Le plus grand c’est Djoko !
Un mot d’abord sur les Bleus du rugby. Un sport de beaufs tendance macho, un peu réac, disait-on à une époque. Certains le disent encore. Les beaufs ont gagné la gloire et le rugby fait aujourd’hui carton plein, tout en véhiculant à grand débit les valeurs d’ordre, de soumission totale au chef coach, de respect, de camaraderie, d’humilité, alliés à la puissance, la testostérone et à la volonté de tout défoncer.
Couilles
Aujourd’hui la France encense ce sport qu’elle trouvait trop bouseux dans le passé. Rappelez-vous : si, selon la médisance populaire de gauche, les footeux n’étaient dotés que d’un petit cerveau, imaginez ce que l’on pouvait penser des rugbymans !
D’ailleurs c’est compliqué le rugby. On dirait qu’ils ont fait les règles pour des danseuses, de quoi bien emmouscailler les gros bras à l’accent palois. Ou pour que les péquenots de Corrèze se croient intelligents (hum, c’est du second degré, hein, ne venez pas me chercher des poux...).
C’est vrai quoi, ces en-avant, ces semelles mal grippées, ces gestes de main codés comme un horaire de chemin de fer, c’est compliqué. Tellement qu’à chaque fois, à la télé, ils doivent répéter les règles pour les ignares devant leur poste.
Des critiques il y en a encore, même crues :
« Allez dans une campagne, un village ou encore une petite ville regardez un match de rugby, vous verrez le Didier gras comme un porc accompagné de son pote Gerard 42 ans qui aiment rentrer dans les gens faire couler leur sueur dégageant une odeur dégueulasse de leur aisselles sur l’épaule de leur coéquipier. »
L’odeur je ne sais pas, je n’en ai jamais reniflé de près. Ou, sur un Tweet :
« Il existe difficilement plus beauf qu’un rugbyman en soirée… »
Preuve en est cette phrase culte attribuée à un entraîneur :
« Un match de rugby, ça ne se gagne pas avec la tête, ça se gagne avec les couilles ! »
Fracture
Eviv les Beaufs !
Si c’est pas réac, ça ! Mais faut être un peu idiot pour croire qu’on joue avec les couilles. J’imagine l’état desdites couilles en fin de match : rouges, grosses et contusionnées, ou aplaties comme des crêpes. À gauche on sait bien que les couilles servent à autre chose qu’à shooter un ballon pointu.
Cette autre phrase devrait asseoir la domination masculine sur ce sport pas fait pour les gonzesses (je veux dire : pas les filles anatomiquement reconnaissables mais les gonzesses dans leur tête) :
« Au rugby il y a deux belles sorties : par saignement, et sur civière ! Et même sur la civière faut que tu montres que t’as envie d’y retourner… »
C’est tellement plus beau quand ça pisse le sang en travers d’une gueule tordue. Des fans fanatisés, très jeunes, même des adolescentes, voient la beauté de la douleur et regardent ce spectacle en hurlant de bonheur. Les minettes aiment les gros bras qui en bavent comme des escargots géants et se tripotent pendant les mêlées.
D’autres phrases de rugby, cultes ou non mais souvent désopilantes, peuvent être lues ici.
En plus, ces dizaines de milliers de support·eur·rice·s (ha ha !… c’est ça l’horreur de l'inklu) brûlant d’une ferveur viscérale se la jouent comme au foot : tous ensemble, pleins de joie et de bière à venir. En Belgique on aurait les frites en plus de la bière, mais on est en France, un peu de compassion. N’est pas Belge qui veut.
Donc le rugby fédère et la coupe du monde crée une communion de courte durée, illusoire, mais vu l’état de la France fracturée un peu de rêve n’est pas de refus.
Insolence
Et ces bleus dominant les néo-zélandais, ça a un air de père Noël. Il faut dire que les NZ étaient plutôt mous lors de leur haka qui ressemblait plus à un étron sonore et visuel qu’à un cri de guerre. Les All Blacks n’ont pas été lumineux. Noir c’est noir.
Match d’ouverture, Macron en était, copieusement sifflé. Pourquoi pas, le président peut bien inaugurer la coupe du monde. Mais était-ce nécessaire de parler ? Il veut toujours prendre la lumière, ce jeune Emmanuel. Il semblerait presque qu’il savoure la détestation dont il est l’objet (vidéo en fin, 01’).
Mais Djoko ?
Il a gagné son 24e tournoi majeur, il est le plus titré de l’histoire chez les hommes. Adieu Rodgeur Federal Express et ses 20 titres. Djoko est le plus fort, le plus grand. Et le plus détestable selon nombre de journalistes. Ils le trouvent froid et peu sympathique.
Sûr que ce n’est pas Rodgeur et son côté gendre idéal et bon élève, pleurnichard même parfois. Djoko a aussi pleuré à la fin, mais il a eu la décence de ne pas exposer son visage. Il a déjà pleuré à Melbourne mais là aussi avec une certaine discrétion. Il a aussi pleuré à Wimbledon. Novak devient un peu trop émotif.
Je n’aime pas les larmes à la télé, sauf rares exceptions. On ne devrait pas exposer ainsi la fragilité des gens. Ni accentuer notre tendance à instaurer une société de pleunication.
A contrario j’aime bien ce côté froid de Djoko. Il y a presque une insolence dans ses victoires. Il ne cherche ni à plaire ni à séduire. Il est concentré sur sa performance et sur le KO à asséner à ses adversaires.
C’est Djoko le patron.
et aussi :
Un tampon est une expression très utilisée au rugby, elle désigne, au même titre que la cartouche ou le caramel, un gros impact, qu'il soit offensif ou défensif. Le tampon, mieux vaut le mettre que le prendre... Comme le disent souvent avec poésie certains au bord des terrains le dimanche "au rugby, les tampons c'est pas dans la chatte" !
Toute la délicatesse du rugby se révèle dans ces quelques mots :
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