et réglera nécessairement le problème (du au cas fortuit, à la force majeure ou aux autres, notamment aux prédécesseurs).
- Celle d’affubler de divers qualificatifs et sobriquets, ceux qui, dans le pays, – qui ont la marotte des connaissances et de la réflexion - osent dire que tout n’est pas aussi bien et aussi transparent que cela est dit.
Qualificatifs, dont les plus en vogue sont : « irresponsables », « extrémistes », « complotistes », « souverainistes ». Ce qui dispense d’avoir des arguments et d’avoir à confesser des manquements.
c) Président de la République.
Ce dernier doit son élection d’une part à ceux qui l’ont fabriqué (et ont mis les médias au service de l’élection) et d’autre part à Marine Le Pen. Il tient donc sa légitimité du mode de scrutin.
Le gouvernement de la population, repose ni sur l’adhésion de cette dernière aux décisions, ni sur la concordance du contenu des décisions et de l’intérêt général. Mais sur les effets de la mise en oeuvre de techniques de manipulation (relations publiques). Et sur le recours à l’intimidation, voire à la violence contre telle partie du peuple, quand celui-ci « s’auto représente » … dans les rues.
d) Tous.
Dès lors qu’ils disposent d’une majorité à l’Assemblée nationale, président de la République et ministres peuvent faire ce qu’ils veulent pendant cinq ans sans être inquiétés politiquement.
Et dès lors que les ministres ( le président de la République est à l’abri) sont jugés par un étrange organisme composé de 3 (vrais) magistrats et 12 membres de la classe politique (la « Cour de justice de la République ») il y a peu de chances qu’ils aillent en prison. Même s’ils ont un jour des morts à leur passif.
B. Pratiques professionnelles : analyse du fondement.
Quand ils prennent leur fonctions, les membres du gouvernement reçoivent une feuille de route (traité de Maastricht). Et ils n’ont ensuite qu’à obéir aux instructions de la « commission » européenne qui leur dicte à quelques mots près, ce qu’ils doivent recopier dans les projets de loi que le Premier Ministre transmettra aux assemblées. Bref, sans avoir besoin d’être intelligents (1).
Cette habitude qu’on prise les dirigeants d’agir sous la dictée de maîtres, s’est concrétisée quand il s’est agi de faire quelque chose qui n’était pas inscrit sur la feuille de route. Le coronavirus n’était inscrit ni dans les enseignements dérivés des théories de Milton Friedman sur le fonctionnement de la société heureuse (mis au programme des diplômes à obtenir pour faire partie de l’élite), ni sur la feuille de route ou la fiche de poste remises à l’entrée en fonctions..
C’est ainsi que les membres de l’élite gouvernante se sont montrés peu formés à prendre des décisions, sans se les faire souffler.
D’où la création, à la hâte, - et après que l’absence (même cause que ci-dessus) de certaines décisions à vocation préventive ( – prises en revanche par d’autres dirigeants dans d’autres pays - ) a commencé à produire des effets- d’un comité composé de scientifiques endossant accessoirement la paternité des décrets et des arrêtés. Alors même que la compétence particulière de ces derniers s’arrête nécessairement à la recherche sur les virus où à la manière de soigner les maladies.
Alors que je suggérais, faisant échapper un instant mon cerveau à ce que disaient les actualités télévisées, qu’il était peut-être bien sévère, le collègue me montra le cadran de l’horloge : « AVANT d’avoir fini d’enterrer vos morts, pensez à remettre les pendules à l’heure . Au moins si quelqu’un se présente qui vous le propose ».
Je lui ai donné connaissances de mes premières réflexions (quoi que très embryonnaires) sur ce genre de questions (2) :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-virus-neutralisera-t-il-222710
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/macron-le-12-mars-enfin-222255
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités.
(*) les observations et opinions émises par les notes sus reproduites n’impliquent aucune approbation ni aucune improbation. Elles devraient cependant …
(1) NB. hypothèse de travail formulée par l’observateur :
Etre intelligent pourrait constituer, sous un certain rapport, un obstacle à l’exercice de telles fonctions. Imaginons un instant, que tel ou tel membre influent du gouvernement, se mette à réfléchir sur les conséquences des mesures qu’il signe. … Et qu’il raisonne en découvrant à cette occasion qu’il pourrait aussi techniquement (au prix peut-être de quelques sacrifices personnels) exercer ses fonctions dans l’intérêt général. Des citoyens. De la Nation ... Et tout le système s’effondrerait ! Car en effet,
- Donner à des banquiers le droit d’émettre la monnaie de l’Etat, à la place de ce dernier, est en effet une stupidité. Surtout quand on sait que les banquiers subordonnent leurs « prêts » au respect de leurs desiderata par les dirigeants de l’Etat.
- Vendre à des étrangers une entreprise qui fournit des pièces de rechange pour des engins militaires est une forfaiture.
- Permettre aux entreprises d’augmenter leurs marges en fabriquant leurs produits dans d’autres pays, quand cela supprime des emplois en France ou quand cela prive la France d’avoir à portée de main, les médicaments qui sont nécessaires à sa population, est immoral ; voire criminel si la pénurie de médicaments vient à tuer.
(2) J’ai ajouté le texte d’une proposition de loi que je m’étais « amusé » à envoyer aux députés il y a quelques jours. Visant à encadrer les prix de certains produits et services (en plus de ce que le gouvernement avait fini par faire avec le gel hydro alcoolique). Avant ( toujours !!! ... cette idée de "prévention" et si peu familière aux élites gouvernantes, comme celle selon laquelle "gouverner c'est prévoir") que la spéculation ne les fasse s’envoler et que le marché noir ne s’installe. Le collègue attend que je lui communique les réactions des parlementaires par groupe politique.
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