Le racket organisé des banques
L'annonce de certaines banques d'imposer des frais sur la gestion des comptes courants vient d'être dévoilée dans les médias. Cette décision aussi injuste que révoltante de la part des banques qui désormais vous feront payer le droit de garder votre argent avec laquelle elles jouent sur les marchés financiers. La crise de 2008 et les 25 000 milliards de pertes financières laissent encore des traces. Cette crise plus grave que celle de 1929 a bien évidemment du mal à relancer l'économie et la croissance. L'endettement des Etats et la mondialisation ne permet plus des systèmes de relance à la keynésienne. L'implication des banques dans les dettes d'Etat engluent encore plus un système dont en apparence les dépositaires restaient pour l'instant épargnés. Les marchés financiers ne permettant pas une récupération des profits aussi rapide que les banques l'escomptaient en dépit de la bonne santé des marchés financiers (depuis le 1er Janvier 2015 : +15% pour le CAC40, +18% pour le FTSE MIB italien, +11% pour le BEL20 et le DAX, et même jusqu'à +30 % pour l'indice technologique allemand ! ), ce serait donc aux dépositaires de combler les prises de risque prises par le secteur bancaire sur les dettes souveraines et notamment la dette grecque qu'il faut recapitaliser.
Le politique complice de l'organisation des oligopoles.
Ces hausses annoncées sont clairement une stratégie commune des banques.S'il ne peut pas à ce jour être établi d'une entente de secteur entre les banques, elle a tout pour y ressembler : augementation commune et massive sans aucune raison particulière liée à la situation des dépôts donc des avoirs disponibles. D'autant plus que très peu de banques font exception à cette hausse. Face à cette décision du secteur bancaire, il apparaît évident qu'il n'y aura rien à attendre du pouvoir politique (au sens large) . En faisant reporter sur le dépositaire, les pertes spéculatives, la question de la séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement risque de faire sa réapparition. L'absence d'un tel débat public aurait de fortes chances de pouvoir générer des réactions vives dans une désespérance sociale à cran. Mais le véritable échec du politique est celui du train de retard et son péché de complaisance.
Cette situation démontre très clairement l'absence de pratique concurrentielle dans le secteur bancaire montrant ainsi l'établissement d'un oligopole dans lequel le poids des dépositaires (qui font le pouvoir des banques !!) ne compte plus. Cette augmentation commune empêche de fait de jouer la concurrence. Si la loi Hamon avait déjà intégré des souplesses dans la mobilité bancaires, on est encore loin d'un système performant. La prochaine loi Macron souhaite pouvoir faciliter la mobilité bancaire. Si l'on peut se féliciter d'une telle décision pour le consommateur, celle-ci n'entrera en vigueur qu'en 2017. (http://www.metronews.fr/conso/changer-de-banque-bientot-une-simple-formalite-avec-votre-rib/mocE !cSZL7W7zE94Y/). Un an c'est long et pour le marché c'est suffisamment long pour s'organiser et anticiper la loi à venir. Cette augmentation des frais bancaires est donc une amorce de réaction et d'harmonisation des pratiques du secteur bancaire pour empêcher toute forme de mise en concurrence réelle du secteur bancaire et d'éviter des mobilités trop brusques au sein de ce même secteur. En augementant de manière disproportionnée leurs frais, les banques sous la bénédiction de l'impuissance politique verrouillent la concurrence du secteur, font des réserves pour restructurer leur secteur qui va souffrir sur le plan social (fermetures massives d'agences, dématérialisation de la banque). Ainsi quand la loi sera en place, le dépositaire aura donc le choix entre une banque chère... et une banque chère. Si théoriquement l'arrivée de nouveaux acteurs bancaires restera possible pour casser les prix comme Xavier Niel avait pu le faire pour Free lors de la libéralisation des télécommunications, cela reste en pratique peu probable, l'oligopole verrouillant le système.
Alors que faire ? Pigeon ou acteur ?
Il y aura plusieurs scénarios : les fatalistes, les impuissants et les décideurs. Dans tous les cas, tous seront acteurs des stratégies du secteur bancaire. Soit en refusant ces augmentations, soit en les acceptant. Mais des frais à 20 € aujourd'hui ce sont à n'en pas douter des frais qui augmenteront dans les années à venir. A vous de décider si vous considérer votre banque comme l'alliée de votre pouvoir d'achat ou pas.
Changer de banque est aujourd'hui possible. Ce n'est pas facile, car les banques mettront de la mauvaise foi mais c'est possible. Il est donc indispensable de regarder et d'évaluer les frais bancaires du secteur et de faire jouer la concurrence car il y a encore de la marge dans ce secteur (dépêchez-vous ça va pas durer !). Une mobilité réelle des dépositaires auront forcément des répercussions sur cette politique des frais bancaires. Une banque n' aucun intérêt à voir son client partir sauf s'il est toujours en défaut de paiement. Déplacer son argent des banques ne nuit donc pas la stabilité du marché mais permet de peser dans les politiques des banques.
