Le pire scénario en Chine inquiète le monde entier
L’épidémie de coronavirus, avec ses importantes pertes humaines et son énorme impact économique, marque sans aucun doute une ligne de partage entre deux phases distinctes. La période qui précède l’épidémie n’est pas comparable à celle qui suit. De nombreuses circonstances et faits ont changé.
On peut même dire que de nombreux concepts géopolitiques et stratégiques ont été remodelés. Un scénario catastrophique, appelé cygne noir dans la littérature politique, s’est produit. Ce que beaucoup craignaient est bel et bien arrivé.
Mais pour une raison très différente. Le séisme mondial n’a pas été provoqué par une grave crise financière, une troisième guerre mondiale ou même un changement climatique dépassant les prévisions scientifiques. Il a plutôt été provoqué par un virus, dont les causes ne sont pas encore connues, du moins pas officiellement, pas plus que les limites de responsabilité de cette épidémie catastrophique.
Ce qui s’est passé lors de cette épidémie est une application réelle de la théorie du « cygne noir » décrite par le penseur libano-américain Nassim Nicholas Taleb dans son célèbre ouvrage de 2007 sur les événements inattendus qui se produisent soudainement et dont les effets et les conséquences sont considérables.
L’épidémie de coronavirus est déjà un bon exemple vivant du cygne noir, tout comme les attentats du 11 septembre 2001 et d’autres événements mondiaux dépassant les attentes. Ce scénario catastrophe est en train de modifier l’ordre mondial, s’accordent à dire les experts et les spécialistes des relations internationales.
Au cours des derniers mois, de nombreuses études et recherches stratégiques ont été réalisées, traitant des modèles de pouvoir, d’influence et de domination dans le monde post-coronavirus, en lien avec la position des États-Unis comme pôle dominant de l’ordre mondial existant et avec la Chine comme principal prétendant à la concurrence avec les États-Unis.
Les discussions sur la position de la Chine dans la prochaine phase ne se sont pas limitées à des salles fermées, des salles de recherche et des conférences scientifiques, mais ont impliqué des dizaines de millions de personnes dans le monde qui suivent l’ascension de la Chine et son impact sur presque tous les détails de la vie quotidienne de l’individu moyen. Un tableau de l’influence mondiale de la Chine a été dressé, même si ce n’est pas intentionnel.
Dans une récente déclaration officielle, le gouvernement chinois a appelé la population à constituer des réserves alimentaires pour les besoins quotidiens et les urgences. La raison de cet appel n’a pas été révélée. Cela a ouvert la porte à un flot d’interprétations, d’analyses et de craintes. Certains médias ont limité les craintes et les spéculations entourant la déclaration chinoise à la région arabe.
Mais quiconque a suivi les médias du monde entier ces derniers jours sait que l’appel a eu le même impact en Orient et en Occident. Ce n’est simplement pas la région arabe qui est concernée. Quant aux motivations de cet appel, les autorités chinoises ont beaucoup appris de la crise de la première épidémie de coronavirus et des fermetures et pertes massives qu’elle a entraînées.
La Chine tient à éviter que ce scénario ne se reproduise à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, qui se tiendront en février prochain, dans un contexte de nouvelles épidémies dans différentes régions du pays. Cela dit, de tels appels sont loin d’être rares dans un pays qui occupe la première place mondiale en matière d’importations alimentaires. Dans sa mémoire historique sont ancrées des périodes de famine douloureuse qu’il ne voudrait pas revivre.
L’année dernière, le président chinois Xi Jinping a appelé ses compatriotes à économiser la nourriture et à ne pas la gaspiller, mais cette fois, l’appel semble compréhensible dans son contexte historique et analytique. La Chine veut démontrer son soft power lors des prochains Jeux olympiques d’hiver, et ne pas laisser la présence internationale à ces jeux être l’occasion de donner des sueurs froides à cette puissance mondiale émergente.
La Chine est incontestablement au centre de l’attention mondiale depuis l’apparition du coronavirus, que ce soit en raison des accusations d’être responsable de l’épidémie mondiale en 2019 depuis Wuhan, ou en raison de son rôle, de son poids et de l’étendue de son influence économique sur l’économie mondiale dans cette crise.
Cet impact a été une indication claire de l’étendue de l’influence stratégique mondiale que la puissance chinoise exerce dans le monde post-covide. On avait coutume de dire que lorsque l’Amérique éternue, le monde s’enrhume. Aujourd’hui, il est clair que l’« éternuement » de la Chine pourrait donner au monde plus qu’un simple rhume.
Les indices des prix des produits de base et des services se dirigent vers des records, et les prévisions concernant l’inflation, la récession et l’économie mondiale en général semblent très pessimistes pour au moins les deux prochaines années. Tous les flux d’informations relient tous les événements à ce qui se passe en Chine, ou indiquent que la Chine joue un rôle important dans les événements mondiaux.
Le monde retient son souffle, non par crainte d’une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19.
Mais l’aggravation de la crise du secteur immobilier chinois, qui représente environ 30 % du PIB de la Chine, et une crise majeure de type Lehman Brothers pourraient entraîner un tsunami qui dévasterait toutes les bourses du monde et une vague massive d’inflation déclenchée par l’effondrement financier de la plus importante usine du monde.
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