Le parrain
Gilbert Collard se définit comme un "rabatteur". Une expression utilisée plutôt par les chasseurs mais aussi sur les trottoirs où les marchés parallèles font des affaires florissantes. En fait, les rabatteurs sont à la recherche d'une clientèle et Maître Collard va à la pêche aux voix pour le FN, ce qui n'est pas une activité illicite et même un sport national en période électorale. Du côté de Béziers, Ménard chasse plutôt la grosse bête, du genre gibier de luxe, avec ou sans poil, mariné de préférence.
Pour donner un peu plus de précisions sur la "noble mission" du député RBM. Elle consiste selon lui, à "recueillir dans le mouvement des gens qui auraient peur encore d'aller au FN". Il existerait donc encore des proies méfiantes pas trop convaincues par la sincérité de dédiabolisation frontiste.
Mais autre chose chagrine le "rabatteur ; les parrainages pour la présidentielle. Car M. Collard est un parrain, comme les autres élus de la République qui tous peuvent s'ils le veulent parrainer un candidat à l'élection suprême. D'ailleurs, même ceux qui ne supportent ni Maître Collard ni le parti qu'il soutient, pourront comprendre le courroux exprimé dans sa récente déclaration, suite à la proposition de loi déposée par le PS. L'idée consisterait à instaurer une publication des parrainages, c'est à dire la liste complète des parrains. Collard est vent debout face à ce qu'il considère comme "réinstaller un processus de diabolisation" du Front national.
Mais là, le parti socialiste ne vient-il pas encore une fois de se tirer une balle dans le pied. Car même si Marine Le Pen avait obtenu ses parrainages en 2012, se genre de méthode usée comme le canon d'un vieux fusil rouillé, donne quand même l'impression que le Parti socialiste est à la manoeuvre pour lui rendre les choses encore plus difficiles cette fois. Cependant, les électeurs devraient savoir en temps réel combien de signatures ont été obtenues. Ce qui pourrait éviter la victimisation de la candidate frontiste, mais aussi dire si elle éprouve réellement des difficultés pour obtenir son billet pour les élections.
Certes on peut s'opposer farouchement au FN et considérer que derrière sa façade propre ce n'est pas un parti républicain. Mais c'est autrement qu'en jetant l'anathème sur les élus qui oseraient la parrainer qu'on pourra obtenir le trophée de Marine Le Pen. Car, qu'on le veuille ou non, elle est une élue qui représente une partie non négligeable de la population.
Le député Jean-Jacques Urvoas, au nom d'une "exigence de transparence", propose donc que l'ancien procédé, ou seulement un extrait des 500 noms tirés au sort était rendu public, soit remplacé par une publication intégrale des noms des parrains en temps réel. Mais au nom de quoi, un parrain devrait ensuite subir des pressions si son initiative n'est pas du goût de sa famille politique ou de certains médias ? Car pour un élu donner son accord est un acte démocratique, il ne correspondant pas toujours à son choix dans l'urne. Si le secret du vote dans l'isoloir existe, pourquoi le secret des parrainages ne l'est-il pas aussi ? D'ailleurs ne faut-il pas également s'interroger sur la nécessité d'obtenir 500 signatures, pour un élu déjà candidat dans le passé à la présidence de la République ?
D'autres propositions sont sur le bureau des Parlementaires. Notamment, "substituer le "principe d'équité" à l'actuelle "règle d'égalité" des temps de parole des candidats, pendant la période d'environ trois semaines qui va de la publication de la liste des candidats au démarrage de la campagne officielle. "La coexistence d'une stricte égalité des temps de parole et d'une simple équité des temps d'antenne (ces derniers incluant l'ensemble des éléments éditoriaux consacrés à un candidat et à ses soutiens) est une source de complications tant pour les chaînes de radio et de télévision que pour les candidats, dissuadant de surcroît certains médias d'organiser des débats", selon lui.
Le président de la commission des Lois propose également que les premiers bureaux de vote ne puissent fermer qu'à 19 heures au lieu de 18 heures, les derniers continuant à fermer à 20 heures. Selon la Commission des sondages, "un intervalle d'une heure présenterait le double avantage de permettre l'établissement d'estimations à partir des résultats recueillis auprès de bureaux tests tout en évitant la possibilité d'en divulguer massivement la teneur avant la clôture du scrutin", explique-t-il. Enfin, Jean-Jacques Urvoas propose de réduire d'un an à six mois la période de comptabilisation des dépenses électorales, et ce pour l'ensemble des élections."
Finalement, le nom du candidat importe peu, qu'il s'appelle Le Pen ou Dupont n'est pas la question. Si Dupont est un farfelu il ne passera pas le filtre des élus. Mais qui sait si l'anonymat des parrains qui décideraient ainsi l'esprit libre, ne permettrait pas à un humoriste ou un philosophe de participer un jour à la présidentielle.
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