• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Le patronat français agit-il de façon irresponsable ?

Le patronat français agit-il de façon irresponsable ?

 Dans un contexte économique très difficile, le patronat a su jouer habilement pour obtenir des avantages fiscaux, via le CICE puis le pacte de responsabilité, pour un montant total d'environ 50 milliards d'Euro. Conséquence, alors que la France réduisait ses déficits depuis trois ans, le gouvernement annonce pour cette année un dérapage budgétaire avec 4.4 % de déficit contre 3.8 % initialement prévu, le retour à 3 % de déficit étant repoussé à 2017.

 Le message du patronat peut se résumer ainsi : « donnez nous plus d'argent via des réductions d’impôts et nous ferons repartir l'économie ». Il faut bien comprendre que tant qu'un budget est en déficit, le moindre cadeau fiscal est un cadeau non financé, qui va gonfler la dette. Le gouvernement, peu averti de l'adage « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras », a fini par céder à cette demande, espérant cueillir les fruits fiscaux d'une croissance future.

 Or ce pari semble assez audacieux, car, comme expliqué dans un article précédent(1), il est fort probable que la France soit rentrée structurellement dans une période de croissance molle. En effet, les principaux facteurs de croissance, à savoir l'expansion démographique, le faible coût de l'énergie et les ruptures technologiques impactant fortement la productivité, ne sont plus au rendez-vous. De plus l'augmentation des inégalités renforce la tendance déflationniste en asséchant la consommation (les riches dépensant en proportion beaucoup moins que les pauvres). Or la dette de la France ne peut pas augmenter indéfiniment. La barre des 100 % se rapproche. Tout cadeau fiscal doit être mûrement réfléchi. Ainsi, il aurait été plus raisonnable que les demandes du patronat ne concernent que des aspects à très faible impact sur le budget de l’État, ou encore se concentrent sur une meilleure utilisation des moyens existants (tout ceci sans dégradation sociale). Cette démarche aurait été beaucoup plus responsable, les sujets ne manquant : simplification administrative, renforcement des économies d'échelle, synergie entre secteurs différents, formation du personnel, amélioration de l'efficacité des normes, ... Malheureusement cette voie n'a pas été choisie et la réduction des déficits engagée depuis trois ans est désormais stoppée.

 Le pari du gouvernement, qui espère relancer la croissance en baissant la fiscalité des entreprises, rappelle étrangement celui du gouvernement du quinquennat précédent, qui espérait la même chose en baissant la fiscalité des ménages. Résultat de cette politique : en quatre ans la dette a augmenté de plus de vingt points et les agences de notation ont dégradé la note de la France. Le comportement du patronat est donc assez irresponsable, la France emprunte aujourd’hui à des taux très bas, mais si la dette continue d'augmenter cette situation pourrait s'inverser. Et il ne restera alors plus que deux choix : soit la dévaluation interne, soit la sortie de l'Euro.

 

(1) http://mclams.free.fr/index.php?parent=index_articles.html&page_name=croissance_nulle.html


Moyenne des avis sur cet article :  3.5/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 20 septembre 2014 12:59

    Le patronat, qu’est ce que c’est ? Des syndicats de patrons formant un lobby destiné à obtenir le maximum d’avantages socio-économiques contre un minimum de concession. C’est dans l’ordre des choses des rapports de force agissant au sein d’une société et il est assez naïf de s’en plaindre.

    Les patrons sont-ils légitimes comme force de proposition au gouvernement ? Pas tous.

    Parmi les patrons, il y a ceux qui ont créé leur entreprise et les autres, à qui on a donné un poste de Président directeur général (PDG) ou même seulement Directeur général (DG). 

    Ceux du MEDEF sont majoritairement de cette seconde sorte. Gattaz, par exemple, est le fils de son père, ex Président du Medef ou de ce qui en tenait lieu. Ces gens là ne se posent pas la question de la légitimité de leur position dominante, ils sont nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Ils n’ont rien fait d’eux-mêmes, rien créé, rien inventé mais ils se sont auto proclamés « le patronnat » et discutent « politique économique et sociale » avec le gouvernement. Le problème est qu’ils n’ont aucune autre idée que celle de leur importance toute relative.

    Parmi les vrais patrons, les entrepreneurs créateurs, il y a ceux qui gagnent de l’argent, et les autres, ceux qui travaillent sans compter leur temps pour un salaire dérisoire.

    Ces derniers ne comptent pas, travaillant dans un créneau trop concurrentiel ou insuffisamment porteur, ils vont végéter pendant des mois avant de faire faillite parce qu’il vont perdre leur client ou parce qu’ils vont se décourager.