Si certaines banques concurrentes prennent en charge la mobilité bancaire, ce n'est pas toujours le cas et il est alors parfois nécessaire de le faire soi-même. Dans tous les cas il est conseillé de vérifier les frais éventuels qui peuvent être appliqués à la clôture.
Dans ce cas, changer de banque est relativement simple mais doit se faire par étapes :
- ouvrir un autre compte dans un établissement concurrent
- faire changer tous les virements et prélèvements (salaires, factures)
- Virer les reliquats de l'ancienne banque vers la nouvelle. Ces opérations sont grandement facilitées si l'on possède une gestion en ligne de son compte.
- Clôturer les comptes vides.
Quelques conseils ici : http://www.quechoisir.org/argent-assurance/banque-credit/service-bancaire/conseils-mobilite-bancaire-les-bons-conseils-pour-changer-de-banque
ou encore ici : http://www.journaldunet.com/patrimoine/pratique/finances-personnelles/banque-assurance/17996/changer-de-banque-comment-le-faire-facilement.html
Sinon procéder par courrier en recommandé avec accusé de réception pour laisser une trace de la demande pour pouvoir opposer juridiquement votre demande dans un premier auprès du médiateur de la banque si celle-ci en possède un, à défaut auprès du tribunal compétent ou se rapprocher le cas échéant d'une association de consommateur.
D'expérience, les banques sont très inventives pour argumenter la non possibilité de la fermeture de certains comptes. Le coup de la signature étant leur argument préféré. Il suffira de leur opposer que la même signature qui demande une fermeture de compte n' a jamais été refusée pour les virements en 15 ans de fidélité...
A défaut de changer de banque, il est toujours possible de négocier avec sa banque, sa fidélité en contrepartie d'une suppression de certains frais. Mais attention à la contractualisation de cet accord pour être juridiquement opposé !
Pour en savoir plus, on pourra lire avec intérêt le dossier de Que Choisir sur la mobilité bancaire accessible ici :
ou utiliser leur comparateur bancaire (comparateur indépendant et dans lesquelles les banques ne sont pas investies). Attention ! Celui-ci ne tient pas compte des augmentations de prix à venir ! : http://www.quechoisir.org/comparateur/banque
Comparer :
Pour connaître l'ampleur des prix à venir, vous pouvez comparer les prix sur les grilles tarifaires des banques. Prix pour les frais de tenues de compte. Ne tient pas compte des autres modifications tarifaires à la hausse ou à la baisse. Attention leurs modifications pour le 1er Janvier 2016 sont parfois écrites en petites lignes. Voici les liens vers les grilles tarifaires ainsi qu les liens pour contacter les médiateurs en cas de litige non résolus dans les agences (uniquement).
- Crédit Mutuel : 2 €/mois
Grille tarifaire : https://www.creditmutuel.fr/cmcee/fr/banques/particuliers/tarifs/tarifs-et-guides-pratiques.html
Médiateur : https://www.creditmutuel.fr/cmcee/fr/banques/groupe/mediateur.html
- BNP Paribas : 2,50 €/mois
Grille tarifaire : https://mabanque.bnpparibas/fr/notre-offre/tarifs-et-conditions-bnp-paribas/conditions-tarifaires
Médiateur : https://mabanque.bnpparibas/fr/banque-contacts/faire-une-reclamation
- Société Générale : 2 €/mois
Grille tarifaire : https://particuliers.societegenerale.fr/tous_les_tarifs.html
Médiateur : https://associations.societegenerale.fr/contactez-nous/relations-clientele.html
- LCL : 2,50 €/mois
Grille tarifaire : https://particuliers.lcl.fr/guide-tarifaire/
Médiateur : https://www.lcl.com/engagements/clients/qualite-satisfaction/mediateur-banque.jsp
- Crédit agricole : 1€/mois (pas de changement). A vérifier selon les agences locales
http://www.credit-agricole.fr/
- La banque postale : 6,20 €/an (soit +2€/an d'augmentation par rapport à 2015)
Grille tarifaire : https://www.labanquepostale.fr/particulier/Outils/tarifs_bancaires.html
Médiateur : http://www.laposte.fr/mediateurdugroupe/la-mediation/faire-appel-au-mediateur
- Caisse d'épargne : Pas de changement. Entre 14 et 18 €/an selon agences.
- Banque Populaire : Variable selon agences entre 1 et 1,50 €/mois
Site : http://www.banquepopulaire.fr/Pages/Accueil.aspx?vary=0-0-0
Médiateur : http://www.banquepopulaire.fr/Institutionnel/a-savoir/contacter-mediateur/Pages/contacter-mediateur.aspx
- AXA Banque : 0 € sous conditions
Grille tarifaire : https://www.axa.fr/content/dam/axa/desktop/Documents/conditions-generales-tarifaires/AXA_Banque_Tarifs.pdf
Médiateur : https://www.axa.fr/aide-contact.html
A noter que la plupart des banques en ligne, filiales des autres banques ne facturent pas les frais de tenue de compte (pour l'instant...).
49 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON