« Le pas encore candidat » Zemmour, un danger à ne pas sous-estimer
Eric Zemmour, en confondant volontairement son rôle de polémiste et d’historien, avec des affirmations historiques sur fond de révisionnisme, dont la pensée est recouverte de fragments de haine, ne peut être qu’un poison pour la République. Ses référence à Barrès, écrivain nationaliste, antidreyfusard et antisémite ou tenter de réhabiliter Pétain, le prouve.
Entre référence à des personnages historiques et comparaisons choquantes
Quand il écrit : « Napoléon est notre père, Louis IXV notre grand père, Jeanne d’Arc notre arrière-grand-mère », cela peut surprendre, mais ce qui le plus choquant, ce sont ses déclarations à l’égard de la famille juive, dont des enfants avaient été tués lors de l’attentat islamique de l’école juive par Mohamed Merah, parce qu’ils les avaient fait enterrer en Israël. A cet effet Zemmour avait établi un parallèle inacceptable entre Merah le criminel islamiste, dont la famille avait fait la demande de l'enterrer en Algérie (une demande refusée par les autorités algériennes) et les enfants juifs qu'il a assassinés devant l'école confessionnelle à Toulouse en 2012, enterrés eux en Israël. Il juge que dans les deux cas « ils n'appartenaient pas à la France »… Mettre au même niveau le criminel islamiste et les victimes juives en prétextant que les deux n’étaient pas Français est ignoble ! : https://www.ladepeche.fr/2021/09/14/eric-zemmour-cree-la-polemique-apres-ses-declarations-sur-les-victimes-juives-de-mohammed-merah-9789417.php Il s’avère ainsi, comme un fidèle disciple de Pierre Laval à Vichy pendant l’occupation nazie, lequel, dans ses dires opérait une distinction entre Juifs étrangers et français, bien que les deux terminaient leur vie de la même manière dans les chambres à gaz des camps d’extermination nazis.
Vouloir réhabiliter le régime de Vichy et s’en prendre aux résistants, ainsi qu’actuellement aux juges, traduit bien sa volonté de mettre à bas la République
Par des détours avec des affirmations inexactes, Eric Zemmour cherche à atténuer, voire normaliser le régime de Vichy, lorsqu’il déclare que « Pétain a sauvé les Juifs français » et accuse les résistants « d’avoir poussé la France à la guerre civile, en tuant des collaborateurs ». Pour ceux qui en douteraient encore, cela ne peut que prouver sa volonté de mettre à bas la République.
Déjà, en 2014 Eric Zemmour défendait la théorie du « moindre mal » selon laquelle Philippe Pétain aurait « sacrifié les Juifs étrangers pour sauver les Juifs français ». Dans son dernier essai, il cible de nouveau l’avocat Serge Klarsfeld, lequel avait rendu public le statut des Juifs durci de la main de Pétain dans la rafle du « Vel’d’Hiv ».
Il déplore également que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat français. Il souhaite également abolir les lois mémorielles et loi Gayssot qui punit contre le délit de racisme et de négationnisme.
Toujours dans son dernier livre, il critique le procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire de Vichy, comme un « procès idéologique » dont la visée aurait été de dire que « la France est coupable ». « Les fonctionnaires de Vichy n’étaient pas coupables, ils devaient obéir à l’Etat. Sinon, il n’y a plus d’autorité, plus d’obéissance », s’indignait-il sur Cnews le 13 septembre 2021. Ce Monsieur oublie que certains hauts fonctionnaires ont refusé de se plier aux ordres de la collaboration et ont résisté, le meilleur exemple est celui du préfet Jean Moulin héros de la résistance qui fut lui l’honneur de la France. Mais Zemmour a plus de sympathie évidemment pour Petain et ses collaborateurs.
A Béziers, chez son ami Ménard il assurait au Monde : « J’assume toujours tout. Ce que vous appelez mon inspiration idéologique et intellectuelle, c’est moi. Je n’en changerai pas. »
Avec ces quelques exemples tirés des écrits ou propos d’Eric Zemmour on est fixé. Aujourd’hui, le fait de vouloir également mettre au pas les juges, autrement dit de s’en prendre à l’Etat de droit, illustre également sa volonté de s’en prendre à la République pour la remplacer par un régime autoritaire.