    Les vrais patrons entrepreneurs-créateur qui gagnent de l’argent sans tricher ni corrompre sont rares mais c’est les seuls qui pourraient légitimement apportés quelque chose à la nation pour peu qu’on leur demande des conseils argumentés et que l’on considère avec sérieux ce qu’ils ont a dire.

    Reste à trouver un langage commun qui permettrait aux responsables politiques de comprendre ce que ces gens disent, ce qui ne sera pas facile.

    Dommage qu’ils soient considérés comme de « nouveaux riches » par ceux qui n’ont rien eu à prouver cités ci-dessus, ou comme des aventuriers dont la réussite, forcément suspecte, est une insulte à l’ordre établi par l’administration.


    • lemouton lemouton 20 septembre 2014 19:48

      Bien dit Daniel..+1.. ,-)


    • Pere Plexe Pere Plexe 20 septembre 2014 20:27

      Sans tomber dans le travers des Frontistes il faut bien reconnaitre que le Medef est avant tout le puissant lobby des grandes entreprises apatrides.
      Leurs intérêts ne sont pas ceux de la France et encore moins ceux des Français.Après avoir tondu les salariés ils rackettent les pays.
      Quitte à en changer( pour peu que cela signifie encore quelque chose) le moment venu.
      La dette nationale n’est pas leur souci.

      Pire,la croissance de la dette,soumet davantage le pays aux financiers auxquels elle assure une rente confortable ...et qui sont les mêmes qui dirigent les grandes entreprises.
      Compter sur eux pour redresser le pays est un non sens :ils n’y ont aucun intérêt.


      • Spartacus Lequidam Spartacus 21 septembre 2014 01:51

        Le CICE serait un « cadeau » ? 

        Que l’état est généreux avec votre argent. Il vous fait un « petit crédit sur l’argent qu’il vous soutire....

        Les inégalités seraient facteur de déflation ? 
        Mais rendre les gens moins riches ne rendra pas les pauvres plus riches. 
        C’est le travail des uns qui amène le travail, pas son partage....

        Les seuls qui ont pouvoir de loi sont les politiciens, pas les »patrons"......Les irresponsables sont les politiques, pas les patrons..

        • bourrico6 22 septembre 2014 10:41

          Mais rendre les gens moins riches ne rendra pas les pauvres plus riches.

          Et rendre les riches plus riches ?

          Les irresponsables sont les politiques, pas les patrons..

          Bon sans mais c’est bien sur, Patrons = gentils, Etat = méchant !
          Quelle perspicacité, quelle intelligence, les bras m’en tombent !
           smiley

          Je suis inquiet Spartenflure, t’as même pas prononcé le mot « gauchiste » une seule fois, t’es malade ?


        • bourrico6 22 septembre 2014 16:00

          Ce sont des patrons qui font la monnaie, donc ce sont des patrons qui ont le pouvoir.

          Regardez en France, Dugland de l’Elysée leur fait des milliards de cadeau de prélèvements, et L’autre fils de chienne de syndicaliste verreux ne trouve rien d’autre à faire qu’une rajouter une couche sur le SMIC.
          Et en échange de quoi ? de rien du tout, c’est ça le pire, ces grosses merdes humaines, défendues par Spartacul, sont les pires dévoreurs d’argent public, sans cesse à réclamer des allègements, des subventions, etc.

          Spartacus ment comme un arracheur de dent, mais je ne suis même pas sur qu’il s’en rende compte.
          Il est lobotomisé, c’est un intégriste, la version libérale et mondialiste du Taliban.
          Même degré d’endoctrinement, même fanatisme, même absence d’argument réfléchit.


        • Marcus Clams Marcus Clams 22 septembre 2014 21:55

          >>Les inégalités seraient facteur de déflation ?
          Prenons un exemple : si on donne 1 million d’€ à une personne ou 1000 € à 1000 personne, on aura pas le même résultat. Dans le premier cas 30 à 40 % seront dépensés alors que dans le deuxième cas ce sera 100 %. Moins de consommation, moins de marché, chômage, déflation, (d’autant plus que l’argent épargné du premier cas s’évapore souvent dans la finance mondiale).

          Jusqu’à présent pour éviter un effondrement les pays avaient recours à l’endettement, privé pour certains (US, irlande, espagne), public pour d’autres (france italie). Mais cet artifice a ses limites.

          Le cas extrême ce sont certains pays africains d’il y a 20 ans, où une toute petite partie de la population captait 80 % du PIB, l’argent étant réinjecté en occident. Résultat : pas de consommation locale, pas de finance locale.

          Info complémentaires : Les inégalités continuent de se creuser aux Etats-Unis

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès