Le pire de la crise libanaise
Tout le monde connaît la gravité de la crise actuelle au Liban. Ils savent aussi quel rôle les parties extérieures et leurs représentants au Liban ont joué dans le déclenchement de cette crise. La Banque mondiale a maintenant averti que la crise économique au Liban est la plus grave au monde depuis longtemps.
Elle menace la stabilité à long terme de ce pays arabe. Cela n’est pas surprenant, du moins pour ceux qui connaissent la situation libanaise de ces dernières années. Ils n’ont pas non plus été surpris d’entendre la Banque mondiale qualifier la crise de récession délibérée dans son dernier rapport.
Les rôles au Liban sont triviaux et bien connus. L’étendue des responsabilités dans le glissement vers une telle situation est claire. Pour ce qui est du rapport de la Banque mondiale, les chiffres sont catastrophiques.
Les recettes de l’État libanais ont diminué de près de moitié d’ici 2021, pour ne plus représenter qu’environ 7 % du PIB - une forte baisse à un moment où la dette publique libanaise a atteint un très mauvais niveau. Cette situation a conduit à comparer le Liban à des États en faillite.
Le plus triste dans tout cela, c’est que les raisons sont claires pour tout le monde ; même ceux qui ont voulu détruire ce pays arabe sont connus. Mais il n’y a aucun moyen de les tenir tous responsables de leurs crimes contre l’État et le peuple libanais.
Le pire dans l’aggravation de la crise au Liban, c’est que même plus de deux ans après le début de la crise économique actuelle, il n’y a aucun signe à l’horizon qui indique une sortie certaine du tunnel. Il n’y a pas d’accord sur une feuille de route pour faire face à la situation économique.
Il n’y a pas d’abandon des pratiques et des violations qui ont aggravé la crise et l’ont alimentée tout au long de la période précédente, et l’incertitude règne désormais sur l’avenir prévisible du Liban. Le dilemme de tout ce qui se passe réside dans ses vastes répercussions sur les fondements et la stabilité de la société libanaise.
La crise a plongé de nombreuses parties de la population dans la pauvreté. Selon les médias, certains Libanais auraient même recours à l’immigration clandestine pour fuir la réalité de leur pays. Il y a aussi des événements quotidiens qui reflètent la détérioration de la situation dans ce pays arabe.
Au milieu de ce sombre tableau, les efforts des pays du Golfe pour rétablir la confiance au Liban au niveau international viennent de l’initiative du Koweït, une importante bouée de sauvetage pour le Liban. Il s’agit d’une initiative de fondation essentielle qui assure le rétablissement de la souveraineté libanaise.
La lutte contre le trafic de drogue, la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes et l’engagement dans une politique visant à tenir le Hezbollah à l’écart de ses interventions militaires dans les pays arabes sont autant d’actes de souveraineté nécessaires que l’État doit entreprendre. La voie à suivre pour reconstruire le Liban est connue de beaucoup.
Le problème reste cependant le dilemme du manque - ou au mieux de l’ambivalence - de loyauté et d’appartenance de certaines parties libanaises. En premier lieu, il y a bien sûr le Hezbollah, qui revendique ouvertement sa sujétion et sa loyauté envers les dirigeants iraniens.
Pour le Hezbollah, les intérêts du Liban et de son peuple passent après ceux du camp auquel il doit son allégeance et dont le parti défend les intérêts sur le territoire libanais, sacrifiant pour cela la population, la sécurité et la stabilité du pays.
Il faut donc s’attendre à un blocage de l’initiative koweïtienne et de toute autre initiative internationale ou régionale qui ne conviendrait pas à Hassan Nasrallah et à ses partisans sur la scène libanaise. Ils sont à l’origine de la situation au Liban et de leur volonté d’entraîner le Liban dans une toute autre crise régionale actuellement en cours de résolution à Vienne.
Ce qui se passe économiquement au Liban est le symptôme d’années de détérioration et de sabotage politique et sécuritaire intentionnel. Il ne s’agit pas, comme certains le prétendent, d’un conflit sunnite-chiite entre représentants de forces extérieures.
Il s’agit plutôt principalement de l’identité du Liban et de son peuple, et de la tentative de certains de briser un Liban pluraliste, fondé sur la coexistence et la tolérance entre différentes sectes et religions, et de le faire passer du statut d’icône civilisationnelle et de symbole de culture à celui de « rouage » dans la machine appelée « axe de la résistance. »
Pire encore, dans la crise libanaise, tous les développements internes servent directement ou indirectement le Hezbollah et renforcent sa position politique et sécuritaire. Le parti terroriste, qui est l’une des causes de la crise et qui se reproduit dans d’autres pays arabes comme le Yémen et l’Irak, ne soutiendra aucune sortie de l’impasse libanaise actuelle.
Le parti est en effet certain que la sortie du Liban de sa crise complexe commence par son démantèlement et la fin de son rôle au profit de partis externes connus.
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