Saines réactions d’hostilité aux propos d’Eric Zemmour par les institutions juives
L’un des premiers à avoir réagi aux écrits et déclarations d’Eric Zemmour est Francis Kalifat. « Pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Zemmour », a estimé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme et membre du CRIF, partage l’indignation de M. Kalifat : « Je ne connais personne d’autre à l’extrême droite qui tient ce genre de propos. Il vient retirer l’appartenance nationale à des victimes de terrorisme. Il touche au plus sacré chez les Juifs. » Pour Patrick Klugman, le problème est que « la lutte contre l’antisémitisme se trouve réduite à néant parce que l’émetteur est juif. C’est du jamais-vu ». M. Klugman décrit des Français juifs déboussolés : « Beaucoup sont horrifiés, mais il y a une dynamique. »
A l’évidence le clivage qui traverse les Français juifs, entre un sommet, incarné par des institutions qui lui sont fortement hostiles et une base, où le discours d’Eric Zemmour trouve une certaine résonance, c’est qu’en apparence il est exclusivement dirigé contre l’islam, lequel rencontre un écho favorable, car il faut prendre acte que la peur des Juifs de France est celle des criminels islamistes, à l’origine de l’assassinat de nombreux Juifs français ces dernières années.
Il n’y a d’ailleurs pas que chez les Juifs, car à cause du refus de revoir la théologie de l’islam pour retirer la partie politique et violente inscrite dans le coran, sous prétexte que ce livre est l’oeuvre de Dieu et non des hommes, cela justifie les actes des criminels islamistes. Mais conduit aussi à une certaine radicalisation de cette religion, entraînant un rejet plus général de l’islam auprès de la population française.
Arrimage identitaire au passé guère réjouissant
Cet arrimage identitaire au passé n’est guère réjouissant, certains écrits ou propos sont ignobles et illustrent bien de danger que représente Eric Zemmour pour les valeurs de la République. Il masque ainsi tout débat sur des propositions en regard des grands enjeux de notre temps et leurs problématiques, Il se « fiche » royalement de leurs impacts dans le domaine démographique ou ceux de la nouvelle révolution numérique, leurs avantages et leurs inconvénients sur le plan culturel, sociétal, économique, environnemental et écologique (ressources, énergie, pollution, climat...) qui en découlent. Et que dire son peu d’intérêt pour la dérive climatique et la responsabilité de l’homme par son nombre, ou encore la gravité de la crise écologique avec la 6e extinction des espèces qui est en cours.
Mais, Eric Zemmour a-t-il une chance de gagner la prochaine présidentielle ?
Malgré ses déclarations ou ses références historiques teintées de révisionnisme qui font de Zemmour un poison pour la démocratie et la République, personne ne peut lui contester le droit d’être candidat à l’élection de la présidence de la République, dès lors qu’il remplit les conditions administratives (les cinq cent signatures de certaines catégories d’élu(e)s) tout au plus peut-il être sanctionné par la justice concernant des propos qui transgresseraient la loi…
Faut-il rappeler que l’élection présidentielle ne peut avoir que deux candidats au second tour et ce sont généralement les reports de voix qui font la différence. Si les sondages qui circulent actuellement se révélaient exacts lors de l’élection, Eric Zemmour serait présent au second tour. Avec les reports de voix des petits candidats de la droite très à droite et du RN, mais aussi une partie de l’électorat de droite plus des voix drainées à gauche, tout est possible ! A moins qu’une candidature de droite modérée et à stature présidentielle, telle que celle de Michel Barnier (actuel candidat à la candidature de LR) viennent changer la donne face à Emmanuel Macron et que Zemmour tombe dans les oubliettes de cette élection présidentielles.
Y a-t-il encore un moyen « d’enrayer « le phénomène Zemmour ?
S l’on veut éviter de dire un jours : « On ne l'avait pas vu venir », ce ne sont pas des consignes de votes de façon incantatoire contre lui ou des manifestations pour perturber les réunions de dédicaces de son livre qui convaincront du danger qu’il représente.
