Le Président et la question du Courage
Les évènements des dernières semaines ont poussé une incroyable majorité des français, au moins, à constater l’incapacité d’action de ses gouvernants, leur soumission à des autorités extérieures (UE, US, OTAN, en dépit du droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes), leur visible involonté d’agir pour le bien commun de la nation, au mieux, à commencer à se poser des questions sur l’état actuel du pouvoir.
Même si, encore une fois, une majorité de français semblent appeler de leurs vœux la démission du Président, celui-ci a bien établit qu’il en était hors de question : « J’y suis, j’y reste ». Il est bien évident que, dans la crise actuelle, le Premier Ministre a cru bon demander, pour la date du 16 septembre prochain, un vote de confiance au gouvernement par le biais de la voix sacrée des députés, vote qui pourra provoquer une dissolution de l’Assemblée Nationale ou conforter le Président et son Premier Ministre dans les choix qu’ils ont fait jusqu’à présent.
Quand on connait le faste dans lequel travaillent (et c’est un bien grand mot) nos députés, peut-on croire un seul instant que ces dévoués à la nation (je pouffe !) oseraient se tirer une balle dans le pied, voter « Contre » la confiance au gouvernement, et voir leur siège disparaitre ? Pourraient-ils se détourner d’un salaire mensuel brut de plus de 12'000 euros (soit pour l’ensemble des députés, un salaire annuel de plus de 80 millions d’euros, financés par vos deniers) ? Pourraient-ils se refuser dorénavant tous les avantages en nature qu’offre l’Assemblée Nationale (coiffeur, traiteur, sommelier, chauffeur, assistants en tout genre) pour le simple prétexte qu’ils ne sont pas d’accord avec les directions prises par le gouvernement ?
Soyons sérieux…
J’aimerais avoir tort, mais le 16 septembre ne sera pas la date pourtant attendue de l’écroulement d’un système caduc. Parce que, si ce système est caduc aux yeux du plus grand nombre, il ne l’est absolument pas aux yeux de ceux qui décident de ce système. On verra quelques têtes brulées voter « Contre » mais ceux-ci savent déjà très bien quel rôle tenir, et qu’ils resteront minoritaires.
Il est donc clair que nous ne sommes qu’à la moitié du mandat d’un type qu’on ne peut plus voir, et qui, visiblement refuse de nous voir aussi. Bizarrement, j’ai eu ce même sentiment avec son prédécesseur : plus personne n’en voulait, et il a été remplacé, par celui-là même dont on ne veut plus aujourd’hui. L’herbe est toujours plus verte de l’autre côté.
Une question donc : combien de Présidents avons-nous élu, depuis que le système électoral est en place, qui n’ait jamais tenu, ou si peu, ses promesses électorales ? Pourquoi, partant de ce constat, continuons-nous donc de voter, de donner le pouvoir à ceux qui font tout (y compris des actes à l’origine répréhensibles, mais pour lesquels ils ne seront jamais punis) pour l’obtenir ?
Je trouve consternant l’attitude de certains, à considérer réélire l’ancien Président de la République, qui avait été d’une certaine manière remercié sans cérémonie, sous prétexte que son remplaçant est en fait pire que lui. Je ne sais pas si le cas de figure s’approche plus d’une schizophrénie carabinée ou du choix tragique entre la peste et le choléra, mais dans les deux cas, il y a, encore une fois, de quoi se poser des questions. Le constat est pourtant évident, les deux, pourtant opposés dans leur pseudo idéologie politique, ont œuvré à la déconstruction d’une nation, à l’amplification des divisions et des querelles. L’adage « Diviser pour mieux régner » n’a jamais démenti au cours de l’histoire et nous sommes en plein dedans.
Il y en a, nostalgiques, qui voudraient que la rue reprennent le dessus, dans un mai 68 bis, mais qui ne font pour ainsi dire pas grand-chose, tant la répression est grande et terrifiante : on punira bien plus vivement aujourd’hui un dissident ou un opposant que ne l’est un criminel avéré. On mettra ses personnes au ban, on lui enlèvera la possibilité d’avoir un emploi et on l’attaquera au porte-monnaie, généralement pas très rempli. Difficile de mobiliser un groupe, fut-il mince, quand on connait les retombées. La dissidence non-violente paye le même prix : auteurs conspués, politologues et philosophes pourtant audacieux et avant-gardistes ridiculisés, parce que leurs idées ne sont pas dans la norme.
Et pourtant, ce système peut être combattu, il peut être refusé, si l’on est capable de faire les choix véritablement courageux : on reproche au Président son manque de courage, à juste titre, mais qui s’engaillarderait le premier de refuser de continuer à fumer, à boire, à s’avachir devant sa télévision le soir, quand on sait que ces exemples (parmi tant d’autres) contribuent à renforcer le système et à l’enrichir, pendant que vous continuez à vous enfoncer dans une routine que vous voudrez de moins en moins abandonner, et qui vous ligote quand vous devriez vous en libérer ?
Ce n’est pas le vote ou la « voie démocratique » qui changera votre quotidien. Ces voies-là sont suffisamment bien manipulées à bon escient, comme l’illustre magnifiquement bien la dernière intervention du Premier Ministre : pourtant convaincu que sa politique est la bonne, il s’insurge de voir de plus en plus de français par lui déçus aller toquer à la porte du Front National (un choix certes douteux mais qui semble être de la dernière tendance). Plutôt que de se remettre en question, il trépigne et pleure que « l’extrême-droite est aux portes du pouvoir ». Et pourquoi ? Pour mieux légitimer une réélection des socialistes en cas d’affrontement au deuxième tour de 2017 ? Ca a tellement bien marché en 2002, on ne change pas les recettes qui font mouche ! Ces mises en scènes ne sont pas anodines, et les résultats escomptés seront présents.
Il ne reste donc que peu d’options : puisqu’on ne peut pas changer directement le système, il faut s’en démarquer, et refuser d’y passer plus de temps que nécessaire ou d’y consacrer plus d’énergie qu’on le fait habituellement : comme je l’ai dit, arrêter les cigarettes et l’alcool porte un sérieux coup au porte-monnaie de l’Etat, et jeter la télévision par la fenêtre en lui assenant un coup de calibre 12 à l’atterrissage libère plutôt bien l’esprit.
La meilleure manière de refuser le système est encore de ne pas y contribuer : arrêter de voter pour des gens qui vous mentent, qui n’ont que le pouvoir et l’argent comme obsession, et qui n’ont cure de votre existence pourvu qu’elle facilite la leur.
@Theo_Tessa
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