Dès lors, doit-on ignorer ses saillies et ses contrevérités, ou propos aux relents nauséabonds qui travestissent l’histoire ? Propos, dont la diffusion lui permet d’occuper l’avant scène de la pré-campagne électorale, via les tribunes médiatiques... Et croiser les doigts en espérant que la bulle « Zemmour » finisse par éclater...
Mais le refus d’évoquer et réagir fortement à ses saillies et ses contrevérités, lorsqu’il multiplie les déclarations qui heurtent, tant sur l’affaire Dreyfus, Vichy, Pétain ou la rafle du Vel’ d’Hiv, que sur les lois mémorielles, ne risque-t-on pas que ce soit interprété comme une forme de consentement ? Ce qui produirait l’effet inverse au but recherché…
N’est-ce pas plutôt en mettant en évidence le désastre qui serait provoqué si les promesses que fait Eric Zemmour devenaient réalité ?
C’est en observant de plus près le sens et le référentiel global de ses promesses que l'on peut imaginer le désastre et qu’à partir de là, il devient possible de dissuader la majorité des Français de lui accorder leur vote. Derrière les envolées passéistes, les références permanentes à une Histoire fantasmée et pervertie, le reste n'est ni bien novateur, ni émancipateur, surtout pour les femmes et encore moins de nature à restaurer une quelconque grandeur, tout en se mettant au ban des nations.
Pour ce qui est de sa politique économique, Zemmour ne fait guère preuve d’innovation si on se réfère à ses propositions concernant l'automobile qui, elles, nous renvoient presque à la présidence Pompidou, le chantre d'un tout bagnole qui avait son sens à l'époque, mais l'a définitivement perdu aujourd'hui. Au final, en vrac : c’est moins de fonctionnaires, baisse des impôts et des cotisations sociales, allègement des contraintes des PME, liquidation du droit du travail, protectionnisme relatif en externe, libéralisme appuyé en interne, réduction de la dette (comme tout le monde) et donc lutte contre « l'assistanat » par le rabotage des aides sociales mâtiné de préférence nationale. Bref, un bon vieux programme de droite ultra libérale des années 1960, avec quelques clins d'oeil à Marine Le Pen, mais surtout à son père Jean-Marie, dont il se rapproche par son libéralisme, tandis qu’à l’inverse sa fille essaye, plus ou moins maladroitement, de jouer la carte « Keynésienne » par interventionnisme de l’État.
La mise en évidence de ses dérives avec son projet est-elle suffisante et peut-elle stopper le phénomène « Zemmour » ?
Comme le souligne. Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme et membre du CRIF qui partage l’indignation de M. Kalifat : « Je ne connais personne d’autre à l’extrême droite qui tient ce genre de propos. Il vient retirer l’appartenance nationale à des victimes de terrorisme. Il touche au plus sacré chez les Juifs. » Mais à l’évidence cela n’a pas l’air d’interpeler un grand nombre de Français si on se réfère à la sympathie qu’ils lui expriment.
Au fond, cette sympathie, ne traduit-elle pas le fosssé de plus en plus profond qui s’est creusé entre une grande partie de population et la classe politique avec le rejet de celle-ci ? Le choix du pire extrémiste populiste d'extrême droite est-il une façon de réagir face à celle-ci plutôt qu’une adhésion à ses thèses ?
Dans tous les cas, il y a là de quoi s’inquiéter, car le pire peut arriver si la classe politique continue de ne rien changer à ses rapports démocratique avec la population, notamment sur le plan institutionnel.
Pour conclure
Que l’essayiste Eric Zemmour crédité de plus de16 % des intentions de vote, s’il est candidat à l’élection présidentielle. Il s’aventure sur des thématiques, dont on peut comprendre qu’il suscite inquiétude et indignation par ses déclarations ou ses références historiques teintées de révisionnisme qui font de l’essayiste un poison pour la démocratie et la république. Comment peut-il aspirer à la présidence de la République, alors qu’au lieu de vouloir rassembler il divise la société en deux clans. Désormais, une frontière de plus en plus infranchissable sépare les « pour » et les « anti » au sein de la population française...
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